Jeux

Warriors: Abyss

MUSO | Edité par Koeï-Tecmo

7/10
One : 13 February 2025 Series X/S : 13 February 2025
20.02.2025 à 16h11 par - Rédacteur

Test : Warriors: Abyss sur Xbox Series X|S

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Qui aurait pu prédire qu’en 2025 la saga des Musô parviendrait à nous surprendre deux fois en l’espace de quelques semaines seulement ? Non contents de nous avoir livré avec Dynasty Warriors Origins l’épisode de la renaissance, Koei Tecmo et Omega Force ont lâché dans la nature, sans prévenir, un certain Warriors Abyss. Voilà qui suscite forcément de la curiosité chez nous autres fans invétérés de la saga.

A peine annoncé, Warriors: Abyss a aussitôt fondu sur nos consoles. Un mois seulement après avoir découvert et grandement apprécié Dynasty Warriors Origins, nous sommes donc invités à retrouver les héros venus de la Chine des Trois Royaumes, accompagnés pour l’occasion de leurs lointains cousins japonais stars des jeux Samurai Warriors, dans une toute nouvelle aventure. Bien que ce casting semble, de prime abord, signifier un néo-rassemblement des héros de tous horizons façon Warriors Orochi, c’est au-delà de l’aventure une expérience toute nouvelle qui s’offre à nous. Warriors Abyss se présente comme un jeu d’action roguelike, une première pour la saga. Combattre, perdre, recommencer, tout en conservant certaines améliorations d’une partie à l’autre pour grapiller à chaque essai un petit bout d’avancée supplémentaire : le roguelike semble quelque peu s’opposer à la philosophie même des Musô qui ont pour habitude de nous faire surpuissant face à la masse, en toutes circonstances. Considérant cela, on est d’autant plus curieux de découvrir ce que Warriors Abyss nous réserve pour nous convaincre qu’il est porteur d’une bonne idée.

C’est parce que l’enfer est en proie à une prise de contrôle du méchant Gôma que le souverain officiel des lieux, un certain Enma, invoque l’assistance des valeureux combattants de Dynasty et Samurai Warriors pour y mettre un terme. Inutile de s’attarder plus longtemps ici, l’histoire de Warriors: Abyss n’a absolument aucun intérêt et se contente de quelques monologues d’Enma (en japonais sous-titré français) sur fond fixe. Elle sert de prétexte pour envoyer Guan Yu et compagnie rosser les armées infernales dans quatre environnements différents, composés pour chacun de huit zones. Chaque zone peut être traversée en éliminant le nombre d’ennemis requis, jusqu’à parvenir à la huitième où nous attend un boss. Une fois les quatre zones et leurs boss respectifs nettoyés, un ultime combat nous oppose naturellement à Gôma. Techniquement, traverser les enfers et régler son compte au vilain suprême prend environ une heure. Mais vous le savez, qui dit Roguelike dit que cela est impossible à accomplir du premier coup.

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S’il y a bel et bien 100 personnages issus des deux franchises qui sont jouables à terme, le démarrage nous impose de choisir entre une quinzaine d’entre eux seulement. On apprécie dans tous les cas l’écran de sélection qui affiche les superbes illustrations de personnages issus des précédents Dynasty/Samurai Warriors. Les habitués peuvent reconnaitre leurs personnages favoris du premier coup d’œil. A l’inverse d’Origins, Abyss revient aux fondamentaux côté roster et armement avec des personnages jouables à la pelle, disposant chacun d’armes spécifiques, de caractéristiques qui leurs sont propres, d’attaques EX personnelles et j’en passe. Un système d’étoiles classe les personnages selon leur « facilité d’utilisation », certains étant plus ou moins puissants, rapides, ou résistants au commencement. Tous en revanche partagent le même nombre de points de vie de départ.

Notre personnage sélectionné, nous voilà propulsé dans une sorte de Dynasty Warriors en 3D isométrique, vu du dessus. Un constat s’impose dès lors : ce n’est clairement pas beau. Les décors génériques, répétitifs et bien peu inspirés ne constituent guère un atout pour ce jeu. Il en va de même pour les ennemis lambda, peu diversifiés en apparence, autant que pour les boss qui ne réinvente pas le genre. Ce minimalisme graphique a toutefois une vertu, à savoir rendre l’action à 1 contre 50, 100, 500 globalement fluide, explosive, à défaut d’être toujours lisible. L’une des forces de Warriors: Abyss tient clairement à l’intégration dans ce type de roguelike du gameplay traditionnel des Dynasty Warriors. On retrouve instantanément les automatismes liés au couplage coups normaux et coups puissants pour créer des combos, puis lorsque la barre dédiée est chargée, on lâche une bonne vieille attaque Musô dévastatrice. Nonobstant la nature originale de ce Warriors: Abyss, on s’y sent comme à la maison.

