Jeux

Test Drive Unlimited

Course | Edité par Atari | Développé par Eden Studios

8/10
360 : 08 septembre 2006
18.09.2006 à 15h38 par

Test : Test Drive Unlimited sur Xbox 360

Une main tenant fébrilement un billet, un fond sonore de réacteurs qui amorcent une descente, la voix de l’hôtesse que l’on n’entend déjà plus et l’on se laisse bercer –les yeux mi-clos – par la chaleur moite de cette zone du Pacifique si palpable sous nos doigts qui tapotent la combinaison de boutons colorés. C’est cette sensation de vertige qui nous étreint, qui nous étouffe, qui nous délivre alors que nous foulerons le sol de notre île paradisiaque, quelques dollars en poche et des rêves de grandeur aussi infinis que les espaces américains que l’on rencontre dans les écrits de Jack Kerouac.

Allez emmène moi danser dans les dessous des îles en folie…

Aéroport d’Oahu (principal îlot parmi les 122 qui constituent l’archipel d’Hawaï) : une impression de liberté totale nous envahit dès les premières minutes car, si de manière basique, nous assimilons qu’il faudra un toit pour se loger et un véhiculepour circuler, le reste est à portée de main – aussi tentant et frugal qu’en étal de bonbons acidulés devant les yeux d’un enfant. Outre son impeccable réputation auprès des surfeurs – Maui accueillant la déferlante « Jaws » d’une taille moyenne de 25 mètres de haut quelques jours par an – le spot devient désormais le rendez vous privilégié des « riders » sur cylindrées. Sous les volutes de caoutchouc surchauffé, l’asphalte brûle comme le magma qui circule en ces lieux volcaniques le long des 1000 miles (1600 km) qu’il vous est offert de parcourir. L’envie de croquer la route à pleines dents nous pousse à quasiment bâcler le détour en agence immobilière afin de sélectionner un appartement ou une maison dans nos modestes moyens de départ tandis que la tournée des concessionnaires – tous n’étant pas débloqués au début – nous plante devant un panel de bolides aux courbes aguicheuses. Si le choix s’avère cornélien, les créateurs ont pensé à introduire une visite virtuelle pour les habitats et la possibilité d’essayer un véhicule avant signature de l’acte d’achat. Une option qu’il est bon de ne pas négliger car chaque modèle disposant de caractéristiques spécifiques attenantes à la tenue de route, à l’accélération ou au freinage, les sensations en conduite diffèrent (le bruit du moteur variant également) et ne correspondront pas forcément à votre manière d’appréhender la gestion des sticks et des gâchettes. En parallèle, la technique s’adaptera à la topographie puisque nous avons affaire à une fidèle retranscription des lieux, ce qui implique une conduite sur voies larges en bord d’océan, en zones urbanisées avec multiplication des feux de signalisation ou en version rallye avec présence de nombreux virages sur les hauteurs – l’altitude maximale de l’archipel étant de 4205 mètres. Si ces considérations demeurent communes à tous, libre à vous de vous comporter ensuite en gentleman de la route ou en renégat réfractaire à toutes indications. En effet, le titre va au-delà du classique jeu de courses en arcade en prenant le parti de devenir la première simulation de conduite en situation réelle, une aubaine si vous passez le code car chers lecteurs vous devrez respecter ici les feux rouges, les panneaux indiquant un stop ou un sens interdit, le marquage au sol, les distances de sécurité, les limitations de vitesse, les priorités et les clignotants des voitures qui vous précèdent. Non seulement la moindre infraction est assujettie à un accident mais si une voiture de flics passe en patrouille ou surveille sur un bas côté et vous repère, l’amende se corse en fonction des dégâts occasionnés. S’il est possible de fuir, il faudra avoir confiance en ses compétences puisque, hors courses, ce sont de véritables barrages de voitures de police qui se créent en vue d’arrêter le fou furieux que vous êtes devenu. Plus amusant encore, on se surprend à reproduire les mêmes stigmates que dans la vie en klaxonnant l’abruti qui roule à cinquante devant, en omettant de freiner totalement à un stop et en débordant sur la ligne blanche dans les virages quand il n’y a personne. Le jeu aurait il donc pour volonté de souligner nos mauvaises habitudes à deux ou à quatre roues ? Peu importe car au lieu de méditer sur ce problème contemporain, on embraye en doublant par la voie d’arrêt d’urgence et on envoie une bonne dizaine d’automobilistes dans le décor en se gaussant seul devant son poste avec un paquet de chips. Toute la magie de Test Drive Unlimited réside dans la bonne grosse dose d’humour injectée dans la production, et c’est justement parce que la réalisation technique est quasiment sans faille, que l’ambiance nous saisit et nous invite à nous éclater en nous donnant les moyens pratiques de le faire. On ajoutera donc à ce chapitre qu’après avoir choisi votre personnage parmi les futurs embarqués qui attendent en rang d’oignons, le passeport en main, à l’aéroport, vous pourrez le modéliser entièrement grâce à des options de « modelling » facial incorporant coiffures, couleurs de cheveux, lunettes de soleil et pilosité pour les mâles. Diverses boutiques de fringues avec des styles différents permettent de constituer la garde robe par le biais de bons d’achats obtenus lors de certaines missions.

