Test : Telling Lies sur Xbox One
Confessions intimes
Edité par Annapurna Interactive et développé par Sam Barlow, Telling Lies est un FMV à l’approche très différente de celle que nous avons pu découvrir récemment avec The Complex ou avant lui, Late Shift. Il n’est pas conçu comme un film que l’on suit au gré des modifications que l’on apporte en choisissant parmi plusieurs options ; c’est toute la dynamique inverse que l’on retrouve dans Telling Lies. C’est l’aventure qui joue avec nous, d’une certaine manière. Elle débute par l’apparition d’une jeune femme qui se presse vers son appartement. Rapidement, elle met en marche son ordinateur, se connecte à une base de données et c’est précisément là que nous entrons en scène. Nous voyons à travers se yeux, si bien que l’on aperçoit en permanence son reflet sur l’écran. Reste donc à prendre les commandes et bouger le curseur pour explorer ce qui se trouve sur le bureau du PC, et comprendre rapidement que l’on est en possession d’informations sensibles, propriété de la NSA (agence de la sécurité intérieure des Etats-Unis). En dehors de quelques documents textuels faisant habillement office de notice explicative, l’essentiel de ce qui se trouve sur le disque dur est constitué de vidéos.
Le système nommé « Retina » vous permet de taper un mot-clé dans la barre de recherche pour accéder à un maximum de 5 vidéos si vous visez juste. Il s’agit d’enregistrements de webcams, de caméras diverses et surtout de conversations téléphoniques par vidéo interposée. Au moment où débute l’aventure, on ignore absolument tout de l’histoire de Telling Lies, de ce que l’on fait ici, du quelconque objectif que l’on est censé atteindre. Alors on lance la première des trois vidéos disponibles avec le mot-clé « amour » que la jeune femme du début de l’aventure a pris soin de taper avant que l’on puisse prendre les commandes, et nous voilà partis pour l’exhumation de dizaines et de dizaines de morceaux de vidéos. On aperçoit un premier personnage qui parle de choses qui n’ont pour l’heure aucun sens, puis on passe à la seconde et on observe, on écoute. Tout doucement, on fait le lien entre les personnages, les conversations, le temps qui passe aussi : l’intrigue de Telling Lies s’étale sur deux années de la vie de quatre personnages que quelque chose lie et que l’on découvre au fil des vidéos et des mots-clés.
Il est très difficile de décrire l’expérience Telling Lies sans spoiler, mais on va faire ce qu’il faut. L’histoire tourne autour de quatre personnages principaux donc, mais on a l’occasion d’apercevoir de tas d’autres visages qui viennent apporter du corps à l’intrigue, des pistes possibles à explorer du côté du moteur de recherche de la base de données. Le système est extrêmement bien fichu. On peut y aller à l’instinct et tenter de découvrir de nouvelles séquences en tapant un mot ou un ensemble de mots dans la barre (on se sert du clavier numérique de la console, une bonne chose en tant qu’habitué). Et souvent, ça marche. Avec 170 séquences disponibles et un grand nombre de mots-clés affiliés à ces vidéos, on évite facilement la frustration liée à l’apparition du message « aucun résultat ne correspond à votre recherche ». On peut aussi et surtout mettre en pause une vidéo, surligner un mot ou un ensemble et lancer immédiatement la recherche associée. C’est simple, pratique et ça permet d’enchainer les recherches sans temps mort. Pas d’inquiétude si vous craignez d’être perdu : un historique est disponible et il vous est possible de bookmarquer des vidéos puis de les classer en personnalisant les tags. L’ergonomie de la chose n’est pas parfaite, manette oblige, mais le système a le mérite d’exister. Au pire, il y a toujours la bonne vieille méthode du papier/crayon pour noter vos recherches dans un coin.
Puisqu’à ce stade vous vous posez certainement la question, voici la réponse : oui, Telling Lies est en français. Plus précisément, les textes et sous-titres le sont. Les voix sont celles d’origine, en anglais. Toutes vos recherches sont donc à effectuer dans la langue de Molière et le système est y attaché au point qu’une recherche écrite en anglais ne fonctionne pas. Si vous avez entendu un mot sans voir le sous-titre ou que sa traduction vous échappe, l’écrire en anglais est inutile. Il faut retourner vérifier le mot en français. La navigation à l’intérieur des vidéos fait le travail, avec la possibilité de mettre en pause, d’avancer ou de reculer à volonté. On aurait simplement aimé pouvoir afficher la progression de la vidéo dans devoir la mettre en pause systématiquement. Une vidéo stoppée en cours de visionnage est retrouvée plus tard exactement là où on l’a laissée, un bon point pour une progression qui se fait sans trop de temps morts. On enchaine les visionnages durant 1 à 3 minutes (un peu plus dans de rares cas) et cela provoque l’avancée du temps dans le jeu. A l’issue des 5 heures dans le jeu, une de moins pour nous car le compteur du jeu prend en compte une durée pour chaque vidéo qui n’est pas celle réelle du visionnage, c’est la fin de l’aventure.
On a alors probablement obtenu de nombreuses réponses et découvert les méandres de cette intrigue tortueuse et franchement bien fichue, bien qu’elle laisse planer une certaine part de doute et invite à creuser encore si l’on veut obtenir les trois épilogues bonus. Si le démarrage est forcément un peu compliqué car on ne sait pas vraiment dans quoi on met les pieds, l’évolution à travers l’intrigue, l’attachement aux personnages, la prise de conscience qui s’opère au fil des vidéos est d’une efficacité étonnante. Tout est déconstruit et il nous appartient de recoller les morceaux dans notre esprit. C’est prenant, motivant et le plaisir de jeu est dû en grande partie au jeu d’acteur qui se place ici largement au-dessus de ce a quoi nous habitue le FMV. Des personnages principaux aux secondaires, le casting affiche du 3 étoiles. On retrouve dans les rôles principaux Logan Marshall-Green (Prometheus), Kerry Bishé (Halt & Catch Fire), Alexandra Shipp (X-Men) et Angela Sarafyan (Westworld). Impossible de vous dire qui joue quoi ou comment chacun de ces acteurs assure merveilleusement bien son rôle, ça fait partie de la découverte de Telling Lies.
On se plait à suivre leurs évolutions respectives, même si certaines séquences ne sont pas forcément excessivement passionnantes. On pense aux moments de grands blancs qui correspondent au fait que le personnage que l’on observe est en train d’écouter ce que dit son interlocuteur (que l’on n’entend pas, mais que l’on découvrira peut-être dans une autre vidéo). Mais dans l’ensemble tout roule, grâce aussi à un travail sonore très minutieux. Selon le lieu où se passe la scène et en fonction du type de matériel avec lequel elle a été captée, on bénéficie de sonorités qui retranscrivent très bien la scène. Il en va de même pour les musiques discrètes et les sons d’ambiance qui ponctuent les moments de recherche entre deux vidéos, pour une immersion totale (on vous recommande d’y jouer avec un casque). Vous pourrez même pousser le trip en tentant une partie de solitaire ou en cherchant quel peut bien être le mot de passe des autres signaux Wifi que vous captez depuis chez vous. C’est inutile et donc d’autant plus appréciable.
+
- Histoire passionnante
- Mode de narration original…
- … Et diablement efficace
- Casting 3 étoiles
- Environnement sonore très soigné
- 170 séquences pour 4 bonnes heures de jeu
- Textes en français
-
- Démarrage très déroutant
- Un ou deux petits soucis d’ergonomie
- Quelques séquences inutiles, victimes du principe du jeu