Test : Halo 2 sur Xbox
De la sobriété, pour commencer
Certains joueurs, c’est mon cas par exemple, aiment retarder le
plaisir de lancer une partie solo en allant au préalable faire un tour dans les
options. Ca doit tenir d’une déviance sexuelle ou d’un trauma post-natal, je ne
saurais le dire, mais quoi de plus amusant que d’aller flâner dans les menus
d’un jeu qu’on attend depuis longtemps ? L’ennui avec Halo 2, c’est qu’on en a
vite fait le tour, et qu’en plus ils ne sont pas très jolis (mais heureusement,
le thème musical est classe et fait passer la pilule). On note pêle-mêle la
disparition de certaines configurations de pad, l’absence de réglages sonores
(gênant au niveau des voix), ainsi que l’impossibilité de choisir le sens du
partage de l’écran en coop’ (c’est vertical quand la Xbox est réglée en 16/9ème,
et horizontal le reste du temps, point final). On notera aussi avec une certaine
amertume la disparition des logos qui indiquaient en quel niveau de difficulté
on a terminé chaque niveau. Enfin, il est toujours impossible de faire la
campagne coop’ en Link, ce qui est fort dommage mais qui n’empêche pas cette
dernière d’être un petit bijou de fun. Loin d’être scandaleuses, ces absences
font un peu tâche et Bungie aurait tout de même pu étoffer un peu son jeu de ce
côté-là.
Mais où est la Résistance ?
La trame d’Halo 2 s’appuie sur un background dont la richesse
est incontestable. Il est d’ailleurs impressionnant de voir à quel point
l’univers d’Halo peut être énorme, surtout quand on sait par quoi est passé Halo
pour arriver sur Xbox. Un peu à la manière de Star Wars, un univers cohérent
s’est développé autour de la base créée par Bungie, et c’est ainsi que l’on se
retrouve aujourd’hui avec des bouquins, des sites et tout un tas de choses qui
gravitent autour d’Halo.
Tout ça pour dire que cette fois, et attention au
léger spoiler qui va suivre, le studio américain a décidé de prendre appui sur
la richesse de ce background et de nous concocter un scénario bien balèze qui
donne autant de place aux humains qu’à leurs ennemis, les covenants (et plus
particulièrement les Elites). L’histoire d’Halo 2 mêle donc allègrement
politique, religion et biceps dans des lieux aussi divers que multiples, une
recette très appréciée par Jack Bauer et compagnie.
Le problème dans tout ça,
c’est que raconter deux histoires simultanément est hyper difficile et doit être
fait avec le plus grand brio pour que le scénario reste bien compréhensible. Si
la chose paraît aisée dans un bouquin, elle l’est visiblement beaucoup moins
dans un jeu et comprendre le scénario d’Halo 2 du premier coup me paraît un peu
illusoire. La première fois, on passe son temps à se demander qui fait quoi,
pourquoi tel personnage est ici et le côté brumeux des explications que l’on
reçoit n’arrange rien à l’affaire (qui a dit Matrix ?). Rassurez-vous tout de
même, une deuxième partie suffit à remettre une bonne partie de l’histoire dans
le bon ordre, et on n’y pense plus.
Non en fait, ce qu’il y a de plus grave
au niveau du scénario pondu par Bungie, c’est la manière dont il se termine.
Sans parler de scandale (le mot serait peut-être un peu fort), on peut se
demander ce qui a bien pu passer par la tête des scénaristes pour nous offrir un
dénouement aussi plat. Non content de nous proposer un dernier affrontement
assez merdique contre un adversaire d’assez faible importance, ces messieurs ont
cru bon (attention spoiler) de ne pas nous laisser terminer
l’aventure aux commandes du Master Chief, ce qui constitue une incroyable erreur
scénaristique, (fin du spoiler) d’autant plus que le
cliffhanger qui suit est aussi énorme que mal branlé (les joies de la
traduction…). Là où Halo premier du nom s’achevait sur un dernier niveau
haletant et une fin relativement ouverte, Halo 2 laisse tomber le joueur au
moment le plus important et s’en sort avec une pirouette des plus misérables, un
peu comme si Kill Bill s’était limité à son volume 1. Bien sûr, les fans seront
aux anges de savoir qu’un Halo 3 est foutrement inévitable, mais beaucoup de
joueurs garderont longtemps l’impression de s’être méchamment fait enfler, c’est
certain.
