Test : WRC 2 sur Xbox 360
Seigneur du rallye ou champion des W(r)C ?
En voilà une discipline qui se fait rare. Pas grand chose à se mettre sous la dent sur cette génération, surtout lorsque la série qui porta un temps le nom du regretté Colin McRae se met à toucher un peu à tout et de moins en moins au rallye. Alors ces joueurs, qui n’ont d’yeux que pour les virages en épingle et qui pensent que le président Auriol s’appelait Didier, ceux-là rongeaient leur frein. Jusqu’à ce que l’an dernier, Black Bean et le développeur Milestone fassent valoir leur droit exclusif sur le WRC. Le résultat fut plutôt mitigé et l’année qui vient de s’écouler devait porter l’espoir d’un second opus à la hauteur des attentes de toute une communauté. Depuis quelques années, les italiens de Milestone se sont imposés sur le terrain glissant du deux roues avec la série SBK ; le premier WRC "raté" apparait donc comme une faute de parcours, plus qu’un indicateur de manque de compétences. Comme l’an dernier, la série WRC dispose de toutes les licences et noms relatifs à la discipline et l’on se fait donc un plaisir de faire son choix parmi la Citroën de Loeb ou la Ford de Hirvonen, les Minis et autres Skoda. On retrouve également les véhicules des catégories SWRC, PWRC ou encore les monstres mythiques du Groupe B. Le choix est vaste et il est agréable pour le fan d’un pilote en particulier de retrouver son véhicule. On notera malgré tout quelques absents de marque du côté des rétros, notamment l’Audi Quattro et la Lancia Stratos. On se rend compte aussi que la navigation parmi autant de voitures aurait pu être un peu plus souple car une fois entré dans une catégorie, il faut faire défiler de gauche à droite sans pouvoir s’appuyer sur un quelconque filtre par écurie ou constructeur. Un détail me direz-vous. Oui, si cela ne s’appliquait pas aussi à tout le reste du jeu, faisant de WRC 2 un titre à l’interface lourde, probablement la plus indigeste pour un jeu de courses sur Xbox 360.
Le titre de Black Bean n’est pas vraiment aguicheur au premier touché. Quand on a gouté il y a peu de temps à la joie du contrôle vocal de Forza Motorsport 4, il est bien difficile de revenir à la navigation à l’ancienne. Vraiment ancienne. WRC 2 a pour lui le fait d’être très généreux en modes de jeu et options diverses ; du coup cela a tendance à multiplier les allers-retours dans des menus qui semblent parfois sans fin. Par exemple, pour choisir une de ses voitures à améliorer en mode carrière il faudra aller dans le garage, puis vers les améliorations, le type d’amélioration puis la voiture à améliorer (se trouvant au fond de trois sous-menus si elle n’est pas celle actuellement choisie). Sans oublier le chemin inverse une fois le choix validé. Un manque d’ergonomie qui n’est, une fois encore, pas primordial mais qui entache quelque peu ce titre garni de petites bonnes choses, notamment dans le mode carrière sus mentionné. Le principe est toujours le même : partir du bas de l’échelle avec une petite R2 et gravir les échelons pour s’imposer en WRC. On y trouve quelques features intéressantes comme la possibilité d’engager des mécanos ou des commerciaux ; les premiers seront là pour améliorer les véhicules tandis que les seconds partiront à la chasse aux sponsors. A mesure que la réputation augmente, il est possible d’engager plus de personnel, des gens plus compétents pour de meilleurs retours, d’obtenir de bons partenaires publicitaires. Ces derniers ont leurs exigences quant aux résultats et y satisfaire facilitera le délestage du porte-monnaie pour les payes de fin d’année. Sympathique également, les jauges symbolisant l’intérêt que portent les écuries du WRC aux résultats du joueur. Rouler vite, enchainer les bons résultats et ne pas zapper une course permettra logiquement d’accéder plus rapidement à la catégorie reine. Cela dit, "rapidement" reste un bien grand mot car comme dans le premier WRC, le chemin vers cette consécration est particulièrement long, peut-être un peu trop. Le soft semble jouer la carte du réalisme en obligeant le bleu à quelques saisons dans les catégories inférieures avant de toucher au WRC… Mais la joue-t-il sur le reste ?