Puisque il y a dans ces endroits autant de monde que quand on sort

Selon les dires des développeurs, 125 modèles – dont certains seront en téléchargement sur le Market Place – issus des marques les plus prestigieuses (Ducati, Ferrari, Audi, Aston Martin, Mac Laren, Jaguar, Lamborghini, Nissan, Saleen, Mercedes pour ne citer qu’eux parmi la trentaine de marques représentées) viendront étoffer les vitrines des concessionnaires. Réparties par classes, les voitures donneront accès aux courses en fonction du niveau de difficulté, par exemple vous ne pourrez piloter une classe A sur un circuit pour débutant. Des motos sont également proposées (en mode Free Ride), bien que moins représentatives et plus dispatchées pour le glamour, elles permettront de varier les sensations sans prétendre au statut d’un Moto GP pour autant. Pour repérer les différents spots, il suffira d’activer le plan en plongée de l’île par l’intermédiaire du pad multidirectionnel et d’afficher les lieux de challenges ou les commerces grâce aux boutons LB et RB. Vous pouvez ensuite zoomer sur les différentes parties d’Oahu pour vous situer par rapport à un endroit précis tout en visualisant aisément les défis déjà remplis, lesquels sont indiqués par un drapeau jaune, gris ou orange en fonction du classement obtenu. Enfin, si vous êtes aussi doué pour vous orienter qu’un touriste au milieu du désert de Gobi, le titre met à disposition un mode GPS avec charmante voix d’hôtesse qui vous dit où tourner en sus de la présence d’une mini-carte en bas à gauche de l’écran. Les défis se déclinent en courses classiques avec cinq ou six compétiteurs en mode solo, en contre la montre, en records de vitesse et missions subalternes qui viseront à convoyer un colis ou une voiture sans l’endommager, à amener un auto-stoppeur (les mecs seront heureux d’aider une jeune femme en détresse) d’un point A à un point B ou à poursuivre des voleurs. A quelques rares exceptions, la vitesse est omniprésente et demeure la thématique au cœur de cette production. L’équipe n’avait pas manqué de préciser, lors de la présentation du jeu en Juillet dernier, que le mode solo ne souffrirait pas de l’orientation M.O.O.R (Massively Open Online Racing – expression dérivée de MMO) qui va principalement qualifier ce dernier volet de la série : elle n’a donc pas contredit ses propos en nous envoyant dans les gencives 220 épreuves à la difficulté croissante parmi lesquelles figurent une cinquantaine de circuits où l’on se classe contre des bots, 44 défis contre la montre, 26 courses de vitesse(avec temps minimaux à battre pour ces deux dernières catégories) sans omettre la centaine de quêtes annexes et appels de phare vous invitant à défier un conducteur. Les épreuves ne se débloquent pas forcément automatiquement une fois les objectifs remplis, certaines ne seront validées que par une visite minutieuse de l’île afin d’en découvrir les moindres recoins. Ce n’est pas plus mal car le jeu met à disposition un multi-classement qui englobe notamment le nombre de miles avalés et changera votre statut de pauvre touriste en grand manitou des environs. De même, vous pourrez visionner tous vos classements online et hors connexion aisément en vous rendant dans votre demeure d’où vous activerez l’interface des classements ainsi que tous les renseignements relatifs à votre partie (nombre de voitures, caractéristiques, achats, ventes, profil du personnage). Le principe s’avère simple et clair et permet d’obtenir rapidement une information.