Au final, il semble que Bungie ait eu les yeux plus gros que le
ventre. Après deux années de gestation, un secret encore mieux gardé que celui
d’Amanda Lear et des phrases choc à tire-larigot, on aurait quand même pu
espérer un peu plus qu’une fin de type « to be continued » du jeu le plus
attendu jamais créé sur Xbox non ?
Un sans-faute visuel
Tout le monde ou presque est d’accord, Halo 2 est magnifique,
aussi bien techniquement qu’esthétiquement. Même si la différence avec le
premier Halo ne saute pas immédiatement aux yeux (et peut même paraître en
défaveur du second dans un premier temps), il suffit de comparer des screenshots
du 1 et du 2 pour se rendre compte du travail formidable effectué par les
programmeurs. Si certains décors paraissent moins fournis qu’auparavant, les
véhicules et personnages ont un niveau de détail hallucinant et bougent avec une
aisance rare. Pour garder un framerate optimal, quelques concessions ont été
faites et on notera par exemple une sorte de clipping qui fait disparaître
certains détails sur les ennemis lorsque l’on s’éloigne d’eux. Ca fait peut-être
un peu tâche, mais au moins l’animation ne faiblit à aucun moment de l’aventure
(en coop’, c’est autre chose). Par contre on tolèrera moins les bugs de textures
ou autres ralentissements qui surviennent dans certaines cinématiques… Mais le
bilan graphique reste toutefois excellent, et Halo 2 se montre de ce côté bien
plus efficace que son prédécesseur, ce qui n’est pas le cas en terme de son.
La partie sonore est en effet médiocre, au sens premier du mot.
Si la qualité et la beauté des musiques composées par Mr O’Donnell ne sont plus
à démontrer, certains morceaux plus « metal » s’intègrent un poil moins bien à
l’action, même si cela reste très subjectif.
Les doublages sont par contre
assez peu convaincants en version française, ce qui est probablement dû à un
travail bâclé au niveau de la traduction. Le ton y est, mais le discours est
parfois si confus qu’il est difficile de s’y retrouver au début, et on note
quand même pas mal d’approximations, notamment dans la séquence finale,
incompréhensible en français. Il y a aussi un problème au niveau du nombre peu
important d’acteurs, certains font donc 3 ou 4 voix et cela participe
malheureusement à la confusion générale.
Là encore, comment Microsoft a-t-il
pu se montrer aussi laxiste sur un jeu si attendu ?
Cinq minutes
Il ne vous faudra en effet pas plus de cinq minutes pour
retrouver vos sensations pad en main et découvrir les nouveautés développées par
Bungie. On retrouve la bonne vieille gravité lunaire qui permet de faire des
sauts aussi hauts que lents, un nombre plus important de véhicules (le scorpion
est d’ailleurs surpuissant), quelques nouvelles armes covenant et des
changements parmi les pétoires terriennes. Le gun paraît ainsi moins létal, le
bazooka dispose d’un mode tête chercheuse et le fusil mitrailleur du 1 laisse sa
place à un modèle disposant d’un zoom. C’est simple, on n’a que l’embarras du
choix.
LA grosse nouveauté d’Halo 2, c’est bien entendu le fait de pouvoir
tenir une arme (de poing) dans chaque main, à condition de faire le deuil du
lancer de grenades et du coup de crosse, impossibles à faire quand on a les deux
mains prises. Cet ajout est fort sympathique et tranche avec le côté
généralement posé des combats puisqu’il se montre plus efficace à courte
portée.
On appréciera aussi la possibilité de s’emparer de certains véhicules
alors même que leur conducteur essaie de nous écraser, ce qui s’avère éminemment
sympathique et pas si facile à faire, tant la probabilité de se faire
écrabouiller est grande.