Le rallye des gazelles
C’est maintenant sur la piste que doit se juger WRC 2. Alors que celle-ci apparait, on appréhende quelque peu ce qui va suivre, à plus forte raison si l’on a déjà touché au premier opus. L’une des particularités de ce dernier, l’un de ses principaux points faibles, résidait dans sa réalisation digne d’un jeu né au début de cette génération. Un an après, rien n’a changé et WRC 2 n’est clairement pas à la hauteur des espoirs placés en lui, voire toujours pas au niveau de n’importe quel jeu de course sorti sur Xbox 360. Sans même se risquer à le comparer à un Dirt 3, il est bien difficile d’apprécier des textures pauvres et ternes (ou alors tout ce qui n’est pas sombre scintille), des maisons aux proportions douteuses, des rochers passés à la meuleuse ou l’étonnante prolifération du sapin dans le monde. La modélisation des véhicules rattrape un peu ce constat décevant, sans apporter pour autant une véritable satisfaction. Et qui dit graphismes pauvres dit redondance des décors. Cette pensée se vérifie malheureusement trop souvent et constitue probablement l’aspect le plus déconcertant du titre. Quiconque connait de près ou de loin la Sardaigne par exemple pourrait en arriver à se demander s’il ne s’était pas trompé d’ile à l’époque ; car elle ressemble à la fois à l’Argentine, au Mexique et à la Jordanie. Heureusement que la neige est là pour nous permettre de reconnaitre la Suède. Exagération volontaire mise à part, WRC 2 manque de personnalité et cela se ressent à tous le niveaux, des menus avec leurs musiques d’ascenseur aux environnements de course. Techniquement ce n’est donc pas la panacée mais l’expérience nous a souvent fait remarquer que ce n’est pas ça qui fait un bon jeu. Et sans combler ces lacunes, WRC 2 parvient à attirer notre sympathie.
Manette en mains, le titre de Milestone se laisse juger de deux façons. D’un côté, l’absence prononcée de grip, la large marge de manœuvre autorisant une conduite osée ainsi que la difficulté à vraiment différencier les types de surfaces font de WRC 2 un titre qui n’est pas vraiment le jeu de rallye que l’on imaginerait en tant qu’amateur de la discipline. Niveau sonore, c’est correct, mais on peine à vivre l’excitation que procure un bruit de moteur comme c’est le cas dans d’autres jeux de course. En contre partie, force est de reconnaitre que ce gameplay se prête plutôt bien à des spéciales rythmées, à une sensation de vitesse agréable, à un sentiment de maitrise plaisant. L’accessibilité semble d’ailleurs être le maitre mot de WRC 2 qui offre une panoplie d’aides à la conduite (qu’il est possible de désactiver, même pour les indicateurs de virages. Ouf !). Au final, si on entre dans le jeu de Milestone, on apprécie peu à peu WRC 2, un peu de la même manière qu’on aimait jouer à un Colin McRae sur la génération précédente. La seule chose qui le rapproche du vrai rallye, c’est l’importance des annonces du copilote ; les tracés sont plutôt bien pensés et en jouant uniquement avec ces indicateurs, le plaisir est décuplé. Notre copilote s’en sort bien dans l’ensemble, quoi que parfois un peu en retard ou ne privilégiant que trop la sécurité. Et si l’on adhère au soft, il y a de quoi faire en parallèle d’un mode carrière déjà bien long : spéciale ou rallye simple, time attack (avec la possibilité de télécharger les fantômes des joueurs classés), défis de la WRC School, bataille à tour de rôle en local et bien sûr multijoueur sur le Xbox Live. Ces parties, jouables jusqu’à seize personnes, ne posent guère de problèmes de lag ou de collisions en se déroulant logiquement sous forme de bataille face aux fantômes des autres joueurs.
+
- Beaucoup de choses à faire
- Sensations de conduite pas désagréables...
-
- ... Mais sont-elles ce que l'on attend d'un WRC ?
- Techniquement daté, vraiment
- Austère et sans âme