Mais on ne sort pas alors autant se rejoindre sur le Xbox Live

Volontairement tourné vers un large public, le soft a donc opté pour une conduite simplifiée avec activation des gâchettes pour accélérer ou freiner et l’usage des deux sticks pour contrôler le véhicule et procéder à un repositionnement en cas de dérapage. Primaire diront certains d’autant plus que les IA des conducteurs non joueurs semblent réagir bizarrement. Malin dirons nous au contraire puisque les circuits truffés de pièges et blindés de virages en épingle se suffisent à eux-mêmes pour nous en faire baver. De surcroît, s’il vous arrive d’être seul en course lors d’une épreuve, la plupart d’entre elles auront un trafic « normal » au sein duquel il faudra zigzaguer en évitant les collisions, génitrices de grosses pertes de temps. Les courses ne sont pas non plus exemptes de poursuites avec les forces de l’ordre dont les patrouilles sont légion. Evitez alors de les emboutir sous peine d’être élevé au rang d’ennemi public numéro un ! Dans le même ordre, vos compatriotes insulaires réagirontde façon réaliste en changeant de voie (signalé par leur clignotant), en ralentissant avant un virage et en respectant la signalisation ou tout bonnement comme toute personne voyant débouler un suicidaire en sens inverse à 200 km/h, à savoir en paniquant et en donnant un coup de volant intempestif. Certes, c’est rageant de voler sur l’asphalte en se frottant les mains car on touche au but ,mais de devoir freiner au dernier moment lorsque des voitures sont arrêtées à un feu rouge. Le principe pimente pourtant les trajets qu’il faudra parfois refaire une trentaine de fois car honni soit celui qui pensait que Test Drive serait trop accessible, passé un certain stade les situations se compliquent et rares sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir achever toutes les missions. En gardant cette idée à l’esprit, l’équation nombre de missions + difficulté engendre une durée de vie déjà conséquente en solo, monumentale avec l’apport du Live où des challenges se créent perpétuellement. A ces péripéties sur bitume se juxtaposent une maniabilité et une technique fort correctes dans l’ensemble avec une fluidité de conduite agréable mais reposant en partie sur le modèle choisi –l’adhésion au sol étant l’un des facteurs à prendre en compte. En revanche, les pointes de vitesse ont leur répercussion : premièrement la « voix » du GPS vous indique au dernier moment qu’il faut tourner et cela s’avère souvent trop tard, deuxièmement la caméra peine à suivre vos mouvements et vous vous retrouvez sans voir la route de face durant deux à trois secondes lors d’un virage à 90 degrés. Par ailleurs, une vue légèrement plus en hauteur lors d’une montée aurait facilité la vision car nous avançons à tâtons lors de certains passages.Il est donc impératif de retenir le trajet du circuit. En contre partie, il est vous offert de choisir entre plusieurs « vues » de votre véhicule ou à partir de celui-ci. Malgré une absence de dégâts à l’écran – sur vos propres bolides précisons (choix assumé par les créateurs) – vos cylindrées auront des « points de vie » qui chuteront vite en cas de rentre-dedans et garantiront la fin de la mission. La gestion des collisions s’en sort remarquablement bien, variant suivant la vitesse du moment et allant du simple fait d’être légèrement dérivé vers la droite ou la gauche au vol plané direct dans les arbres, en passant par le revirement à 180 degrés. En fait, les chocs prennent tous des formes différentes tout en gérant parfaitement la notion de temps perdu, les distances de ralentissement et le redémarrage (il est toutefois possible de se remettre en selle en appuyant le bouton Back). On apprécie l’utilisation du second stick qui permet une conduite plus « rallye » et l’on soulignera que le problème de portance en cas de choc moto / voiture évoqué il y a quelques mois a été réglé. Si certains ont mentionné des ralentissements et des bugs ici et là, nous avouerons que nous n’en avons eu aucun à ce jour : la route défile de façon incroyable et l’on peut désormais rouler dans l’herbe sans craindre un freeze. Aucune gêne, hormis la visibilité parfois, n’est à déplorer du côté de la campagne solo et si, toutefois, vous sentiez un peu d’incommodité en conduisant, foncez chez (et non pas dans) un magasin spécialisé dans le tuning et les pièces de rechange histoire d’améliorer les attributs qui vous font défaut.

