Test : Farmer's Dynasty sur Xbox One
Farmer Orochi
La particularité première de Farmer’s Dynasty, ce qui est en fait presque instantanément un objet de curiosité face auquel on a envie de rester, c’est qu’il ne se contente pas d’être un simulateur agricole pur et dur. Vous savez si vous avez joué à Farming Simulator 2019 que l’on est dans ce cas-là aux prises avec un jeu très sérieux, un simulateur certes imparfait sous certains aspects mais globalement peu enclin à vous laisser faire n’importe quoi avec votre exploitation. Dans Farmer’s Dynasty en revanche, on se sent tout de suite dans une ambiance plus légère, l’immersion est confortée par le point de vue à la première personne. Plongé dans la peau et les bottes de pluie d’un jeune ingénieur option Bob le Bricoleur venant tout juste d’hériter de la ferme de son pauvre oncle, c’est une nouvelle vie qui s’offre à nous. Le rêve des quelques urbains qui à l’approche de la quarantaine se demandent où ils en sont et songent au grand air se réalise pour notre ingénieur ; à ceci près qu’il est seul avec peu d’argent en poche et que Tonton, aussi brave fusse-t-il, lui a légué un beau cadeau empoisonné. Oui, ça a sûrement été une belle ferme… Sous la IIIème République. Alors que l’on visite les lieux en compagnie du voisin, on constate les dégâts, nous demandant à quel moment vont se montrer le Glaude et le Bombé. Mais personne ne crie «surprise !» et même le puits tire la gueule.
Il faudra donc patienter avant qu’il soit l’heure du perniflard et c’est l’occasion de découvrir l’une des premières -et importantes- fonctionnalités de Farmer’s Dynasty : la maçonnerie/bricolage. En équipant simplement l’outil de réparation (lequel change astucieusement de forme selon le type de matériau visé), on répare les planches de la grange, on comble les fissures, on remet un coup de neuf aux portes et fenêtres. Il n’y a rien de spécial à faire, si ce n’est appuyer 3-4 fois sur le bouton ou le laisser enfoncé selon l’option choisie. Pour atteindre les points en hauteur on peut en deux petites sélections dans le menu placer un échafaudage. Si le jeu ne s’embête pas à vous imposer des réserves de matériel pour ce qui est de la réparation, il est néanmoins possible par la suite d’acquérir par exemple du métal pour transformer une porte de grange branlante en une ouverture solidement protégée. Pour les perfectionnistes, les esthètes, Farmer’s Dynasty propose même débroussailleuse et tronçonneuse. Une fois le fonctionnement de tout cela bien intégré on retape donc la maison, la grange, le poulailler et puis la serre, au point d’en oublier qu’il y a le mot « Farmer » dans le titre du jeu. Eh oui, ça fait déjà bien deux heures que l’on bricole sans toucher un épi de maïs.
Préparez-vous néanmoins à ne pas lâcher le pistolet à clous et la disqueuse avant un moment. Parce que ce que Tonton a oublié de vous léguer, c’est du matériel agricole. C’est ballot, hein ? Bien trop cher au départ du côté de l’unique concession disponible, l’équipement de base peut heureusement être récupéré chez les voisins en échange de services rendus. Et ces coups de main eh bien ils tournent autour de la réparation de granges et autres serres. Vous revoilà donc avec le matos à la main, prêt à faire briller à nouveau ces fermes décidément bien amochées. Une spécialité locale peut-être ? Bref, une fois les quelques intéressés débarrassés de leurs soucis et de leur vieux matériel par la même occasion, vous voilà prêt à exploiter vos deux parcelles. En attendant de peut-être en acheter d’autres. Labourer, herser, planter, pulvériser si besoin, attendre et récolter. La musique est connue, encore que l’on vous laisse ici une certaine marge de tolérance, tout n’a pas besoin d’être parfait pour fonctionner. S’il n’est pas possible de régler la vitesse à laquelle le temps passe (le cycle est relativement court cela dit), une option permet d’avancer d’une semaine d’un coup, sans prendre trop de risque pour les récoltes. Au besoin un ouvrier peut venir en renfort et on apprécie le fait de pouvoir choisir avec précision la tâche qui l’attend, avec un coût de l’emploi connu à l’avance. Lorsque l’on s’en charge nous-même, on retrouve des commandes simples, très similaires à celles de Farming Simulator jusque dans le placement des raccourcis. Bref, tout roule sans trop de prises de tête, à part pour savoir si on livre dans un lieu proche pour peu d’argent ou lointain mais pour un gain autrement plus intéressant.
