Jeux

Army of Two

Stratégie | Edité par Electronic Arts | Développé par EA Montreal

6/10
360 : 06 mars 2008
08.03.2008 à 15h25 par |Source : http://xbox-mag.net/

Test : Army of Two sur Xbox 360

Army of Two versus Gears of War, la comparaison est inévitable et sera forcément présente dans notre test. Après tout, Alain Tascan, d’EA Montréal, n’a-t-il pas défié le jeu d’Epic qui a maintenant plus d’un an ? Mais contrairement aux autres jeux du genre (Kane & Lynch par exemple) qu’on a pu voir arriver sur le front ces derniers mois, Army of Two est, sur le papier, suffisamment armé pour faire face au mastodonte d’Epic. Assez pour se faire une place au soleil et surtout dans notre ludothèque ?


Pour EA Montréal, l’enjeu était de taille : fournir un jeu entièrement pensé pour la coopération, au point que même le titre du jeu « l’armée de deux » s’avère être une pression supplémentaire. Pourquoi ? Car en novembre 2006 est sorti Gears of War, qui a écrasé le marché avec des millions d’exemplaires vendus. Doté d’un mode coopératif très abouti, le titre d’Epic a tiré une partie de son succès de sa campagne jouable à deux. Electronics Arts a donc voulu enfoncer une porte déjà ouverte et surfer sur le succès de son adversaire, en reproduisant un fond de jeu quelque peu ressemblant mais en y incluant ses propres idées de gameplay.

On avait beaucoup, par exemple, parlé des possibilités de couverture de Gears of War. Tout comme Marcus et Dom, les deux mercenaires stars d’Army of Two que sont Rios et Salem savent utiliser le terrain à leur avantage. Dans Gears of War, il suffisait d’une simple pression sur un bouton pour se mettre à couvert. Army of Two ne nécessite, lui, aucune pression pour foncer à l’abri, un peu comme un Ghost Recon. On est dans ce sens moins enfermé, plus libre que dans le soft d’Epic. D’autant plus que quand on se met devant un obstacle, le personnage que l’on contrôle est légèrement aimanté par ce dernier, notamment sur les côtés. On peut donc sortir légèrement de l’abri pour y revenir automatiquement et à notre guise. Un système très réussi et peut-être plus naturel, plus spontané que celui que proposait le titre d’Epic.

Two les coups sont permis ?

Sans compter que le système de tir en aveugle est utile et précis, et donc logiquement plus utilisé. On peut en dire autant pour les ordres que l’on donne à notre coéquipier : simples et intuitifs (avancer, se regrouper et se mettre à couvert le tout à deux niveaux différents selon la pression que l’on veut apporter). On sent réellement l’apport de Rios ou Salem, selon le personnage qu’on incarne, en solo, dans une campagne dont on parcourra l’intégralité à deux. Ce sont les combats au corps-à-corps qui déçoivent, le système étant loin d’être au point en face et surtout peu ergonomique puisqu’il faut marteler le bouton tir quand on est proche d’un adversaire jusqu’à que le coup tombe. Assurément un très mauvais point après la tronçonneuse de Gears of War et le couteau de Call of Duty 4 par exemple, qui ont su marquer fortement les esprits.

Ce ne sera une surprise pour personne : Army of Two est, sur le papier, pensé pour la coopération, peut-être plus que n’importe quel autre shoot actuel, et dans ce sens, il nous propose quelques facettes de gameplay totalement pensées pour s’amuser à deux. De prime abord, cela se ressent dans tous les niveaux, qui proposent généralement des secteurs assez grands pour pouvoir emprunter plusieurs chemins différents (mais le concept reste limité puisqu‘au final, il vous faudra toujours décider qui va couvrir l‘autre). Le jeu gère l’attention des troupes ennemies grâce au dispositif de l’aggromètre, et permet à ce titre de construire des stratégies, l’un jouant le rôle du chiffon rouge, l’autre du mec discret prenant des chemins détournés pour prendre l’ennemi à revers. Et si l’un des joueurs est suffisamment agressif, il déclenchera pour un laps de dix secondes un mode « frénétique » avec un joli bullet time qui lui permettra d’arroser les rangs ennemis tel un terminator, impassible et méthodique. Durant ce même laps de temps, l’autre bénéficiera par contre d’un mode « furtif » avec une vitesse accrue, ce qui lui permettra de s’enfoncer au sein des rangs ennemis pour semer le chaos. Voilà pour l’idée. En pratique, ce concept d’aggromètre est à double tranchant, puisqu’il peut rendre le jeu trop facile dès qu’on l’a parfaitement acquis.

On peut également déclencher quelques mouvements coopératifs, à l’aspect légèrement scripté pour aider à leur bonne réalisation. Tout d’abord la séquence dos à dos, au titre explicite, où vous devrez dégommer un maximum d’ennemis, ralentis par le bullet time, qui viennent de tous les côtés. A d’autres moments, on pourra s’équiper d’un bouclier, permettant à vous et votre partenaire d’avancer à l’abri sous le feu adverse. L’aspect un peu regrettable de ces phases de jeu, c’est qu’elles ne se déclenchent pas quand on le veut, mais à des moments bien précis de l’aventure. Certains autres passages sont un peu maladroits, comme quand il s’agit d’enfoncer une porte, car ils ne sont pas jouables : ils font l’objet d’une cinématique de quelques secondes qui coupe l’action.

