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Ses combattants aux formes polygonales saillantes faisaient pâle figure face aux bellâtres qui s’exhibaient fièrement sur la console concurrente, voilà maintenant trente ans. Malgré cela, Virtua Fighter s’est immédiatement imposé comme un mètre-étalon dans la famille naissante des jeux de baston 3D. Ce fut en quelque sorte une démonstration de l’importance de la beauté intérieure. Un remix et surtout un second épisode mythique plus tard, Virtua Fighter s’installait définitivement sur nos consoles, accompagnant la Dreamcast avec un troisième épisode et lui survivant en débarquant sur Playstation 2 pour éclairer le monde de la lueur d’un Virtua Fighter 4 mémorable. Puis vint Virtua Fighter 5. Depuis, il sort et ressort, s’invite comme mini-jeu dans les Yakuza/Judgement. Il est régulièrement revu, corrigé, avec plus ou moins de réussite. Avec Virtua Fighter 5 R.E.V.O. World Stage, c’est carrément la huitième édition que nous découvrons ! De quoi se demander si les choses ne vont pas un peu trop loin ? Eh bien figurez-vous que non.

Virtua Fighter 5 R.E.V.O. World Stage démontre que le jeu de SEGA, développé ici par Ryu Ga Gotoku Studios (développeurs de Yakuza), en a encore sous le capot. Visuellement ça passe bien sur Xbox Series X|S, la fluidité est au rendez-vous avec 60 images par seconde sans accroc. Il y a bien sûr de petites choses qui trahissent l’âge désormais avancé du jeu d’origine, à l’image de ses arènes qui manquent un peu de vie et des textures qui dans l’ensemble affichent un certain rendu « coup de polish ». Mais ça fonctionne encore très bien. Et puis il y a surtout ce gameplay qui n’a pas perdu une once de sa richesse, de son exigence. Virtua Fighter 5 R.E.V.O. World Stage dispose en ce sens de tout ce qu’il faut pour permettre aux habitués de reprendre les rênes et aux nouveaux-venus de découvrir les bases : le mode entrainement complet et les replays très détaillés s’accompagnent de sections dédiées aux manœuvres utiles, sur divers aspects (attaques médianes, basses, aériennes, etc.) pour chaque personnage. Rappelons que le jeu en comporte 19 auxquels peut s’ajouter Dural, le boss de fin, à condition de passer par la case DLC payant. On n’est pas particulièrement fan de Dural mais on aurait imaginé que la version finale de Virtua Fighter 5 pouvait inclure ce genre de détail.

Virtua Fighter 5 R.E.V.O. World Stage n’en demeure pas moins un indispensable pour les férus de versus en ligne. D’abord parce qu’il intègre le cross-play avec les joueurs PC et Playstation 5 (viendra également la Switch 2 prochainement), ce qui lui garantit a priori d’accueillir du monde jusqu’à la sortie de Virtua Fighter 6 et au-delà. Le netcode rollback, désormais inévitable pour tout jeu de baston compétitif qui se veut sérieux, est bel et bien de la partie. De notre côté l’expérience s’est révélée satisfaisante sur les parties jouées, mais il va falloir encore un peu de recul pour en mesurer la viabilité. Quoi qu’il en soit, les modes de jeu en ligne ne manquent pas dans Virtua Fighter 5 R.E.V.O. World Stage : match classé ou non, avec dans ce dernier cas la possibilité d’accueillir 16 joueurs dans un lobby et de jouer en mode Kumite (un joueur affronte tous les autres tour à tour), tournoi, ligue (les joueurs rejoignent une équipe et tentent de remporter des points pour la faire gagner) ou encore par équipe en 8vs8. Enfin, il est possible de participer à des tournois officiels chaque week-end et de remporter des récompenses.

Bien que Virtua Fighter 5 R.E.V.O. World Stage soit un jeu pensé en priorité pour le multijoueur (il est bien sûr possible de jouer à deux en local), il n’en oublie pas pour autant les solistes. En marge des modes classiques tels que l’Arcade, cette édition propose le « World Stage ». L’objectif est d’écumer les dix sales proposées, chacune se débloquant une fois le « boss » de la précédente vaincu. Pour ce faire il convient de combattre et de gagner le plus possible pour faire augmenter son rang, en partant du dixième Kyu jusqu’au titre de Conquérant ou de Destructeur. Des tonnes de défis sont proposés dans ce mode, souvent de type cumulatif (victoires, utilisations des personnages, etc.), permettant de débloquer de nombreux éléments de personnalisation des combattants. Dans l’ensemble, ce mode World Stage est plaisant, on apprécie beaucoup sa présence en tant que joueur qui aime profiter d’un moment de baston en solo.

On regrette toutefois sa relative austérité ; il reste inférieur à l’excellent mode solo de la première version de Virtua Fighter 5 sur Xbox 360, que l’on retient encore aujourd’hui comme particulièrement engageant. Le ressortir ou l’adapter pour cette édition finale, puisqu’absent de toutes celles qui ont suivi la version Xbox 360, aurait sûrement été une solution préférable au World Tour. Mais on ne boude tout de même pas notre plaisir avec cette nouvelle invitation à fouler les rings et tatamis de Virtua Fighter 5, pour ce qui est probablement l’un des meilleurs jeux de combat 3D de ces vingt dernières années.