Test : Teenage Mutant Ninja Turtles : Des mutants à Manhattan sur Xbox One
Pizza royale ou rat d'égout ?
Les Tortues Ninjas et le jeu vidéo c’est un peu une malédiction qui court depuis 1989, popularisée par une version NES à la limite du jouable et à la difficulté franchement capillotractée, même pour l’époque. Mis à part un très bon Turtles in Time, peu de titres de la franchise ont réussi à sortir du lot, proposant le plus souvent un mode coopération appréciable mais pas grand chose d’autre à côté. Avec Mutants à Manhattan, on pouvait donc s’attendre à ce que la licence redresse un peu la tête, faisant oublier les échecs successifs d’Ubisoft puis d’Activision, qui en possède les droits depuis 2009. C’est donc avec un peu de pression sur les épaules, bien alimentée par les espoirs d’une large communauté de fans, que PlatinumGames s’est lancé dans le développement de Mutants à Manhattan.
Un nom de l’industrie qu’on ne peut pas ne pas connaitre aujourd’hui. A l’origine du très précis Bayonetta, ou du survolté Vanquish, le studio nippon, en dépit de son jeune âge, n’a déjà plus grand chose à prouver. Son habitude à fournir des productions atypiques vaut également pour ce Mutants à Manhattan, au risque de se heurter une nouvelle fois à la colère du partie des joueurs. Car ceux qui s’attendaient à trouver un jeu au solo fourni vont être très vite déçus. Ce nouveau Tortues Ninjas a pour vocation première de se jouer en coopération en ligne (faute de mode coopération en écran scindé…), apportant par ce biais une expérience de jeu diablement bien pensée et très réussie.
« Et on s’aperçoit vite que faire et refaire un même niveau n’est pas franchement dérangeant puisque le titre se focalise bien plus sur la progression de nos personnages que sur la progression du scénario »
Avec ses neufs niveaux – pour cinq véritables environnements différents – le titre nous emmène dans une aventure décousue, qui n’invite pas vraiment à être suivie par le biais de son scénario. D’ailleurs, contrairement au mode solo qui nous oblige à les enchaîner dans le bon ordre, le mode coopération nous invite à les parcourir au gré des joueurs rencontrés dans les lobbys multijoueurs. Et on s’aperçoit vite que faire et refaire un même niveau n’est pas franchement dérangeant puisque le titre se focalise bien plus sur la progression de nos personnages que sur la progression du scénario. Car au bout de la demi-heure qu’il faut pour terminer une partie, il vous est alors possible d’attribuer des points de compétences durement acquis pour améliorer la récupération des attaques spéciales, et d’équiper des charmes qui donnent de nouveaux attributs de votre tortue préférée. Un principe simple mais efficace qui permet petit à petit de se lancer dans des niveaux plus compliqués, en prenant soin d’élever le mode de difficulté histoire d’engranger toujours plus de points de compétences.
Durant chaque partie se crée alors une véritable course aux points, permettant aux différents joueurs de donner le meilleur d’eux-même, certains se spécialisant alors dans la réanimation de partenaires, d’autres sur le combat au corps-à-corps. Le système de combat made in PlatinumGames prouve encore une fois qu’il est un modèle du genre et, s’il apporte de temps en temps de la confusion à l’écran, on prend rapidement plaisir à contrer des boss remuants pour espérer leur retirer une toute petite partie de leur barre de vie gigantesque. Les ninjutsus, ces attaques spéciales qui demandent un temps de rechargement, apportent également un côté épique particulièrement grisant. De même pour les combinaisons d’attaques qu’il faut activer conjointement avec une autre tortue pour obtenir un maximum d’efficacité. Mention spéciale à Michelangelo dont l’humour récurrent est ici très bien retranscrit.
« Le système de combat made in PlatinumGames prouve encore une fois qu’il est un modèle du genre et, s’il apporte de temps en temps de la confusion à l’écran, on prend rapidement plaisir à contrer des boss remuants pour espérer leur retirer une toute petite partie de leur barre de vie gigantesque »
Car en plus de proposer des batailles pêchues, on sent que les développeurs ont tenté d’amener tout l’univers du comic book. Déjà par des graphismes rappelant parfaitement l’univers de la bande-dessinée, mais aussi par l’ambiance générale qui règne, un poil plus sombre que les dessins animés Nickelodeon. Du côté des environnements, les courses sur les toits, le métro et les égouts sont évidemment de la partie, histoire de rajouter un soupçon de cohérence à l’ensemble ; de même avec la présence des éternels méchants que sont Bebop, Rocksteady, Krang et l’inévitable Shredder, et même avec l’absence du Technodrome qui n’existe pas dans le comic. Les fans les plus extrêmes prendront même plaisir à tenter de collectionner toutes les couvertures disséminés dans les niveaux générés aléatoirement. Une petite contrepartie qui peine néanmoins à masquer un manque flagrant de contenu. Car au delà des neuf niveaux proposés que l’on rejoue avec plaisir, on tourne rapidement avec les mêmes attaques spéciales et les mêmes mini-quêtes. Un bémol qui apparaît comme un frein au potentiel addictif que possède pourtant le titre.
Après la vingtaine d’heures de jeu, on se motive donc avec le doux espoir de tomber sur des partenaires qui sortent un peu de l’ordinaire et sur les modes de difficulté les plus élevés afin d’apporter une dose de challenge, ce que le jeu fait en général plutôt bien. Autre frein, et pas des moindres, les nombreuses difficultés à intégrer une partie multijoueur. Pour commencer il est impossible de rejoindre une partie en cours, même incomplète. Et même lorsque des joueurs attendent patiemment d’autres joueurs avant de démarrer une partie, il faut s’armer de patience pour parvenir à intégrer la troupe en place, de multiples messages d’erreur venant contrarier bien trop souvent l’envie de jouer rapidement.
+
- Très appréciable en multi
- Direction artistique conforme au comic
- Progression grisante
- Du challenge à revendre
- Combats de boss parfois épiques
- Excellente rejouabilité
-
- Inintéressant en solo
- Pas de multi local
- Manque de profondeur
- Peu d'environnements différents
- Multijoueur difficile d'accès
- Quelques musiques insupportables