On apprécie quand même la possibilité de faire la courte échelle à son partenaire pour grimper à un étage plus haut avec la possibilité que celui-ci fasse le ménage dans un premier temps avant de se charger de hisser son pote.

Ces techniques ont bien sûr pour but de vous aider à décimer les rangs des ennemis, dans l’ensemble mobiles et n’hésitant pas à vous contourner ou à se mettre à couvert dès qu’ils sont un peu trop touchés. Le jeu est de ce fait dynamisé et les gunfights sont plaisants. Mais tout au long de la campagne, on ne retrouve que trois types d’ennemis : la chair à canon de base, les mecs intermédiaires, forts mais pas trop, et les tanks sur pattes, qu’il faut essayer d’avoir par derrière. Leur apparence varie selon leur origine ethnique mais ils restent tous similaires et ont tous la même approche (mis à part de rares exceptions, comme les kamikazes afghans, bonjour le cliché).

En parlant d’ethnies, Rios et Salem, nos chers mercenaires, voient effectivement du pays puisque ce ne sont pas moins de six contrées différentes (pour autant de missions) qu’ils devront visiter en suivant les liasses de billets qui leur sont proposées. Ne cherchez pas une logique au scénario qui est loin d’être le point fort du titre. On aurait pu s’attendre à en prendre plein les yeux avec ce soi-disant dépaysement qui nous emmènera en Somalie, en Afghanistan, en Irak en passant par la Chine, mais non, les décors sont souvent vides, pas très beaux (hormis quelques passages) et manquent totalement d’âme et de personnalité. Sans compter que le jeu use et abuse des effets de lumière au lointain, censés nous éblouir mais qui ne font que masquer durant quelques secondes la laideur des décors. Le contraste avec les deux héros est tellement fort que ça ne rend pas du tout service au jeu. On oubliera au passage les explosions et les passages en hovercraft, tellement ridicules qu’elles ne méritent pas d’être citées.

Rios et Salem ont par contre bien la classe, avec leurs têtes à claques et leurs charriages à répétition. Les deux se ridiculisent bien volontiers en s’envoyant tour à tour des vannes bien grasses, en se félicitant mutuellement en mimant quelques coups de gratte avec leurs armes ou en se balançant des mandales dans la tronche. Cela contraste énormément avec le physique de nos héros avec leurs têtes ténébreuses et leurs masques mortuaires tout en apportant une touche d’humour mine de rien assez rafraîchissante.

On y retourne poto ?

Reste qu’avec des décors et des ennemis pas spécialement mémorables, on aurait pu rendre le verdict « Bon shoot sans plus », mais non, ce serait oublier le principal : la vraie coopération avec un ami que ce soit sur écran partagé ou sur Xbox Live (une fonction recherche de joueurs est toutefois présente pour vous permettre d’en trouver un si votre liste est vide). Si en solo, le CPU obéit parfaitement à vos ordres, s’organiser avec un ami est autrement plus ardu puisque, à part si vous pratiquez l’hypnose, vous ne le contrôlez pas. Il vous faudra communiquer sans cesse, organiser des tactiques pour décider qui va contourner l’adversaire, etc. En effet, s’il est facile de gérer « l’aggro » en solo puisqu’il suffit de demander à votre coéquipier d’attendre patiemment qu’elle monte pour débloquer les modes « frénétique » et « furtif », là, il faut savoir s’organiser et partager les rôles. Si dans un Gears of War ou un Halo 3, le mode de difficulté le plus haut en coop reste accessible, c’est une autre paire de manche dans AOT. De quoi passer de bons moments à deux en soirée sans oublier que grâce aux succès qui tournent généralement autour du nombre de victimes par arme, la replay-value du jeu est assez bonne. L’armement est peut-être basique, mais de qualité avec pas mal de customisations possibles.

Quant aux autres modes en ligne, ils sont plutôt sympathiques mais bien trop limités pour avoir le succès des mastodontes du Live. Ceux-ci se déroulent dans des cartes bondées de bots où vous devrez batailler contre une autre équipe (2 vs 2) pour réaliser les différents objectifs qui vous seront demandés au fur et à mesure durant un laps de temps défini. Limités en maps (4 pour l’instant) et dans le plaisir puisqu’on peut noter un vilain petit lag (aussi présent en coop) qui peut gâcher les parties, on aura tendance à décrocher et à se reporter sur le coop, car c’est en général pour lui qu’on aura acheté le jeu.

Qu’est-ce que Army of Two ? Assurément un très bon shoot avec un gameplay carrément bon et très plaisant en coopératif. Néanmoins, le titre est loin de pouvoir prétendre détrôner le roi Gears of War qui se fera probablement un plaisir de remettre les pendules à l’heure en novembre prochain. Dommage qu’Electronics Arts n’ait pas suffisamment soigné le level design de son bébé.

+

  • Les héros
  • Certains passages marquants (le parachute)
  • La customisation des armes
  • Gameplay et actions coopératives bien pensées
  • Un coop réussi
  • De l’action bien pêchue

-

    • Un level design vraiment très plat
    • Un scénario qui laisse à désirer
    • Des ennemis qui se ressemblent tous
    • Des actions en coop pas assez interactives
    • Quelques commandes peu ergonomiques
    • Des passages en véhicule totalement inutiles