Même s’il vaut mieux pour toi que tu gagnes un peu moins que moi

Avec ses carrossages rutilants et modélisés dans le moindre détail (klaxon, jantes, essuie-glace) et des intérieurs et extérieurs dont vous pourrez choisir la couleur, n’est il pas humain de vouloir s’exposer au regard des autres ? C’est là que démarre l’autre dimension du titre – premier soft à proposer une « vie » de pilote et une véritable interactivité avec la communauté des joueurs. Entendons nous, le délire n’inclura pas de bornes de dialogues, ni de possibilité de circuler à pied dans les rues (d’ailleurs, ne vous attendez pas à voir des piétons) même si vous pouvez acheter fringues, bolides et maisons afin de personnaliser votre partie. Par contre, à vous de vous socialiser en intégrant ou en créant un club via le Xbox Live : après avoir acquis un emplacement, vous pourrez réunir des fans de conduite suivant des critères préalablement établis puisque un système de filtres intégré au jeu octroie une sorte de passe-droit. Concrètement cela signifie qu’un club peut n’ouvrir ses portes qu’aux pilotes de Ferrari ou de motos, qu’aux membres de votre team sur le Live ou aux mieux classés. Grosso modo, les critères sont multiples et permettent de s’amuser, dans ce cadre, avec des personnes triées sur le volet. Une fois le club constitué, ses membres peuvent concourir entre eux ou s’inscrire à des compétitions extérieures. Le principe du massivement multijoueur ne s’arrête pas en si bonne route vu qu’il est possible d’organiser vos propres challenges en sélectionnant un circuit et en établissant les règles ainsi que le montant de la prime mise en jeu. Les différents défis ainsi crées seront consultables dans les drive-in et proposés à l’avance en vue de laisser le temps pour s’inscrire – sans oublier que l’organisateur peut réclamer un droit d’entrée sous forme pécuniaire. L’organisateur touchera 10% de la somme à gagner à moins de remporter lui-même l’épreuve. A ces dizaines de challenges quotidiens se greffe l’e-trade, autre particularité qui nous a séduit dès le départ. Le principe réside dans le fait d’y vendre et d’y acheter soit des véhicules d’occasion, soit des bolides que vous aurez optimiser afin d’en faire monter le prix initial. Certains modèles étant rares, vous pouvez aussi les réserver chez un concessionnaire et en faire fluctuer la valeur grâce à des victoires obtenues par exemple. C’est ici un autre moyen de se faire de l’argent en boursicotant sur la valeur évolutive des bolides. En résumé, Test Drive apporte de nombreuses combinaisons, répondant aux attentes de tous y compris les non-amateurs de jeux de caisses qui trouveront une alternative intéressante, d’autant plus qu’il reste possible de flâner à loisir sur l’île tout en lançant un petit défi selon les humeurs. Finalement, le seul vrai point noir demeure la non-disponibilité des serveurs de façon récurrente ainsi que le manque de participants pour les courses à certaines heures. Les développeurs travaillent à l’amélioration des parties en réseau cependant et ont commencé, pour nous faire patienter, à distiller du contenu gratuit à télécharger tout en promettant des apports ultérieurs. Ceux-ci engloberont peut être des courses nocturnes ou sous la pluie car si le climat varie sur l’île, on notera ni présence de brouillard, ni de circuits de nuit et pas de trombes d’eau. Un patch devrait donc venir corriger les lags et défauts d’affichage que certains auront noté par moments.

ndlr : Nous vous prions de pardonner le retard de mise en ligne du test pour cause de problème de serveur.

Test Drive, c’est du concentré de vie, du diesel en barre où l’on se marre seul ou à plusieurs, terriblement immersif et attractif de par son ambiance et ses qualités techniques, avec une mention « félicitations du jury » pour les paysages vraiment très beaux et regorgeant de détails, la retranscription parfaite de l’île avec un réseau routier impressionnant (les entrées et sorties d’autoroute sont excellentes). Cerise sur le gâteau ou plutôt sur le capot en ces circonstances, les effets sonores méritent une palme et ne souffrent même pas d’une fraction de seconde de décalage. Pour une fois soyons chauvins, les petits français de Eden Games marquent cette rentrée 2006 avec ce titre qui s’inscrit indéniablement dans la liste de nos coups de cœur annuels.

+

  • Parfaite modélisation de l’île d’Oahu au détail près
  • C’était bien vu d’introduire une vraie simulation de réseau routier
  • Un nombre incroyable de challenges divers à remplir
  • Une maniabilité variant en fonction des modèles de voitures
  • Des graphismes et des effets sonores irréprochables

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    • Les serveurs online sont parfois indisponibles
    • Il aurait été fun d’avoir des courses nocturnes ou sous la pluie
    • Bon c'est vrai que les bots roulent à 30km/h parfois !
    • La caméra ne suit pas toujours lors d’un virage à 90°