Si le choix des cultures est ici plus bas que dans Farming Simulator (blé, maïs, orge, colza, etc… Les cultures céréalières classiques) et le matériel dédié également, on peut se rabattre sur une partie élevage autrement plus facile à gérer. Il suffit d’acheter des poules ou des vaches et de veiller chaque jour à récolter le fruit de leur production, sans jamais oublier de vérifier la quantité d’aliments disponible. On dispose également d’une serre pour produire des tomates, des courgettes ou des citrouilles. Il suffit de planter, de veiller régulièrement à maintenir un bon niveau d’humidité et de récolter le moment venu pour avoir de quoi gagner quelques euros. Mais aussi et tout simplement pour avoir de quoi manger. Farmer’s Dynasty vous demandera non seulement de surveiller votre niveau de fatigue mais aussi celui de votre estomac. On peut y aller comme un sauvage et manger un œuf cru, mais il est tout de même plus efficace de consommer un plat cuisiné. Pour cela, vous pouvez vous rendre à l’épicerie et acheter ce qu’il faut, en profitant de l’occasion pour vendre certains de vos produits comme les œufs, le lait, les champignons ramassés au gré des promenades ou encore les poissons péchés grâce à cette canne que ce même épicier vous a vendu. Ou alors, pour bien manger, vous aurez besoin… D’une femme.
Eh oui mon bon monsieur, trouver une compagne de route est le moyen d’avoir chez soi de bons petits plats. Ce n’est pas moi que le dit, c’est le jeu. A noter que vous ne pourrez incarner qu’un homme et vous marier qu’avec une femme, Farmer’s Dynasty n’intégrant pas d’autre combinaison possible. Trouver votre moitié fait partie de la composante sociale du jeu, assez importante sur le papier et qui le conforte dans son statut de titre hybride agriculture/simulation de vie. Les services rendus, l’évolution de votre activité améliorent votre réputation auprès des autres habitants, qui sont peu nombreux mais disposent tous d’une identité propre et d’un lieu de vie identifiable. Attention cependant, car maltraiter les champs de vos voisins peut à l’inverse vous faire perdre des points ! Ces points servent tout au long du jeu à réduire le coût des acquisitions, à ouvrir vers de nouvelles missions secondaires et donc à parvenir à séduire l’une des célibataires. Quelques petites paroles, un cadeau le cas échéant et peut-être vivrez-vous à deux dans votre ferme. Et bientôt trois, puisque l’on peut évoluer vers la création d’une petite famille.
L’idée est intéressante, tout comme le concept de Farmer’s Dynasty dans son ensemble. Son accessibilité et son côté touche à tout en font un titre agréable à découvrir. Il n’en demeure pas moins vrai qu’il faudra vous armer de patience pour profiter de chaque chose. De la patience face aux phases de dialogues trop limitées, parfois complètement absurdes. On fait vite le tour des possibilités sociales mais on a tout de même le temps de se rendre compte de la vacuité des sujets de discussion. Il faut de la patience aussi face à des déplacements en véhicules d’un lenteur horrible (du moins avec le premier tracteur) et l’absence pénalisante d’un moyen de ramener automatiquement à la ferme un véhicule ou une pièce qui se trouve ailleurs. Alors que le très sérieux Farming Simulator le permet, Farmer’s Dynasty n’autorise pas ce petit tour de passe-passe et vous devrez multiplier les aller-retours parfois bien pénibles. On comprend l’obligation quant il s’agit de revenir depuis un lieu de livraison, un peu moins quand on remporte une moissonneuse et deux barres de coupe différentes qu’il faut ramener une après l’autres à la ferme. Quand un seul voyage prend déjà plus de cinq minutes, la note globale est salée. On peut heureusement utiliser les arrêts de bus disséminés un peu partout pour se déplacer rapidement lorsque l’on est à pied, c’est déjà ça de pris.
Il y a donc dans Farmer’s Dynasty, à mi-chemin entre les débuts prenants et les heures de jeu plus lointaines où l’on est bien équipé, un long passage quelque peu pénible, répétitif, qui nuit à l’immersion. Quitte à être un jeu permissif, on aurait aimé qu’il le soit jusqu’au bout. Mais ce qui va surtout vous demander patience et compassion pour profiter de Farmer’s Dynasty, c’est sa prestation technique. Artistiquement, c’est chaleureux, on est plongé dans une petite région plaisante à découvrir et même si la musique est répétitive, on se sent bien sur cette map. Graphiquement en revanche Farmer’s Dynasty est un jeu qui a plusieurs années de retard, pourtant testé sur Xbox One X, avec un habillage grossier mêlé à quelques soucis d’échelle, un framerate inconstant, du cliping et autres animations bien raides du côté des PNJ. Quand ceux-ci ne sont pas victimes d’un bug qui nous empêchent de leur parler et donc de valider une mission. C’est parti alors pour un reboot du jeu et quelques grincements de dents.
+
- Mélange des genres original
- Accessible
- De quoi occuper un bon moment
-
- Techniquement faiblard
- Des lourdeurs et moments un peu ennuyeux
- Aspect social trop léger