Test : Visions of Mana sur Xbox Series X|S
Classes élémentaires
Avant de nous plonger dans l’aventure en compagnie de Val et Hina, Visions of Mana propose une petite introduction qui permet de mettre les premiers éléments de contexte autour de son scénario. On suit ainsi la fuite d’Ollin et Lysa, désireux d’échapper au destin funeste de la jeune fille, qui vient d’être désignée comme offrande par la fée. Un sacrifice obligatoire, qui entraine le processus de régénération de l’Arbre Mana et évite ainsi la destruction des villes qui n’auront pas répondu à l’appel. Le ton se veut sérieux et mature, et ses premières minutes de jeu permettent déjà de dire que Visions of Mana ne souhaite en aucun cas épargner le joueur. En tirant à plusieurs reprises sur la corde émotionnelle, le scénario l’amène par ailleurs à se poser des questions autour de thèmes variés, comme l’amour inconditionnel ou la soumission des peuples aux règles établies. Quatre ans après cette phase introductive, c’est au tour de Hina d’être désignée, et de quitter le village de Tiana en compagnie de son ami d’enfance Val, un gardien d’âme chargé de la conduire auprès de l’Arbre Mana.
Un voyage initiatique dont l’issue, comme vous l’aurez compris, emprunte à la tragédie, mais qui débute pourtant avec légèreté, les offrandes considérant le fait d’avoir été désignés par la fée comme un véritable honneur. Une quête qui n’est évidemment pas sans danger, qui nous amène à traverser un monde composé de zones semi-ouvertes assez larges. Si vous avez eu l’occasion de connaitre la franchise avec de précédents épisodes, ce nouvel opus revoit ainsi sa copie en laissant bien plus de liberté d’exploration. Chaque carte dispose de points d’intérêts, avec notamment les canaux de Mana qui servent à sauvegarder la progression et à se téléporter rapidement d’un lieu déjà découvert à un autre, mais aussi de nombreux coffres, des zones de défis et des ennemis spéciaux plutôt difficiles à abattre. Autant dire que tout est fait pour que les joueurs ratissent largement chaque lieu, et y reviennent régulièrement pour y accomplir une tâche impossible à réaliser lors de leur premier passage.
Un concept pas franchement contraignant dans la mesure où Visions of Mana propose des environnements variés, et souvent d’une grande beauté. La montagne enneigée, le canyon, la jungle luxuriante et même les champs de lavande… le dépaysement est total et ne souffre d’aucun bug visuel. La possibilité de réaliser un double-saut va de paire avec la volonté du studio de proposer de la verticalité, et rendre ces phases d’exploration tout sauf monotones. On en profite pleinement, et chaque découverte d’un nouveau lieu est l’occasion d’en découvrir les moindres recoins, quitte à tomber sur des ennemis bien trop forts pour notre équipe. Le groupe s’agrandit au fil des heures, accueillant de nouvelles offrandes et donc de nouveaux partenaires de route au fur et à mesure. Là aussi, l’équipe chargée du chara-design a fait un travail remarquable, et nous permet d’incarner des personnages disposant d’un style bien à eux, et totalement raccord avec les précédents épisodes de la franchise. C’est frais, c’est joli à voir et cela lui offre un vrai cachet, d’autant que les animations bénéficient également d’un soin tout particulier.
Une fraîcheur que l’on retrouve dans les combats. Les ennemis de Visions of Mana se déplacent par petits groupes, composés généralement de trois à dix mobs, avec la possibilité de les éviter ou de les affronter, sauf s’il s’agit d’un combat scripté évidemment. Selon la difficulté choisie par le joueur, parmi les quatre proposée (Histoire, Facile, Normal et Difficile), il est important d’engranger de l’expérience afin de ne pas se retrouver face à un ennemi capable de terrasser le groupe en quelques coups seulement. Si vous êtes un habitué du genre, on vous conseille ainsi de partir sur le mode de difficulté le plus élevé, avec l’assurance d’avoir des combats qui nécessitent de se plonger avec curiosité dans toutes les subtilités offertes par le jeu, et notamment du côté des arbres de compétences assez bien fichus. Pas de farm imposé, même en mode Difficile, et seuls quelques passages et boss retors vous obligent alors à mettre votre quête de côté le temps de visiter d’anciennes zones pour y débusquer des ennemis puissants, capables de vous donner une grande quantité d’XP. Un principe intelligent qui met une fois de plus l’accent sur l’exploration, une des forces du jeu, et qui se vit le plus souvent à dos de Pikul, un gros animal poilu qui permet de faciliter les déplacements.
