Test : My Time at Portia sur Xbox One
Portia naît
Bienvenue à Portia ! Un monde lumineux et coloré sur fond de futur post-apocalyptique positif. Oui, l’humanité a joué avec le feu, elle s’est brûlée mais de ses cendres est né un monde aux antipodes du futur sombre et dangereux qui sert de toile de fond à bien des aventures. Dans My Time at Portia, le grand changement civilisationnel a plutôt conduit l’humanité à reconsidérer de façon raisonnée son rapport aux autres, à la nature et à la douceur de vivre. Dans cet univers chaleureux et accueillant, on incarne un jeune avatar archi-personnalisable, selon que l’on cherche une représentation mignonne ou alors tout à fait absurde. Le choix vous appartient. Ce petit personnage, c’est l’enfant d’un célèbre bâtisseur de Portia et l’heure est maintenant à la relève. Située aux abords du village, la maisonnette dont on hérite est dans son jus, pour ne pas dire ouverte aux quatre vents ; après quelques menues réparations elle devient le point central de la vie ô combien active qui s’ouvre à nous. Parce qu’une fois la licence de bâtisseur obtenue auprès du maire de Portia, le carnet de commandes se remplit aussi vite que celui d’un spécialiste de la climatisation à Dubaï.
Le village de Portia, hub central, est peuplé de quelques dizaines de PNJ qui ont leurs vies, leurs métiers ou occupations, leurs logements respectifs. Et de fait, leurs besoins. Qui de mieux placé qu’un bâtisseur promis à un bel avenir pour y répondre ? Fabriquer une canne à pêche, des outils, une caisse en bois prête à accueillir des petites plantations : les petites demandes de ce type occupent les premiers temps et permettent de se familiariser avec un gameplay complexe et tentaculaire, jusqu’à obtenir assez rapidement la première vraie commande, un pont. La construction de ce pont met alors en mouvement, en évidence, tous les aspects liés à la collecte, la fabrication, voire la planification du travail. On commence par déposer le plan près de l’atelier, pour se rendre compte qu’il va falloir composer celui-ci avec plusieurs éléments (début, milieu, fin pour résumer). Ces éléments se construisent à l’aide d’un nombre d’objets précis ; certains peuvent être collectés ou achetés mais pour la plupart, il est nécessaire de les produire. Il faut alors construire un établi, pour pouvoir développer du matériel, lequel permet de récupérer certaines ressources qui, retravaillées, ouvriront sur la possibilité de fabriquer les postes de travail spécifiques (scierie, forge, etc). Bref, tout est connecté au sein d’un catalogue de fabrications absolument immense.
My Time at Portia pousse même un peu plus loin l’exercice de collecte, tout en mettant à profit la singularité de son univers. Qui dit monde futuriste dit vestiges du passé et à Portia, on ne fait pas n’importe quoi avec les reliques et on ne cherche pas non plus n’importe où. Ainsi, que ce soit pour le compte des chercheurs scientifiques ou de « l’Eglise de la Lumière », on peut prendre part à des fouilles. On fait alors le plein de minerais et en utilisant correctement le radar que l’on nous remet dans ces zones, on peut creuser avec précision en vue d’obtenir des reliques spéciales à échanger. En cherchant encore un peu plus, on peut même tomber sur l’entrée d’une structure venue du passé… Qui sait ce qu’on y trouve ? L’autre façon d’obtenir des ressources utiles, c’est en usant de ses poings et ses pieds. Oui, My Time at Portia propose même de se bastonner avec les créatures qui peuplent les terres sauvages ! On spamme le bouton de frappe, on esquive, dans un système relativement simpliste mais bienvenu pour son apport en dynamisme. Ca coupe un peu la répétitivité -relative- du crafting. Les choses sont en ce sens bien pensées puisque les ennemis n’en sont qu’à partir du moment où vous les attaquez et la réussite repose essentiellement sur le niveau du personnage, pas tellement sur une notion de « skill ». Pour ce genre de jeu, c’est préférable.
Eh oui, il y a dans My Time at Portia une composante « RPG » très proche de ce que l’on retrouve dans les jeux d’aventure. Toutes les actions rapportent des points d’expérience et à chaque passage de niveau, on peut améliorer l’efficacité du crafting, devenir plus endurant (la possibilité d’agir durant une journée de jeu est limitée aux points dont on dispose) ou le cas échéant, booster ses compétences de combattant. On en revient alors à l’équilibre brillant dont fait preuve My Time at Portia puisque dans le cas du combat, on constate que c’est par exemple quelque chose que l’on peut librement entreprendre contre un PNJ et que cela permet non seulement de s’améliorer, mais aussi de faire évoluer le niveau relationnel avec cette personne, autre élément d’importance dans le jeu. Il n’y a donc pas que les discussions, les services et les cadeaux qui ont de l’influence sur les rapports, lesquels peuvent par ailleurs conduire à l’éclosion d’un mariage, puis d’une famille. Tout cela, toutes les possibilités de construction auxquelles s’ajoutent la culture et l’élevage font de My Time at Portia un jeu d’une richesse étonnante.
Prévoyez donc du temps, beaucoup de temps si vous envisagez de vous lancer dans My Time at Portia. Ce n’est clairement pas un titre vers lequel on revient entre deux occupations. Portia tu l’aimes ou tu le quittes. Les possibilités sont énormes, le monde vit autour d’un petit scénario qui ne brille pas par sa complexité mais a le mérite d’exister. Et puis c’est joli, coloré, agréable à regarder. Tous les décors ne se valent pas, on tombe même sur quelques lieux franchement laids à l’image des zones de fouilles. Mais dans l’ensemble, on a là un jeu qui remplit bien le cahier des charges. Le frein à l’amusement plein et entier, au-delà du rythme forcément très bas pour ce genre de jeu, tient à l’ergonomie générale. A vouloir proposer tant de choses à voir et à faire My Time at Portia se perd un peu dans ses menus, et nous avec. L’inventaire manque de souplesse (et de place au début du jeu), les plans de constructions auraient mérité d’être plus clairs, autant dans leur lecture que dans la construction à proprement parler. Être contraint d’avoir en mains l’objet à placer sur la maquette lorsqu’il faut aller le chercher au milieu d’un million de choses, puis le placer dans la barre de raccourcis pour enfin le prendre en mains : non, ce n’est pas ce qui existe de plus souple. On place enfin un petit bémol sur le cycle jour/nuit peut-être un peu trop rapide et l’obligation de devoir revenir à la maison et dormir pour pouvoir sauvegarder, sans que l’on ne puisse être vraiment certains que cela a fonctionné (aucune indication n’apparait). Du côté des chargements, c’est acceptable, à moins de s’amuser à faire «entre et sort» de la maison et dans tous les cas, pour être à l’aise, on a vite fait d’installer tout le matériel à l’extérieur.
+
- Mélange intelligent des genres
- Possibilités énormes…
- … Et jamais rien d’inutile
- Univers vivant, joli et agréable
- Durée de vie titanesque
- Textes en français
-
- Rythme forcément très lent
- Pas très ergonomique dès que l’on touche aux menus
- Quelques décors en opposition totale par leur laideur