Jeux

Ys Origin

Action/RPG | Edité par DotEmu | Développé par Falcom

8/10
One : 11 avril 2018
10.04.2018 à 00h30 par - Rédacteur

Test : Ys Origin sur Xbox One

Is Ys good or is no-good ?

En voilà un qui arrive de très loin pour inaugurer l’entrée de la licence à succès Ys sur une machine Xbox. Apparu en 2006 sur PC au Japon uniquement, puis en 2012 ailleurs, Ys Origin a ensuite fait escale sur Playstation 4 et PSVita l’année dernière. Avant de finir par s’annoncer enfin, il y a seulement quelques semaines, sur Xbox One. Derrière la résurrection du RPG de Falcom on retrouve l’éditeur français DotEmu, lequel s’est fait de la réédition de jeux du passé une spécialité. Mais pour Ys Origin, était-ce réellement une bonne idée ?

Avant de parler en détail de Ys Origin, peut-être qu’il est intéressant de rappeler ce qu’est cette saga crée par Falcom. Il s’agit ici d’une serie de JRPG orientés action, parmi les plus anciennes avec un premier épisode sorti sur PC en 1987 et de nombreux autres supports par la suite. Preuve de sa longévité et de sa bonne santé : il y a seulement quelques mois sortait Ys VIII : Lacrimosa of Dana (partout… Mais pas sur Xbox One), avec comme toujours Adol et sa chevelure flamboyante pour incarner le héros de Ys. Enfin, pas vraiment « comme toujours » puisque dans le cas de Ys Origin, on voyage dans le temps pour remonter quelques sept siècles avant les événements du premier épisode et découvrir les fondements de la saga. Exit donc Adol et bonjour à Yunica, Hugo et un troisième larron dont on tait le nom pour ne rien gâcher. A cette époque, le monde de Ys jusqu’ici paisible et abondant grâce à la puissance de la Perle Noire bascule soudainement dans le chaos. Les démons affluent et mettent les terres à feu et à sang, forçant les deux déesses Reah et Feena à imaginer un stratagème pour leur échapper. Usant de leur pouvoir, les Déesses permettent au Temple de Solomon de s’élever dans les cieux, au-delà du danger désormais présent à chaque recoin de la planète. Ainsi est sauvée l’humanité. Mais les démons ne l’entendent pas ainsi. Comme le Roi fou qui empila moult objets pour tenter d’atteindre la Lune, les forces du mal érigent une tour immense, prête à fendre les cieux pour rejoindre le Temple. Face à ce danger et sans en informer qui que ce soit, les deux Déesses décident alors pour une raison inconnue de se rendre dans la tour avec la Perle Noire. Pris de panique devant cette soudaine disparition, les humains du Temple dépêchent quelques personnes afin de les retrouver et de percer le mystère de leur pèlerinage : ainsi débute l’aventure de Yunica et Hugo.

ys test 2

Ys prend la forme d’un Action-RPG au sens le plus radical du terme : préparez-vous à marteler le bouton X pour tailler en pièces des hordes de démons le long de la trentaine d’étages qui composent la tour. D’ailleurs, il vaut mieux ne pas être claustrophobe car l’intégralité de l’aventure prend place à l’intérieur de cette immense bâtisse. Un bouton pour frapper donc, un autre pour sauter, un troisième pour activer une attaque spéciale et un ultime pour voir augmenter les capacités du héros pendant quelques secondes : difficile de s’y perdre et on a vite fait de trouver ses marques. Que ce soit avec Yunica et sa hache pour du combat au corps-à-corps ou à l’inverse, à distance grâce à la magie d’Hugo, Ys Origin ne fait pas dans la dentelle et assume du début à la fin une orientation dynamique, débridée, pas loin d’être complètement bourrine. Au sens noble du terme. Débloquées progressivement, les trois attaques spéciales propres à chaque personnage permettent d’un côté de balayer les ennemis autour, de faire apparaître une colonne de foudre, d’expédier des boules de feu ou encore de bénéficier d’un bouclier magique. A charge du joueur d’utiliser la bonne compétence face aux bons ennemis et de veiller à laisser la barre de magie se recharger. L’attente n’est jamais très longue puisque les vilains lâchent des objets à tout-va, contribuant ainsi à ne jamais laisser l’action faiblir. En ce sens, Ys Origin est réellement prenant et chacun peut y trouver son compte avec les différents modes de difficulté proposés.