Assez limité durant les premières heures, les combats gagnent en intensité avec le temps, à mesure que l’on récupère de nouveaux personnages jouables. En petit nombre comparé à d’autres JRPG (et on ne parle même pas de Suikoden), le groupe est composé de cinq héros au total, avec la nécessité de sélectionner trois d’entre eux pour mener les combats. Il est ensuite possible de switcher de l’un à l’autre assez simplement, même au cœur de l’action. Coups faibles, coups forts, différents types d’attaques spéciales, dash et double-saut, cibler les ennemis… tout se fait avec beaucoup de fluidité et les enchainements sont un plaisir pour les yeux sans jamais tomber dans l’excès d’éléments affichés à l’écran, et donc dans la confusion. Visions of Mana joue la carte de l’efficacité associée à la sobriété, avec des jauges de vie et de magie claires, qui ne débordent pas d’un nombre incommensurable de chiffres comme cela peut être le cas dans d’autres productions récentes. La montée en puissance est ainsi quantifiable, et c’est très bien ainsi.
Mais ce qui fait à la fois la forme du jeu et son originalité, c’est la mise en avant des esprits élémentaires. Indissociables de la franchise, les Gnome, Athanor, Ondine, Dryade, Luna, Ombre, Sylphide et Lumina sont de retour, et se retrouvent même au centre de toutes les attentions. Ainsi, notre périple est l’occasion de récupérer leur pouvoir les uns après les autres, avec la possibilité de les appliquer à nos héros. En équipant une relique élémentaire à un personnage, s’enclenche alors une séquence épique, façon magical, pour lui faire revêtir un nouveau costume, au design souvent très réussi. C’est également l’occasion de débloquer de nouvelles attaques magiques, qui peuvent se révéler dévastatrices pour peu qu’elles soient utilisées sur un ennemi dont c’est la faiblesse. Certaines capacités sont passives, comme le bouclier de Gnome, ou la distorsion du temps de Luna, et contribue alors à créer une vraie cohésion de groupe durant les batailles. Si l’intelligence artificielle s’en sort avec les honneurs, on aurait toutefois bien aimer pouvoir jouer en coopération en local ou en ligne. En mode exploration, les reliques ont également leur importance puisqu’elles permettent d’interagir avec l’environnement en contrôlant un golem de pierre capable de détruire des murs, de créer une colonne d’air ou des bulles d’eau pour s’élever dans les airs, ou même de chevaucher une fusée à grande vitesse. De petits ajouts qui apportent un peu plus de variété à l’exploration, encore une fois. Petit regret toutefois concernant les quêtes annexes qui manquent d’intérêt.
Une expérience de jeu complète donc, combiné à beaucoup de fan-service. Les habitués de la saga reconnaitront sans mal certains boss du jeu, entre une version géante Mantis, le premier boss de Secret of Mana, le retour du Kraken de Sword of Mana, le Croqueur de Gemmes de Trials of Mana et le Crabe de Métal, un boss récurrent de la saga. On y retrouve également une grande partie du bestiaire habituel, tout comme la danse si particulière des marchands. La roue des magies / objets fait également son retour, pour un résultat toujours efficace en combat, avec la possibilité toutefois de mettre certaines capacités en raccourci pour simplifier encore plus la tâche. Côté ambiance musicale, on retrouve l’indémodable Hiroki Kikuta, qui nous avait servi des thèmes mémorables pour Secret of Mana, et qui nous offre à nouveau des thèmes de grande qualité, et cohérents, comme avec la piste à la flute de pan qui accompagne notre passage au village du vent. Même chose en redécouvrant la majestuosité de l’envol des flamands roses autour de l’Arbre Mana, véritable marque de fabrique de la série. Comme souvent, il faut malheureusement faire un choix côté affichage, avec un mode Qualité en 4K/30fps (Xbox Series X) ou un mode Performance à 60fps, avec une résolution plus basse (Xbox Series X|S), mais l’esthétique générale du jeu et sa stabilité nous font rapidement oublié ce petit regret. A noter pour finir que le jeu dispose de voix en anglais et en japonais et de textes intégralement traduits en français.
+
- Ambiance envoûtante
- Scénario mature et rempli d'émotions
- Combats qui gagnent en intensité
- Exploration intéressante et motivante
- Chara-design globalement réussi
- Animations bien détaillées
- Transformations hyper classes
- Mode difficile très bien dosé
-
- Mise en scène perfectible
- Quêtes annexes peu intéressantes
- Pas de mode coopération