Test : Sturmwind EX sur Xbox One
Un peu de Dreamcast sur ta Xbox One X
Pouvoir se payer un nouveau jeu régulièrement sur une console officiellement éteinte et cela jusque dix années après la fin officielle de la production, c’était un petit plaisir de joueur Dreamcast. Il fut donc possible en 2013 de retirer le blister de la boîte d’un jeu fraîchement débarqué. Alors d’accord, c’était la création d’un petit studio nommé Duranik, quelque chose que l’on aurait pu prendre comme un délire de bidouilleur simplement bon à parler à quelques initiés. D’une certaine manière le choix de proposer un shoot’em up, genre autrement moins grand public que dans les années 80-90, avait de quoi conforter les aprioris réservés. Oui mais voilà : en développant Sturmwind pendant près de six ans, Duranik n’a pas seulement égayé le weekend de quelques irréductibles joueurs d’une Dreamcast post-mortem, il a avant tout créé un très bon jeu. Shoot’em up à scrolling horizontal à l’opposé des danmakus qui se pressaient alors depuis plusieurs années sur Xbox 360 notamment, Sturmwind pas encore EX prend plutôt le parti du shmup traditionnel en y adossant une qualité technique assez exceptionnelle pour un jeu Dreamcast et un contenu des plus copieux pour le genre.
En lançant Sturmwind EX sur Xbox One, on est surpris de constater que pour ce qui est de la partie technique justement, le shmup de nos cousins germains est plus beau que jamais. Même en mettant de côté l’effet adoucissant sur la critique que représente l’addition portage Dreamcast + petit studio, on ne peut que définir Sturmwind EX comme très réussis pour un shoot’em up. C’est net, lumineux, coloré, ça ne bronche pas d’une IPS et surtout, c’est animé dans tous les sens. Explosions, boules de feu qui s’échappent d’un chaudron, vers qui surgissent de terre, morceaux de vaisseaux amiraux qui partent en cacahuètes : c’est visuellement un feu d’artifices dont on profite d’autant plus dans un jeu comme Sturmwind EX, à l’opposé d’un Cave qui occupe l’écran avec des boulettes et fait le choix d’arrières plans moins détaillés pour garantir la lisibilité. Et puisqu’on en parle, le manque de clarté de Sturmwind EX est assurément son point faible. Les fonds certes magnifiques peuvent parfois devenir de véritables pièges, soit parce que les projectiles ennemis se trouvent être de la même couleur que les arrière-plans, soit parce que l’on va bêtement buter sur un élément du décor. Eh oui, Sturmwind EX fait partie de ces shmups où il est possible de heurter l’environnement et c’est seulement après plusieurs passages et de l’entrainement que vous parviendrez vraiment à appréhender les pièges, à savoir ce qui est sûr et ce qui ne l’est pas. Enfin, et toujours pour évoquer le manque de lisibilité, on aurait apprécié que les boss disposent de hitboxes plus visibles, que les impacts soient plus directement visualisables. Il peut arriver que l’on peine à savoir si l’on vise au bon endroit.
En dehors de cet écueil avec lequel on apprend progressivement à vivre, Sturmwind EX se révèle être un shoot’em up très agréable, costaud, plutôt ouvert en termes de difficulté. En mode « Missions », vous vous envolez avec deux vies en stock seulement, pas de continue mais n’ayez crainte, les choses sont plutôt bien pensées. L’aventure se découpe en 16 niveaux et bien que certains soient réservés à des combats de boss uniquement, on navigue tout de même dans la moyenne haute du genre. Une fois un niveau complété, il est possible par la suite de démarrer la partie depuis le début du suivant et de profiter de fait d’une remise à neuf du stock de vies. Attention tout de même car votre score lui aussi disparaît. A côté de cela, il faut aussi considérer le fait que prendre un projectile dans le buffet ne fait pas perdre de vie tout de suite. Explication : vous disposez de trois armes, les mêmes tout au long du jeu, et lorsque vous vous faites toucher, l’arme équipée disparaît et laisse place à la suivante. Au bout du troisième coup reçu, c’est une vie en moins. Mais avant que le pire n’arrive, il y a la possibilité de se refaire une santé. Assez régulièrement, les ennemis larguent un bonus de score ; en tirant dessus, il change et affiche la lettre correspondant à l’arme 1,2 ou 3 de votre vaisseau. Selon la configuration dans laquelle vous vous trouvez à ce moment-là, c’est-à-dire en pleine possession de vos trois armes ou avec des emplacements vides suite à des tirs reçus, vous pouvez respectivement prendre le bonus pour augmenter la puissance de l’arme équipée (par ajout de satellites autour du vaisseau) ou alors, récupérer celle que vous avez perdu précédemment. Tirer sur le bonus permet de faire défiler les lettres correspondant aux armes et vous n’avez plus qu’à vous en approcher lorsque c’est la bonne. Il est ainsi possible de se recharger en cours de route et d’éviter de trop tirer sur la modeste réserve de vies que l’on vous octroie au départ.
Il ressort ainsi une petite part de stratégie dans Sturmwind EX et de dextérité aussi pour réussir à obtenir le bon bonus au cœur du danger. Celui est permanent mais vous disposez tout de même d’une belle sélection d’armes : une qui va concentrer ses tirs droit devant, une seconde qui permet de ratisser très large et une troisième qui se pose en équilibre. L’ajout des satellites via les bonus est important car ils augmentent la puissance de feu mais permettent aussi de couvrir l’avant ou l’arrière du vaisseau selon comment vous choisissez de les placer. Sturmwind EX fait partie de ces shmups où les ennemis arrivent aussi par l’arrière et s’il est possible d’orienter le tir directement dans un sens ou dans l’autre d’une simple pression de la gâchette gauche, bien augmenter son armement facilite la vie en occupant automatiquement une petite portion du côté opposé au tir principal. Non pas que Sturmwind EX soit particulièrement difficile (encore que la difficulté Hard ou le mode Arcade en six niveaux à compléter en 1CC sont tout de suite plus brutaux), mais c’est une partie de la clé pour jouer proprement. A côté de cela, on dispose bien sûr de la traditionnelle bombe pour s’extraire de situations désespérées mais aussi de la possibilité de concentrer le tir pour un maximum de dégâts. En tirant la barre de charge jusqu’à son extrême limite, on optimise la puissance mais attention : une seconde de trop et c’est la surchauffe. Pour la perte d’arme et donc éventuellement de vie qui va avec.
Shmup jouable uniquement en solo, Sturmwind EX repose ainsi beaucoup sur l’implication que porteront les joueurs pour obtenir un bon score. Dans cette optique, le jeu impose un certain besoin d’être attentif et réactif, faire grimper le compteur nécessitant d’abattre un maximum de vagues d’un même type d’ennemi. On obtient alors un bonus qui change grandement la donne au regard d’une progression menée simplement, même en jouant proprement. Il faudra alors cravacher pour se hisser au niveau des meilleurs, Sturmwind EX proposant pas moins de cent types d’ennemis différents et donc autant ou presque de façon de les aborder pour éliminer une vague sans oublier un seul de ses éléments. En bref Sturmwind EX c’est beau, c’est agréable à prendre en mains, son contenu est solide pour le genre et en dépit de ses soucis de lisibilité et d’une bande-son honnête et sans éclat (le genre nous a habitué à tant de folie de côté-ci), nous ne saurions que trop vous le conseiller.
+
- Un shmup de toute beauté
- Accessible à tous les profils
- Assez long pour le genre
- Système de vies/armement intéressant
- Bestiaire bien chargé
-
- Manque parfois de lisibilité
- Bande-son sans folie
- 100% solo