«Ys Origin ne fait pas dans la dentelle et assume du début à la fin une orientation dynamique, débridée, pas loin d’être complètement bourrine. Au sens noble du terme»

On progresse assez facilement à l’intérieur des étages. En prenant soin d’abattre chaque ennemi, on gagne généralement suffisamment de points d’expérience pour être à niveau et au pire, un simple passage d’une pièce à l’autre fait réapparaitre les ennemis. A l’occasion, ça peut aider à prendre le petit plus d’expérience qui fait la différence, tandis qu’il est primordial de fouiller les lieux pour trouver quelques pièces d’équipement et surtout un élément qui, donné au sorcier tranquillement stationné dans le hall, change significativement la puissance de l’arme de base. D’autres objets permettent d’améliorer les compétences alors que dans le même temps, ramasser les points de «PS» lâchés par les ennemis est important en vue du déblocage de bonus. Cela peut être une meilleure résistance aux altérations d’état, un gain de points PS plus rapide, une armure plus solide ou un loot plus important. Une quinzaine de bonus de ce type sont à débloquer et constituent l’essentiel de renforcement du personnage. C’est que Ys Origin est tout de même assez particulier : l’expérience augmente l’attaque et la défense sans spécification particulière, l’arme est unique, l’équipement de défense se limite à deux éléments. On en récupère six de chaque à mesure que l’on progresse dans le donjon, sans forcément trop chercher, à la manière pour les plus vieux d’entre nous d’un Landstalker (Megadrive, 1992). Le reste des objets est relatif à l’histoire et donc immanquable. L’inventaire reste alors relativement léger, une bonne chose pour cet élément qui n’a pas été revu et souffre de quelques lourdeurs. On ne sait jamais vraiment ce qui est équipé, ou plus précisément ce qui a besoin de l’être. Certains objets agissent seuls, d’autres non mais rien ne le précise.

ys test 1

Le joueur a donc finalement très peu d’emprise sur l’évolution de son personnage, voire aucune quant à la manière dont il se bat ou résiste. La réponse à une épreuve un peu trop difficile trouve nécessairement sa réponse dans un peu de grinding et surtout une exploration complète des lieux. On l’a dit, l’avancée générale ne pose pas de difficulté particulière. Une once de plateforme dynamise la progression et pose parfois quelques petits problèmes de perspective (sans aucune punition en cas de raté cela dit) ; quelques énigmes parsèment l’aventure mais à part une poigné d’exceptions qui manquent quelque peu de clarté, on trouve la solution sans même la chercher. Mais on n’est pas tranquille ni invincible pour autant. Les combats de boss surviennent régulièrement et sont autant de moments idéals pour vérifier que l’on est à niveau, tant du côté de l’expérience que de l’amélioration de l’arme. Tous très différents, les boss opposent une bonne résistance que seule une certaine expérience du combat vient mettre à mal. Autrement dit, préparez-vous à perdre quelques fois avant de parvenir à étudier suffisamment bien les patterns ennemis et triompher. Il y a dans ces affrontements un petit côté shoot’em up, par la façon dont il faut se placer et réagir aux attaques, à plus forte raison lorsque l’on incarne Hugo et sa capacité à combattre à distance. Une particularité de Ys est également à prendre en compte : il est impossible de transporter des objets de soin. A part ceux récupérés lorsque les ennemis tombent (utilisables instantanément), un passage par une statue divine (servant de point de sauvegarde) ou en immobilisant le personnage quelques secondes dans les zones sûres (couloirs extérieurs plutôt rares), rien ne vient en aide au joueur au moment où il en a sûrement le plus besoin. Il faut s’efforcer de gérer au mieux son stock de points de vie. Du coup, les boss ne lâchant absolument aucun objet durant le combat, l’affrontement est une vraie affaire de mesure et de tactique. Généralement, être trop en difficulté signifie que l’on a manqué quelque chose et c’est souvent une pièce d’amélioration de l’arme.