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C’est toutefois une progression aux antipodes de la recette habituelle qui attend le joueur de Warriors: Abyss et influence directement le système de combat pour le faire évoluer vers une approche cette fois différente des habituels Musô. Chaque section d’un niveau nous impose de battre 30 ennemis, puis 80, 100, 300, pour en arriver à un bon millier. Une fois l’objectif accompli et avant de passer à la section suivante, nous avons deux choses à faire. L’une consiste à observer parmi les trois choix systématiques de sortie possible laquelle correspond à ce qui nous est potentiellement le plus favorable. On peut avoir par exemple le choix entre une prochaine étape qui offrira un bonus de points, une bonne probabilité d’obtenir une amélioration spécifique (attaque, défense, affinité élémentaire, etc) ou qui propose un objectif supplémentaire, gage de récompense en cas de réussite. Mais avant de fondre vers la nouvelle section, il convient d’invoquer un nouvel allié.

Les alliés sont des personnages issus du roster Dynasty/Samurai Warriors qui disposent de leurs armes traditionnelles, compétences et traits de personnalités qui sont autant d’éléments déterminants à considérer lors des invocations. Il est possible d’avoir avec soi six alliés actifs dont les caractéristiques affectent les statistiques de notre personnage à tous les niveaux. Ces six alliés peuvent également être invoqués pendant les combats, chacun apparaissant à l’issue d’un combo. Par exemple un combo X puis Y fait apparaitre l’allié numéro un, un combo X, X puis Y fait surgir le second allié, et ainsi de suite. Un temps de recharge est nécessaire après chaque utilisation, ce qui force à un certain niveau à utiliser ce système avec réflexion. Invoquer ces alliés permet de charger progressivement la barre « d’union » qui une fois pleine autorise un véritable déferlement d’attaques, tous les alliés exécutant alors leur spécialité en même temps. Il faut prendre le coup, mais une fois la mécanique assimilée, il en résulte des combats absolument explosifs, surtout dans les dernières zones qui nous opposent à des immenses vagues d’ennemis. Il reste toutefois difficile au départ de comprendre comment tirer profit au maximum des alliances, Warriors: Abyss se montrant trop succinct côté didacticiel alors que sa mécanique demeure aussi intéressante que complexe.

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Warriors: Abyss demande inévitablement de mettre les mains dans le cambouis et de se dépatouiller pour comprendre comment on passe d’une rapide défaite les premiers temps à une marche brutale sur l’ennemi une fois la mécanique d’alliance assimilée. On découvre alors que la défaite nous laisse tout de même en poche des « braises karmiques » qui peuvent être échangées entre deux parties contre des personnages principalement. Ces personnages deviennent non seulement jouables, invocables comme alliés, mais leur déblocage vient également renforcer de façon permanente l’attaque, les points de vie ou la défense de tous les personnages. Chaque nouvelle partie devient alors naturellement plus simple que la précédente. Voir le bout du tunnel demande toutefois de s’intéresser plus longuement à des choses comme les différentes « formations » déblocables (influençant le placement des alliés et donc la puissance lors des attaques d’union) ou encore comment l’assemblage des traits entre chaque personnage ouvre à de nouveaux bonus. On apprécie alors de voir par exemple que compter Liu Bei, Guan Yu et Zhang Fei dans son équipe créé un bonus inspiré autour de l’amitié entre ces trois personnages. Mais il existe dans Warriors: Abyss des dizaines d’autres exemples de ce type. Si tout n’est pas forcément clair de prime abord, les développeur ont tout de même eu la bonne idée de proposer après chaque nouvelle invocation un système de formation automatique, basé sur la meilleure combinaison possible. Ca marche très bien.

Il est assez difficile de résumer Warriors: Abyss dans un test qui ne ressemblerait pas à une notice d’utilisation. Sachez simplement que le concept fonctionne très bien et que le jeu s’avère étonnamment prenant. On y retourne encore et encore, ne serait-ce que pour le plaisir de retrouver le côté brutal et dynamique de la baston façon Musô. La sélection de personnages est excellente et elle s’enrichira d’ailleurs (gratuitement) dans les prochains jours avec des personnages issus du Jin. Warriors Abyss est ainsi un jeu aussi laid que passionnant dans lequel on retrouve avec grand plaisir de nombreuses musiques issues des précédents jeux, de Dynasty Warriors 2 à Samurai Warriors en passant par Warriors Orochi. Du tout bon.

7/10
Tombé comme un cheveu sur la soupe, Warriors Abyss apporte à la famille des Musô une orientation que l’on n’attendait pas du tout et qui se révèle fort intéressante. En parvenant à lier mécaniques du roguelike et plaisir du 1 vs 1000 dont l’ADN Dynasty Warriors ne fait pas l’ombre d’un doute, Warriors Abyss offre une perspective rafraichissante. Aussi bien pensé dans le fond que mal expliqué, ce qui peut compliquer la prise en mains ; aussi addictif qu’il peut être laid, Warriors Abyss est un jeu que l’on conseille sans trop de réserve aux fans de Warriors avant tout, mais aux autres tout de même aussi. Une bonne surprise.

+

  • Recette nouvelle pour la franchise
  • Riche de possibilités et très prenant
  • On retrouve le plaisir du combat à la Dynasty Warriors
  • 100 personnages jouables
  • Action explosive et globalement fluide
  • Belle sélection de musiques issues des précédents jeux

-

    • Ce n’est clairement pas beau
    • Bordélique par moments
    • Environnements et bestiaire bien peu inspirés
    • Histoire sans intérêt
    • Aurait mérité un vrai didacticiel

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