On le voit donc, Bungie a su garder ce qui a fait la
force du premier Halo tout en ajoutant quelques petites nouveautés qui ne
dénaturent en rien le côté on ne peut plus efficace et fun du gameplay de
base.
Une déception relative
Et oui, c’est un fait : l’aventure solo d’Halo 2 m’a quelque
peu déçu, et je lui ai (dans l’ensemble) assez nettement préféré celle du
premier, d’une part pour la qualité de son scénario (voir plus haut), mais aussi
pour sa mécanique de jeu moins scriptée.
Je trouve en effet le placement
initial des ennemis et/ou leur apparition sur le champ de bataille bien trop
semblable d’une partie à l’autre. Bien entendu, une fois apparus, ils réagissent
comme avant selon de multiples critères que je ne saurais énumérer, mais leur
arrivée est liée à des scripts trop visibles pour moi. Les ennemis qui
apparaissent dans mon dos ou au fond d’une cavité d’où rien n’est censé sortir,
ça va bien pour Medal of Honor, mais dans Halo ça fait cheap. Le spectacle et la
mise en scène s’en trouvent améliorés, et beaucoup n’y verront aucun problème,
mais ça m’a gêné.
L’IA alliée semble aussi plus que limitée tant vos acolytes
sont mous de la gâchette, pour ne pas dire du gland. S’ils ne se font plus aussi
facilement écraser qu’auparavant, leur utilité au combat est plus que relative
et la manière qu’ils ont de disparaître sans crier gare pour ressurgir d’on ne
sait où quelques instants plus tard est assez limite. Je préférais ces bons
vieux marines dont il fallait prendre grand soin sous peine de les perdre à
jamais. Snif, José, tu me manques l’ami…
Ensuite, et même si la chose est
nettement moins présente que dans Halo, il reste quelques problèmes de level
design. Si les décors sont variés et nombreux, on n’échappe pas à quelques
copier coller un peu vilains et à quelques temps morts impressionnants de
longueurs. De même, si certains niveaux sont palpitants, d’autres se traversent
ultra facilement, au nez et à la barbe de leurs habitants. J’ai eu parfois
l’impression de traverser un conflit en tant que spectateur, tant les diverses
factions ennemies se battent entre elles sans prendre ce bon vieux MC en
considération. Bien sûr, on vide trois ou quatre chargeurs et on file quelques
coups de crosse pour se donner bonne conscience, mais au final on pourrait
presque s’enfiler ces niveaux sans tirer un coup de feu.
Enfin, la durée de
vie me paraît peu fameuse pour qui n’a pas envie de s’arracher les cheveux dans
les modes de difficulté les plus élevés. Terminer le jeu en normal m’a pris
environ 8 heures et hormis deux ou trois gros pics de difficulté (ces salopards
de *@#! sont bien plus résistants et hargneux qu’avant), l’aventure avait
presque tout d’une promenade de santé. Les habitués d’Halo auront donc tout
intérêt à commencer direct en Héroïque, tandis que les nouveaux venus pourront
s’aguerrir sur le mode normal. Les plus fadas attaqueront le mode Légendaire,
toujours aussi difficile (encore plus je dirais), et trouveront ainsi que la
durée de vie est tout à fait satisfaisante (à l’année prochaine les gars). Mais
dans l’ensemble, je trouve que la rejouabilité de ce Halo 2 est plus faible que
celle du premier.
Et à plusieurs ?
Après quelques semaines de pratique, un petit patch et toujours
pas de contenu téléchargeable, le constat est clair, Halo 2 n’est pas une
révolution sur Xbox Live. S’il dispose d’atouts certains, comme la possibilité
de checker sa liste d’amis, de balancer messages et invits très aisément, il est
blindé de tares plus ou moins pénibles selon que l’on y joue seul ou entre amis.
