Test : Toe Jam & Earl III sur Xbox
Ya know what I’m sayin’ ?
La vraie mission des 3 compères est en fait de retrouver les 12 albums de funk mythiques que Lamont, Funkopotamus de la planète Funkotron (petite bestiole poilue à la voix nasillarde mais néanmoins amusante), a égaré sur terre. Voici donc les trois extra-terrestres les plus funky sur terre pour récupérer ces albums avant qu’ils ne perdent leur funky flow, ce qui serait un drame pour la communauté ET.
Après avoir choisi son perso dans un menu démentiel, où chacun fait un rap d’anthologie pour se présenter avec une gestuelle superbement travaillée et criante de vérité, on se dit que ça commence plutôt bien.
Et cet état d’esprit perdure un moment, car il faut dire qu’on s’amuse bien au début. Tout le jeu est fait sous forme d’ « îles » plus ou moins grandes, plus ou moins reliées entre elles (au début oui, ensuite moins), mais qu’à l’inverse des jeux sortis sur Megadrive une chute ne vous ramènera pas au niveau du dessous car l’architecture du jeu est différente (par mondes) et que seule une infime partie de votre énergie sera ponctionnée. Ce changement déstabilisera peut-être les fans de la première heure, mais ça rend le jeu plus accessible et moins frustrant qu’autrefois.
On se retrouve donc sur un monde « central », dans lequel il n’y a pas d’ennemis pour se faire un peu au jeu et découvrir les premières missions. Un peu plus loin, plusieurs portails pour accéder à des parties thématiques (neige, désert, ville, jungle). Tous ces mondes sont parsemés de niveaux à débloquer en ramassant des clés (30 dans le premier niveau et ainsi de suite jusqu’à la fin).
Chaque mission comporte un gros objectif (récupérer un disque, porter un cadeau à quelqu’un, etc.) et plusieurs petits objectifs comme ramasser tous les cadeaux (de la bouffe pour vous restaurer, des accessoires pour atteindre d’autres parties du niveau, des armes…), funkyfier tous les humains à l’aide de votre funk-fu ou des notes de funkyfication, ramasser toutes les clés…
Il y a donc de quoi faire, et chaque nouvelle aptitude débloquée au fil du jeu vous donnera accès à des endroits inexplorés dans les précédents niveaux. La durée de vie est donc au rendez-vous de ce côté-là, d’autant plus que les mondes sont générés aléatoirement, de sorte que chaque nouvelle partie aura une saveur nouvelle. Une bonne idée.
Damned ! It’s good !
Techniquement, Toe Jam & Earl 3 fait globalement honneur à son support, que ce soit côté graphismes ou animation. Les textures sont belles et nettes, sans aliasing ni flou, et les personnages sont du même tonneau. L’ensemble très coloré laisse une impression de fraîcheur bienvenue et la foule de détails présents dans chaque niveau est appréciable. On se dit que Sega n’a plus grand-chose à apprendre de la Xbox, tant ses productions passées et à venir respirent la qualité techniquement parlant.
Le gameplay est assurément du même acabit tant tout est bien pensé cette fois (cf. Blinx). Le personnage, quel qu’il soit, se déplace avec souplesse et précision et la caméra est étonnamment agréable, bougeant autour du perso, se rapprochant et s’éloignant avec facilité (de plus elle n’est jamais bloquée et les objets qui pourraient vous gêner deviennent transparents au bon moment). Un bouton pour la recentrer rapidement et c’est parti, le reste des manipulations s’assimile avec rapidité et facilité.
Et s’il vous arrive de vous sentir seul, rien ne vous empêche d’appeler un pote pour vous faire la campagne à deux. Excellente chose tant les jeux auxquels on peut jouer en coopératif sont rares, et s’il faudra supporter une distance d’affichage un peu moins vaste pour ce faire, le plaisir est au rendez-vous et la chose est à saluer.
Too bad, fella’
Alors, pourquoi 13 (je sais que vous êtes allés voir la note en premier bande de galopins) alors que jusqu’ici TJ&E3 rassemble toutes les qualités d’un jeu vraiment bon ? Bah parce que tout n’est quand même pas parfait, et qu’un gros défaut vient entacher ce beau tableau. En effet, le nouveau jeu de Sega manque trop de cette ambiance funky (qu’il prône pourtant). Si les cinématiques et autres vidéoclips sont bien dans le ton (tellement dans le ton qu’on se les repasse sans cesse pour faire durer le plaisir), avec mise en scène, musique et paroles dignes des plus grands rappeurs de la fin des années 80, le gameplay et le jeu en lui-même en sont presque dépourvus. La bande-son reflète bien ce manque, avec des voix souvent drôles mais des musiques pas vraiment funky, ce qui pénalise pas mal l’ambiance globale du titre. Pourquoi ne pas avoir laissé la possibilité de jouer sur les musiques du disque dur, ç’aurait été le pur bonheur de funkyfier la populasse sur du James Brown ou du Run DMC. Dommage. Ce problème, allié au manque de fun des parties au bout d’un temps, rend l’aventure un peu trop lassante. Ok, certaines petites épreuves brisent la mécanique « recherche de cadeaux, puis funkyfiage des humains et remplissage de l’objectif », mais elles sont trop peu nombreuses et pas assez osées pour briser ce sentiment d’ennui. J’aurais préféré un jeu se basant plus sur la musique, avec des défis musicaux (il y en a quelques uns, mais trop simplistes) ou de danse par exemple. Dommage, vraiment très dommage tant tout ce qui est autour du jeu (briefings, cinématiques, voix et présentation globale) transpire le funk.
+
-
- Jolis et colorés. Esthétique dans l'esprit des deux jeux MegaDrive.
- Rien à dire, c'est excellent. Du reste, le manque de variété dans le jeu se ressent aussi dans la maniabilité, car on se retrouve souvent à faire la même chose dans les niveaux visités.
- Longue, mais le jeu est un peu redondant à force.
- Parfois bien funk, souvent bien plate. Super dommage, les musiques auraient vraiment gagnées à être plus soignées. Voix et flow convaincants
- Un jeu sympa, mais qui ne retiendra pas très longtemps l'attention du joueur lambda. Seuls les gros fans de ToeJam & Earl (mais y en a-t-il encore ?) scotcheront.
- Fluide en toute occasion côté technique. Ca manque un peu de groove quand même.