Test : Overlord sur Xbox 360
A la conquête du monde
Le synopsis du jeu se résume très simplement : un beau jour (pour éviter le sempiternel «Il était une fois »), l’Overlord, seigneur du Mal au bois dormant, est tiré de son sommeil millénaire par ses serviteurs, les minions, ou larbins en français, dans le but de reconquérir son domaine. Les forces du Bien ont en effet complètement détruit la tour, sa demeure, et réduit à néant son influence sur les terres alentours. Cerise sur le gâteau, le business du Mal a été repris par sept seigneurs, sept cloportes velus (représentant chacun l’un des sept péchés capitaux) qu’il lui faudra éliminer pour se refaire un nom. Pour accomplir cette tâche, l’Overlord peut compter sur l’appui des larbins, de curieuses créatures entièrement dévouées à sa seule et unique personne.
Toute l’histoire se déroule dans un monde dont l’esthétisme cache de nombreuses références, volontaires ou non. L’Overlord lui-même fait diablement penser à l’incarnation de Sauron dans le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Le peuple des Halfelins et ses habitations à flanc de colline permettent de fortifier ce parallèle, puisqu’il est impossible de ne pas les rapprocher des fameux Hobbits. Ce sentiment est somme toute assez naturel, l’ensemble du jeu réutilisant les standards de l’heroic-fantasy, ou plutôt se les réappropriant, dans le sens où la dérision générale qui y règne n’a pas grand-chose à voir avec ce qui se fait d’ordinaire et lui donne un réel cachet. Il serait aisé d’inclure les minions dans le lot et de les comparer aux gobelins ou autres orcs, mais on les rapproche plus volontiers des gremlins de Dante et Columbus, dans leur forme maléfique bien entendu. Enfin, du point de vue général, le style graphique d’Overlord rappelle immanquablement la touche très particulière de Fable. Techniquement, le jeu n’est – ne passons pas par quatre chemins – pas au niveau des grosses productions actuelles. Il comble néanmoins ce manque par la richesse et la beauté de ses environnements, une performance remarquable alors qu’on voit souvent s’opérer le phénomène inverse de nos jours. Là où le bât blesse, c’est surtout dans l’animation et la modélisation des personnages, sans doute le domaine où les carences techniques d’Overlord transparaissent le plus.
Oui, maître !
Avec un postulat de départ tel que celui d’Overlord, on devine aisément en quoi consiste le jeu : récupérer sa puissance perdue, petit à petit. Malgré tout, on ne se trouve pas vraiment devant un système typé RPG. On peut se construire de nouvelles armes et armures, également se procurer divers sorts (attaque, mais aussi soutien), mais l’essentiel ne vient pas de l’Overlord lui-même. Lourd dans ses déplacements, voire carrément pataud, peu agréable à manier lors des combats, le pépère préfère déléguer, en bon chef d’entreprise satanique. C’est la subtilité principale d’Overlord : il se concentre sur le contrôle des larbins, la masse grouillante à tout faire qui se retrouve à proximité de tout bon méchant qui soit. Individuellement faibles, les minions deviennent une force indispensable à l’ascension de l’Overlord une fois groupés. Utiles en tant que chair à canon au combat, ils sont surtout la clé permettant d’avancer dans les niveaux du jeu, car ils sont les seuls à pouvoir activer certains mécanismes et transporter les objets vitaux à la progression. Au fil de l’aventure, le total de larbins commandés passe de 5 à 50, et on en découvre quatre type différents (bruns, rouges, verts et bleus, tous nécessitant de tuer des créatures particulières pour être créés), chacun possédant ses propres capacités spéciales. Il ne faut cependant pas se méprendre, Overlord ne propose jamais d’épineux casse-tête ou d’énigmes retords. Le soft mise avant tout sur l’action immédiate, qu’il faut aborder de la bonne manière évidemment, mais sans pour autant avoir à se creuser la cervelle outre-mesure.
Pour mieux mettre en œuvre le contrôle des minions, Triumph a dû sacrifier celui de la caméra. On sent déjà que le pad a posé quelques problèmes, puisque certaines commandes avancées ne sont pas hyper intuitives. Pour ce qui est de la base, on se retrouve donc avec une caméra presque entièrement automatisée, les groupes de larbins se contrôlant à l’aide du stick droit. Rien à dire, d’ailleurs, sur cette dernière commande, finalement bien fichue et agréable à utiliser. Il n’en est pas de même pour la caméra, qui, malgré deux points de vue différents, souffre pour suivre correctement l’action. Un mal pour un bien donc, mais on aurait au moins apprécié que Triumph implémente une mini-carte pour compenser, ce qui n’est pas le cas. Privé d’une vue libre, sans repères, il arrive qu’on s’égare bêtement dans certaines zones pourtant tout sauf libres ou étendues, et on s’en serait bien passé.
Au-delà du déroulement un peu trop linéaire du titre, qu’on aurait peut-être voulu voir exploiter plus largement les possibilités liées aux minions, on constate que ce dernier contient tout un paquet d’idées pas toujours utiles mais qui l’aident à sortir du lot. Tout d’abord, les actions de l’Overlord, à certains moments-clés, déterminent son degré de corruption. On est confronté à des choix moraux (rendre les marchandises volées au villageois ou les garder pour soi, par exemple) qui permettent, si on opte pour la solution maléfique, d’obtenir des avantages et d’augmenter légèrement la puissance de son seigneur. Mais alors, on laisse de côté la touche d’humanité qui pourrait, à terme, avoir des conséquences intéressantes. D’autre part, la reconstruction progressive de la tour, le QG de l’Overlord, donne accès à de petits à-côtés comme on les aime : une arène pour s’entraîner au combat, une forge pour améliorer son équipement, etc. Trouver une compagne, au hasard des quêtes menées à l’extérieur, permet même de choisir la déco de l’édifice et d’accéder à des pièces bonus, comme l’inévitable salle au trésor, où on peut admirer l’évolution de son tas d’or personnel. Du bonus, mais c’est ce genre de petites attentions portées au joueur qui font la personnalité d’un jeu. Et Overlord, avec son humour ravageur, ses doublages de qualité et ses musiques composées avec talent, en a, de la personnalité, c’est indiscutable. Le genre de soft auquel on s’attache, malgré ses imperfections.
Online : des plus et des moins
A côté de son bon mode solo, Overlord propose quelques fonctionnalités en ligne. On ne doute pas que l’intention y soit, malheureusement, après quelques essais, le gameplay s’avère relativement inadapté aux matchs multijoueur, du moins dans ceux qui sont proposés. Le Live étant généralement cruel avec les plus faibles, un désintéressement rapide des joueurs est à craindre. A côté de cela, Triumph a annoncé vouloir alimenter son jeu en contenus en ligne, et pourrait sortir, dans quelque temps, une extension de la campagne solo. Il faudra donc garder un oeil sur le marketplace, malgré tout.
+
- Beaucoup de personnalité, d'humour et d'intelligence de conception
- VF qui colle bien, pour une fois, et bonnes musiques
- Durée de vie satisfaisante
- Gameplay agréable
- Idées de départ (incarner le Mal, les minions)
- Un esthétisme qui fait oublier de nombreuses carences techniques
-
- Trop routinier, ne va pas au bout de ses idées
- Caméra automatisée, mais qui en souffre
- Absence de mini-carte préjudiciable
- Aurait gagné à proposer plusieurs niveaux de difficulté
- Modes en ligne plus anecdotiques qu'autre chose
- Combats brouillons