Test : Thief Simulator 2 sur Xbox Series X|S
Thief liquide tout le quartier
Thief Simulator 2 est comme ses cousins reproducteurs d’expériences « réelles » un jeu qui ne s’encombre pas vraiment d’une histoire. On incarne ici un pauvre cambrioleur qui a joué trop gros en tentant de dérober la mafia et se retrouve pauvre, traqué, sans flingue ni cannoli. Heureusement pour lui, un mystérieux bienfaiteur lui propose de l’aider à sauver sa peau et à éponger sa dette en faisant ce qu’il sait faire de mieux : cambrioler. De la maison abandonnée à la maxi-villa, jusqu’à participer à un véritable casse dans une banque, notre anti-héros se voit ainsi proposer de mettre à sac tout le beau monde qui l’entoure. Si vous avez joué au premier Thief Simulator, vous en retrouvez ici les grands principes : plongé en vue à la première personne, nous sommes lâchés dans un petit quartier pour observer, crocheter, détourner, casser, embarquer objets de valeurs comme babioles, dans le but simple de faire grimper le compte en banque et les points d’expérience. Le tout étant nécessaire pour acquérir de nouvelles compétences, du matériel plus évolué et viser donc toujours plus gros.
Aucune inquiétude cela dit si vous n’avez jamais joué au premier épisode, Thief Simulator 2 se veut en être une version plus évoluée où tout s’apprend pas à pas. On aurait même tendance à penser que les nombreuses tâches que nous donne l’étrange bienfaiteur par téléphone tendent à tirer en longueur le didacticiel. Il faut ce qu’il faut me direz-vous, et ce ne sont pas les menus, à la fois légers mais paradoxalement austères et bordéliques, qui invitent à penser le contraire. Ce n’est qu’à la suite de plusieurs heures de jeu et l’acquisition d’un certain nombre de nouvelles compétences que Thief Simulator 2 dévoile son potentiel. La préparation est la clé de la réussite : il faut donc faire un tour du quartier, utiliser éventuellement un drone pour observer au plus près les lieux et habitudes des occupants, jusqu’à définir quand ils seront absents ou suffisamment occupés pour pouvoir passer à l’action. Il est par ailleurs conseillé de passer rapidement par le PC de la planque pour acheter des infos qui révèlent par exemple l’existence d’une fenêtre ouverte, l’emplacement d’un objet de valeur mais également la présence éventuelle de caméras ou d’animaux. Dans Thief Simulator 2, la caméra fait moins peur qu’un corgi.
Une fois que tout est bon pour passer à l’action, la suite dépend de la configuration des lieux et du niveau de sécurité que notre voleur peut contourner. On débute ainsi avec un petit kit de crochetage et un pied-de-biche, soit un bon équipement pour aller détrousser le propriétaire d’un mobile-home. Pour les maisons des rues plus huppées, il va falloir apprendre comment crocheter des serrures complexes (avec une manipulation inspirée de Skyrim/Fallout), découper du verre, pirater un système électronique, ouvrir un coffre-fort à l’aide d’un stéthoscope. Il est aussi nécessaire d’avoir ce qu’il faut pour détourner l’attention d’un chien ou éventuellement assommer/endormir quelqu’un qui serait sur le point de nous surprendre. Si l’alerte est donnée, il est conseillé de cavaler et d’aller se cacher dans le coin le plus tranquille possible, en attendant que l’orage passe. A ce propos, Thief Simulator 2 pèche quelque peu par une IA qui voit trop ou trop peu, aussi est-il préférable (lorsque cela est possible) d’opérer lorsque la personne n’est pas là ou bien endormie profondément. Attention toutefois : le fait d’être trop souvent vu rôder autour de la maison peut créer une certaine anxiété chez l’occupant, qui sera dès lors plus vigilant.
Quoi qu’il en soit, Thief Simulator 2 parvient à recréer avec une certaine réussite la tension permanente qu’engendre le cambriolage. On prend un malin plaisir à jouer le plus proprement possible, à remplir le sac au maximum et à pousser parfois le vice jusqu’à faire les poches d’une personne endormie pour mieux pénétrer dans sa cave et repartir les bras chargés. On peut même dépenser quelques dollars pour faire appel à un allié, géré par l’IA, qui peut soit marquer l’emplacement des occupants, crocheter ou encore porter des objets lourds. C’est bien pratique. En dépit d’une maniabilité quelque peu rigide, la réussite dépend plus que tout de l’application que l’on porte aussi bien à la préparation du cambriolage qu’à son exécution. Thief Simulator 2 propose une vingtaine de bâtiments à explorer, répartis dans deux quartiers, et quelques « casses » qui sont alors de véritables missions à part entières, plus riches et plus complexes. C’est franchement costaud, sachant que l’on s’attaque aussi aux voitures que l’on peut désosser ou repeindre, et que l’on a accès à certaines missions secondaires axées par exemple sur l’espionnage (prendre une photo d’un lieu précis) ou bien la dégradation. C’est mal, mais c’est franchement marrant. Les améliorations du personnage et de son équipement offrent une belle perspective de progression, mais on regrette tout de même que celle-ci soit un poil trop lente. Il n’est pas rare de devoir retourner dans des lieux déjà visités, pour voler les mêmes choses, dans le seul but de monter d’un niveau et d’acquérir la compétence nécessaire au prochain cambriolage.
Mais c’est surtout d’un point de vue technique que Thief Simulator 2 est un peu à la traine. Sans oublier qu’il s’agit d’un jeu qui a été développé par une seule personne, on est devant quelque chose qui offre une évolution minime au regard du premier épisode. Les quartiers sont propres mais l’ensemble est très impersonnel, l’intérieur des maisons a tendance à reproduire un peu trop les mêmes détails. Pas de quoi entamer l’envie de dérober jusqu’à la bouteille de vin, mais il est un peu pénible de croiser vingt fois la même commode de la même couleur, ou presque. A noter également des animations de PNJ très robotiques et répétitives, tandis que la gestion du cycle jour/nuit à tendance à partir en vrille au crépuscule : on se croirait en enfer face à un ciel aussi rouge. Dernier point technique déplaisant : la bande sonore, faite de bruitages minimalistes et de musiques d’ascenseur lors des passages en voiture. On apprécie néanmoins les textes intégralement en français et la rapidité des temps de chargement.
+
- Concept toujours séduisant
- Bonne durée de vie
- Expérience complète et progressive…
-
- … En dépit d’une certaine lenteur
- Techniquement quelconque
- Bande-son pas vraiment au point