Test : Two Worlds sur Xbox 360
Aventurier en manque de vitamine C cherche quête pour s’occuper
Visiblement pressés de nous faire manger le plat de résistance sans nous laisser goûter l’entrée, les créateurs de Two Worlds ont gommé quelques unes des caractéristiques phares du style RPG. Inutile de débattre sur l’intérêt de jouer plutôt un archer ou un assassin puisque votre personnage, obligatoirement de sexe masculin et humain, endosse le rôle de chasseur de primes. Certes, vous pouvez changer certains traits physiques, mais vous ne verrez même pas ces modifications lors des séquences cinématiques mettant en scène le héros. L’introduction se fait par le biais d’une vidéo dont il faut attendre la fin pour comprendre que le personnage aperçu est le nôtre, à savoir six mois plus tard dans le scénario (période durant laquelle notre héros a probablement hiberné). Bref, toujours est-t-il que nous voilà projeté dans un village, perdu au milieu de nulle part, sur les traces à la fois de notre sœur kidnappée et de reliques supposées ramener à la vie le dieu Aziraal. Les bases de la trame principale sont posées, le genre voulant que vous puissiez alterner avec des missions subalternes suivant vos envies.
A ce moment très précis, la sauce devrait prendre et nous pousser à nous jeter, le cœur vaillant, sur les routes et chemins parsemés de créatures malveillantes. Or, les défauts s’accumulent : interface vieillissante disposant de peu d’emplacements et d’une ergonomie indigeste, système de combat médiocre, gestion horrible de la caméra qui bouge toute seule, affichage de petite taille visiblement pas étudié pour les grands écrans de télévision ou encore voix de personnages à la limite du ridicule. Diantre, que les acteurs en charge de la localisation en français sont mauvais ! En parallèle, on trouve une modélisation donnant une impression de personnages réalisés en pâte à modeler vu leurs disproportions et la raideur dans leurs mouvements. Même notre chasseur de primes semble porter un pantalon trop serré à l’entrejambe.
Le monde d’Antaloor réserve un accueil aussi chaleureux qu’un iceberg en mer de Barents
Au moins,la région d’Antaloor bénéficie d’une vaste étendue dont les décors offrent une variété agrémentée par des effets météo ainsi que par des textures plutôt réussies. Des ruines et donjons jalonnent la lande, où l’on croisera plus ou moins de créatures hostiles, avant de rallier une ville ou un village. Les habitants y vaquent, pour certains, à leurs occupations mais la plupart donne l’impression d’attendre inexorablement comme des poteaux depuis des décennies. Leur charisme avoisine celui d’une ampoule, trait auquel n’échappe pas non plus votre héros de toutes manières. En revanche, il est permis de disserter avec tous et d’interroger sur différents sujets en vue de progresser dans une quête ou de simplement en apprendre davantage sur les lieux. Hélas, une fois de plus, l’IA mal calibrée vient régulièrement créer des situations singulières comme les gardes qui ne déclenchent pas d’alarme alors que vous avez tué plusieurs personnes ou des habitants qui se laissent cambrioler sans réagir.
Pourtant, l’équipe de Reality Pump a implémenté de bonnes idées, mais malgré le désir de bien faire, il semblerait que chaque ajout entraîne un pendant négatif. Par exemple, votre guerrier ressuscite automatiquement en cas de blessure fatale, se retrouvant alors à proximité de l’un des mémoriaux de Maliel, à savoir des sortes de dolmens générateurs de vie situés un peu partout. La technique évite de charger votre dernière partie sauvegardée mais accroît une facilité de jeu déjà boostée par des caractéristiques qui augmentent incroyablement vite. Il en résulte une monotonie dans les combats au bout de quelques heures, d’autant plus qu’en cas de mort, le personnage ne subit aucune pénalité. Après dix heures de jeu, le challenge est nettement amoindri sachant que le niveau 15 peut s’atteindre au bout de 5-6 heures. Le cheval est un autre atout dans l’immédiat, bien plus exotique à chevaucher que de passer par les pierres de téléportation (actives si l’endroit à été « découvert »). Seulement, notre cher équidé se révèle pénible à manier, créant même parfois des collisions ou paralysie de personnage. En effet, différents bugs ou anomalies dans les décors renforcent l’impression de bâclage général.
Un diplôme obtenu sans mention mais passé quand même
Si le choix de la spécialisation ne se fait pas dès le départ, l’augmentation de certaines aptitudes permettent de s’orienter vers le combat, la magie ou le vol. Au fur et à mesure de la progression, vous pourrez opter pour certains effets de style comme tenir deux épées ou désarmer l’ennemi bien que les combats ne soient pas d’un esthétisme éclatant. Le système de magie se compose de cinq écoles (dédiées aux éléments naturels et à la nécromancie) ainsi que de deux types de cartes (sorts et boosters pour accroître la performance) tandis que la mana, représentée par une barre, se régénère seule lentement ou par le biais de potions. Dans la même lignée que The Elder Scrolls IV, l’un des aspects les plus intéressants du titre repose sur les manipulations alchimiques. Vous pourrez amasser différents ingrédients (herbes, champignons, minéraux, restes d’animaux…) dans le but d’inventer des potions, en gardant à l’esprit que certains effets peuvent s’annuler entre eux. Après avoir tenté différentes recettes, il est possible de sauvegarder votre œuvre dans votre manuel afin de la reproduire à foison.
Votre patience n’est pas celle de Merlin et vous préférez le corps à corps ? Pas de panique, les amateurs d’armes ont deux possibilités devant eux : les objets apparaissant en vert dans l’inventaire peuvent être soit enchantés, soit couplés si vous les possédez en double exemplaire (par exemple, les épées deviennent alors deux fois plus puissantes, du moins hypothétiquement puisque certains joueurs évoquent des armes aux dégâts bien trop élevés du coup). Par ailleurs, la progression de votre héros se couplera à l’idée de « réputation » puisque le choix de vos actions entraînera des conséquences plus ou moins bien perçues de la part des PNJ. Comme souvent dans les RPG, il faudra se faire accepter (notamment auprès des factions) pour décrocher certaines quêtes, en revanche si votre réputation augmente, elle donne l’impression de ne pouvoir descendre et ceci même si vous faîtes le contraire des principes imposés par ladite faction. En définitive, l’impression d’arguments mal ou peu exploités ainsi qu’une maîtrise technique sur Xbox 360 tout juste passable nous laissent un goût amer et, à ce niveau là, un mois de plus pour le développement n’aurait pas changé la donne.
+
- Un univers très vaste et doté de décors variés
- Un système de magie façon Magic qui plaira à certains
- Un système de respawn automatique a été intégré
- Le héros a une « voix » contrairement à Oblivion
-
- Le héros est aussi emballant qu’un pot de yaourt périmé
- Les animations et combats sont peu convaincants
- Modélisation d’un goût douteux
- Pas de véritable création de personnage
- Affichage minuscule et caméra mal placée
- On a parfois l’impression d'un hack & slash (bas de gamme)