«L’histoire des origines de Ys ne manque pas de consistance et se développe sur des points de vue différents en fonction du personnage incarné. Cela ne sauve pas le jeu d’une certaine répétitivité car même s’il est très agréable dans l’ensemble, il est à peu de choses près identique pour chaque héros»

Heureusement, le déplacement au sein de la tour a été bien pensé. Les points de sauvegarde sont bien placés et utiliser un cristal que l’on obtient dès le début de l’aventure permet de se téléporter directement vers l’un de ces lieux. C’est l’occasion d’apprécier l’absence totale de temps de chargements dans Ys Origin, ce qui vient confirmer le caractère dynamique et débridé du titre. C’est la moindre des choses me direz-vous, compte tenu de l’âge avancé du titre et de son aspect visuel forcément un peu désuet. C’est néanmoins très propre et en dépit de quelques textures oubliées au passage en HD (la poignée de cinématiques est, pardonnez l’expression, dégueulasse), il est difficile de ne pas tomber sous le charme de la direction artistique du titre. Chaque étage y va de ses influences et l’on passe d’un donjon classique à une zone inondée ou au contraire, brûlant sous un feu ardent. Fluide en toutes circonstances, Ys Origin développe son scénario avec une certaine régularité pour ne jamais laisser le joueur sombrer dans le doute ou l’ennui. Pour en profiter, il faut passer outre la mise en scène minimaliste et surtout des textes sans le moindre doublage. Oui, ça fait un peu drôle et les optimistes diront que l’on profite alors d’autant plus des compositions musicales, excellentes. L’histoire des origines de Ys ne manque pas de consistance et se développe sur des points de vue différents en fonction du personnage incarné. Cela ne sauve pas le jeu d’une certaine répétitivité car même s’il est très agréable dans l’ensemble, il est à peu de choses près identique pour chaque héros. Les dialogues changent, les boss n’apparaissent pas dans le même ordre mais pour le reste, tout est à sa place. Ainsi, après environ huit heures passées à déambuler dans le donjon pour boucler la première aventure, on peut ressentir progressivement une certaine lassitude au contact des deux autres, néanmoins plus courtes puisque l’on sait où aller et quoi faire. Comptez alors un peu moins de six heures pour terminer chaque autre run. Si toutefois l’envie vous prend d’en remettre une couche, Ys Origin propose un mode Speedrun et un Time Attack où l’on enchaine sans vergogne des combats de boss. Avec une ultime surprise au casting.

8/10
Dungeon-RPG porté sur l’action, dynamique du début à la fin d’une aventure de base certes relativement courte, Ys Origin et ses douze ans d’âge n’incarnent peut-être l’entrée en matière la plus sexy à laquelle pouvait prétendre cette grande saga sur Xbox One. Cette aventure que l’on vit intégralement entre les murs d’une tour immense a quelque chose de claustrophobique au départ ; et puis on avance, sans relâche, pour s’apercevoir peu à peu que tout cela a été construit autour d’une direction artistique ingénieuse et surtout rythmé avec une régularité d’une précision diabolique. Prenant, même si l’enchaînement de trois runs pour connaitre tout l’histoire a de quoi rebuter, Ys Origin remplit parfaitement son rôle d’Action-RPG plaisant dans un registre rare, pour ne pas dire étranger au catalogue Xbox One.

+

  • Simple, dynamique, prenant
  • Progression extrêmement bien rythmée
  • Prise en mains immédiate
  • Direction artistique très inspirée
  • Bande-son excellente
  • Digne représentant d’un genre bien rare sur Xbox One
  • Techniquement propre…

-

    • … Mais l’âge du titre se ressent inévitablement
    • Court si l’on s’en tient à un personnage
    • Répétitif si l’on accomplit les trois aventures
    • Très peu d’interactions avec le personnage (évolution, équipement)