Primo, l’absence de serveurs implique qu’un des deux camps est systématiquement
avantagé par rapport à l’autre. Si l’on ajoute à cela l’optimatch un peu étrange
qui propose parfois des parties quelques peu déséquilibrées (6 joueurs niveau 9
contre 7 joueurs niveau 10/11 par exemple), on peut vraiment arriver à péter un
cable tant l’injustice paraît énorme, surtout quand tout le monde a une
connexion théoriquement de qualité. S’ensuit généralement des parties
désagréables, pleines de mauvaise humeur et pas vraiment arrangées par la
possibilité de parler à ses adversaires. Dieu seul sait ce qui a pris à Bungie
d’implémenter cette option, mais en tout cas Halo 2 est bien vite devenu un jeu
où les insultes fusent plus vite et plus fort que les balles, et il n’est pas
rare de rencontrer une cohorte d’américains haineux qui se chargent de nous
rappeler notre condition de pauvre batracien. Halo 2, porte drapeau de la haine
entre peuples ? Sûrement pas le but de Bungie, mais c’est pourtant le cas.
Finissons avec les maps, bien peu nombreuses et franchement pas terribles pour
certaines, surtout quand cet optimatch insensé nous organise un petit 4 vs 4 sur
un mode pourri dans la map la plus grande du jeu. Quand on sait qu’il n’y a que
deux maps viables lorsque l’on joue à 16, ça atrophie bien vite l’envie des
joueurs de faire de longues sessions sur le jeu.
Certes, les modes sont
relativement nombreux, les stats hyper exhaustives (et stockées sur le site de
Bungie) et le mode Live en lui-même a vraisemblablement bénéficié de beaucoup de
recherche, mais les défauts sont bien trop nombreux et le plaisir trop absent
pour que nous décernions la palme à Bungie. Les joueurs solitaires prendront
sûrement bien plus de plaisir que ceux qui jouent pour le plaisir, la déconne et
le fair-play, mais je me plais à croire que ces derniers doivent être
majoritaires sur le Live. En tout cas, avec sa gestion étrange de la
communication entre joueurs (appuyer sur un bouton pour parler, quelle idée!),
ses bugs, déséquilibres énormes et triches diverses, Halo 2 n’est pas un jeu que
je recommanderais à un joueur débutant sur le Live, au risque de le dégoûter
rapidement.
Merci aux 3T d’Ultima La Rochelle pour
m’avoir prêté le jeu
+
-
- Apparemment moins complexe qu'Halo, sa suite n'en reste pas moins magnifique, avec des graphismes très beaux et stylés. Les menus ralentissements observés durant certaines cut-scenes et le clipping sur les persos n'entachent pas ce tableau idyllique.
- Hormis le coup de crosse qui me paraît un peu mou du genou, la maniabilité est toujours aussi excellente et les nouveautés apportent vraiment un plus au jeu. Un régal.
- Pour moi, il est certain qu'Halo 2 n'est pas aussi long, passionnant et rejouable que son prédécesseur. Le nombre et la variété des modes multijoueurs (coop', Lan, Live) assure tout de même une durée de vie très conséquente.
- Les musiques sont dans l'ensemble magnifiques et soutiennent très bien l'action. Au niveaux des voix, c'est nettement moins bon, il aurait fallu une meilleure traduction et plus de doubleurs pour rendre le scénar' plus facile à suivre.
- Associez une mise en scène un peu casse gueule, des doublages approximatifs et une fin limite ''foutage de gueule'', et vous obtenez le scénario d'un des jeux les plus attendus de ces dernières années... Dommage.
- Avec sa campagne solo très sympa à défaut d'être inoubliable, une réalisation globalement excellente et des modes multi qui promettent des mois d'amusement, Halo 2 est un jeu certes perfectible mais reste indispensable sur Xbox.
- Le jeu bouge extrêmement bien et le framerate est imperturbable en solo. Dès que l'écran est partagé, c'est une autre histoire, mais cela n'empêche pas de s'amuser.
- Le mode Live est frustrant à plus d'un titre. Assez novateur, il souffre d'un manque de variété au niveau des maps, de quelques incohérences énormes qui font que le plaisir se dilue vite dans un océan de rancoeur.