Test : The Darkness sur Xbox 360
Nourris… Ta… Haine…
Jackie Estacado est un orphelin adopté par la Famille. Non pas une famille, La Famille. Jackie baigne dans la Mafia depuis son plus jeune âge. Pour fêter dignement vos 21 ans, l’Oncle Paulie ne trouve rien de mieux que de vous envoyer chercher un joli paquet de billets qui lui appartient. Evidemment le plan ne tourne pas comme prévu et se termine en fusillade dans un cimetière. C’est à ce moment qu’Il s’éveille en vous, le Darkness, entité millénaire du mal qui cherchera à assouvir ses propres desseins en vous manipulant, vous contrôlant. Car si le Darkness vous offre une force hallucinante, Il attend sagement son moment, celui où il vous demandera la contrepartie de ses… services. Tout s’enchaîne alors, une histoire qui se déroule sur plusieurs plans entre la vie sentimentale de notre héros, la lutte l’opposant l’Oncle Paulie (et donc tout le crime organisé New-yorkais) et le combat intérieur de Jackie contre The Darkness. Et tout ça dans un rythme maîtrisé de main de maître.
Adapté du comic book éponyme, The Darkness a été développé en secret au fond d’une grotte suédoise par Starbreeze, le studio derrière Les Chroniques de Riddick. Tout comme ce dernier en son temps, The Darkness a l’ambition clairement affichée de proposer une aventure différente des FPS actuels. Tout commence par l’univers, particulièrement travaillé ici. Dans un New York contemporain sombre et glauque, complètement nimbé derrière un filtre qui lui donne une apparence grisâtre bleutée, le métro est le point central de vos pérégrinations vengeresses, vous permettant de voyager vers les différents quartiers de la ville. C’est également dans cet endroit que vous trouverez l’un des éléments qui enrichit considérablement le gameplay de The Darkness : les quêtes annexes. Celles-ci vous sont données par les passants ou quelques protagonistes de l’aventure et sont assez diversifiées pour rafraîchir un tant soit peu la mécanique si figée des FPS. Complètement optionnelles, elles vous demandent de trouver le bracelet d’une pauvre femme, tuer une petite frappe qui sème le désordre ou encore ramasser des pièces sur la voie avant le passage d’une rame de métro. N’apportant rien de concret au cours du jeu, elles permettent néanmoins de débloquer quelques bonus comme des artworks, des vidéos de développement et même des pages du comic. Ce sont de petits éléments, certes, mais mis bout à bout, ils mettent en avant le souci de précision du studio dans la création de son FPS, précision très agréable.
Cette méticulosité est assez impressionnante, contribuant pleinement à la liberté somme toute relative offerte au joueur. Vous pouvez très bien noter les numéros de téléphone étalés sur les publicités du métro et chercher à les composer à la première cabine croisée. Vous lancerez ainsi une quête annexe vous invitant à chercher tout ces numéros. Si le cœur vous en dit, approchez vous de la télévision posée dans le caddie d’un SDF et regardez la. Avec un peu de chance et en changeant les chaînes, vous apercevrez même des extraits de Popeye ou encore Street Fighter. Ou encore vous arrêter pour regarder des danseurs de beat box se déhancher dans les couloirs du métro. Le souci du détail est poussé bien plus loin. Les tags dispatchés dans New York ont été réalisés par des professionnels et intégrés dans le jeu. Les danseurs ont été « motion-capturés » afin d’être aussi réalistes que possible. L’univers ici créé est l’un des gros points forts de l’aventure immergeant complètement le joueur dans une histoire aurythme surpuissant mais laissant la possibilité de s’écarter légèrement du chemin tracé.
Tu seras… Mien… Jackie…
Malgré son scénario captivant, son univers richement construit et une mise en scène étourdissante, The Darkness est un FPS qui ne brille pas par ses séances de gunfight, mal équilibrées. Le héros, habité par l’entité démoniaque, possède plusieurs pouvoirs qu’il débloquera bien évidemment au fur et à mesure.Celui-ci les active en passant en mode Darkness, d’une simple pression du bouton gauche, les têtes de démons apparaissant alors à ses côtés. Disposant d’une jauge d’énergie qui se recharge à condition d’être dans l’ombre (ou d’arracher le cœur de ses victimes), elles encaissent naturellement une partie des dégâts à votre place. A partir de là, libre à vous d’utiliser les pouvoirs qui feront de vous une machine implacable. L’Ombre Rampante lâche une tête de démon sur le sol que vous dirigez, laissant derrière vous votre corps vulnérable. Celle-ci se faufilera alors jusqu’à vos ennemis et arrachera leur carotide pour les éliminer en toute discrétion (et sans vous risquer plus en avant). Vous débloquerez également un gigantesque tentacule, des armes démoniaques et enfin le célèbre Trou Noir, aspirant ennemis et objets dans un vacarme assourdissant. Enfin, il vous sera possible d’invoquer des Darklings, petits démons aux rôles précis (Massacreur, Artilleur…) mais à l’IA tellement limitée que suivre vos ordres semblera trop leur demander.
Très funs à prendre en main et suffisamment originaux pour renforcer un gameplay béton, ces pouvoirs sont malheureusement mal équilibrés et ne s’accordent pas vraiment avec les armes tenues en main. L’Ombre Rampante par exemple, savamment utilisée, peut vous permettre de nettoyer une bonne grosse moitié de zone sans risques ni dommages, sacrifiant ainsi les phases de tir sur l’autel de la facilité. Le Bras du Démon était vraiment une bonne idée mais ne servira qu’à peine au final, tant il est difficile à manipuler correctement et les autres pouvoirs le remplaçant largement. Les pouvoirs du Darkness étant souvent trop puissants, les phases de tir deviennent presque figurantes dans un jeu dont c’est pourtant la vocation. Le double pistolet de base suffisant à l’ensemble des combats, on se surprend à abandonner les autres armes pour préférer celle-ci finalement aussi efficace ou presque que les autres. Regrettable quand on sait que certains moments auraient pu être des plus agréables avec un gameplay mieux équilibré.
Ne lutte pas ! Je suis le Darkness !
Bien que l’aventure ne s’y déroule pas exclusivement, New-York est des plus agréables à visiter grâce à un level design bien pensé. Contrairement aux FPS habituels divisés en niveaux dotés d’une transition plus ou moins réussie, The Darkness impose une évolution naturelle du design qui ne choque à aucun moment et même surprend pas son naturel et sa logique. Un régal à parcourir d’autant plus que les zones sont visitables même une fois terminées pour y accomplir une quête ou deux. La réussite est d’autant plus bluffante que les graphismes sont un éloge au talent évident de Starbreeze en la matière. Effets d’ombre réussis (et indispensables compte tenu du gameplay du mode Darkness), modélisation des personnages à faire trembler de vrais acteurs… Avec de telles cartes en main, le studio n’avait pas le droit à l’erreur et s’en sort bien en créant un univers non seulement réussi mais cohérent. Les doublages ne sont pas en reste. En VO sous-titrée, les dialogues sont joués avec un punch et un tact rare malgré un texte assez cru. The Darkness n’a pas l’intention de faire dans la finesse et le délicat. Les insultes volent, les hurlements tout autant : vos ennemis vous traiteront de tous les noms sans vergogne, ce qui justifie entre autre la classification 18+ du PEGI. Parce que non seulement content de proposer une vulgarité certes « justifiée » (ça reste très mafieux dans le style), c’est surtout l’horreur et la violence provoquée par le Darkness qui peut mettre mal à l’aise. Arrachage de cœur, tronçonnage… Sans compter ceux qui finissent empalés ou encore certains alliés dans un niveau précis avec le visage recousu avec des morceaux en moins. The Darkness est un jeu certainement violent, parfois dérangeant voire malsain. La conséquence directe d’une mise en scène prenante et d’une précision diabolique qui vous colle à votre siège pendant près d’une quinzaine d’heures.
Aussi captivant soit-il, les défauts sont bien loin d’être absents. Comme évoqué plus haut, le jeu souffre d’un problème évident d’équilibre dans ses phases purement FPS. Ca n’est malheureusement pas tout. L’IA est d’une bêtise affligeante : si elle utilise des couvertures et est d’une précision redoutable, les ennemis ne vous poursuivront que très rarement si vous vous éloignez. Vous aurez alors la possibilité de lâcher l’Ombre Rampante et la diriger vers vos ennemis qui attendent sagement dans une posture ridicule, complètement stoïques. Si l’animation des personnages principaux de l’histoire est des plus réussis, on ne peut pas en dire autant des autres qui par moment semblent aussi rigide qu’une barre de fer. On notera également un problème de collision dans quelques phases du jeu comme l’Ombre Rampante, la moindre petite surélévation comme un trottoir transformant votre infiltration en parcours du combattant. Par ailleurs, la présence de tentacules et têtes de démons autour de vous ne choquera presque personne. Trouvant visiblement parfaitement normal vos yeux rouges et les trous noirs que vous faites apparaître, les commentaires de vos ennemis semblent un peu creux pendant les phases de combat. Enfin, si vous attendiez un multijoueur à la hauteur de l’aventure solo, vous vous trompez lourdement. Anecdotique, classique et profondément ennuyeux, ce dernier n’est pas sauvé par la possibilité de jouer un Darkling, bien au contraire. On passera donc outre pour se concentrer sur la grosse part du gâteau et avouons le, la meilleure.
+
- Pouvoirs très fun à utiliser
- Graphiquement superbe
- Histoire prenante et admirablement mise en scène
- Une aventure riche et différente des FPS classiques
- Des doublages d’une rare qualité
- Univers sacrément bien construit
-
- Un problème d’équilibre évident
- Une IA d’une autre époque
- Quelques petits bugs restants
- Les phases de shoot, bien en dessous du reste