Test : Alice : Retour au Pays de la Folie sur Xbox 360
De l’autre côté du miroir
Ne vous y trompez pas, si l’adaptation des studios Walt Disney – qui fête cette année ses cinquante ans d’ailleurs – était avant tout destiné aux plus jeunes, le clinquant "+18" rouge disponible sur la jaquette de d’Alice : Retour au Pays de la Folie devrait suffire à vous renseigner sur le caractère bien plus adulte du jeu du studio Spicy Horse. Fini la blondinette timide et un peu niaise, Alice est désormais une jolie brune au regard d’un vert émeraude déroutant. Jolie oui, mais folle également. Une folie qui aura valu à la demoiselle de passer quelques dix années au sein de l’asile psychiatrique de Whitechapel, un quartier londonien à l’histoire morbide puisqu’il fût le terrain de jeu d’un certain Jack l’Eventreur. C’est ici que commence votre aventure, après que vous ayez achevé votre visite habituelle chez le Docteur Bumby, le médecin qui s’assure de votre santé mentale, condition nécessaire pour que vous viviez en dehors de la maison des fous. Une entrée en matière dérangeante et assez particulière accentuée par la saleté et le vice des rues du quartier. Loin des héros traditionnels, Alice est avant tout un être humain perdu et ravagé à la fois, aux nombreuses faiblesses.
Mais cette dure réalité ne semble pas convenir à notre petite brune qui va rapidement basculer au Pays des Merveilles. Réalité alternative, souvenirs, rêve… Nul ne sait réellement ce qu’est ce monde, s’il existe ou s’il n’est que le fruit de l’imagination de notre héroïne. Une question que l’on pourra se poser tout au long de l’aventure, et qui trouvera finalement des réponses au détour des quelques six chapitres et de la douzaine d’heures qui sera nécessaire pour venir à bout du titre. Chaque début de chapitre vous ramènera d’ailleurs à Whitechapel, dans des conditions parfois surprenantes et sans avoir la certitude qu’il s’agisse là encore d’une vision de la réalité ou non. Une structure scénaristique qui pourra dérouter les joueurs à la recherche d’une quelconque cohérence dans la narration, mais qui pourra, au contraire, se révéler extrêmement profonde pour ceux qui chercheront des réponses dans les topiques freudiennes. Autant le dire, la principale force d’Alice : Retour au Pays de la Folie, son scénario, s’appréciera si et seulement si le joueur s’imprègne de l’état d’esprit plutôt perturbé de la jeune fille.
Ca ne glisse pas toujours pour Alice
A partir de là, l’aventure va pouvoir s’apprécier à sa juste valeur. Entre phases de plateformes et de beat’em all, on prend un certain plaisir à parcourir un Pays des Merveilles version trash, en proie à la destruction pure et simple. Notre héroïne y retrouvera quelques uns des personnages aperçus lors de ses précédents voyages, chacun possédant un rôle plus ou moins important dans l’intrigue. Les joueurs familiers avec l’oeuvre de Lewis Carroll retrouveront leurs marques assez rapidement au détour d’une rencontre avec le Chapelier Fou, le Bombyx, les jumeaux Tweedle ou encore l’indispensable Reine de Coeur. De son côté, Alice pourra également rétrécir afin de se faufiler dans les trous de serrure comme ce fût la cas lors de son tout premier voyage au Pays des Merveilles. Un univers particulièrement fidèle, qui bénéficie d’une approche singulière lui offrant une nouvelle dimension, à l’image du tour de force réussi précédemment par un certain Tim Burton. Véritable paradoxe, Alice : Retour au Pays de la Folie se veut contemplatif en dépit de graphismes qui manquent parfois de finition et de détails. Le bestiaire s’accorde également parfaitement à cette ambiance suffocante, notamment avec les Ruines, ces créatures constitué d’un liquide noir dégoulinant qui semble être à l’origine de la destruction du Pays des Merveilles.
Et pour en venir à bout, Alice va pouvoir exprimer tout son talent dans les nombreuses phases de beat’em all qui viennent régulièrement ponctuées les phases de plateformes. A l’aide de son arsenal digne de Call of Duty, la belle va pouvoir mitrailler ses adversaires à coups de moulin à poivre ou encore les trancher grâce à son couteau de cuisine, entre autres. Une diversité qui vous obligera à varier vos attaques face à des ennemis aux faiblesses différentes. Une véritable nécessité pour lutter contre l’ennui de ces phases qui deviennent rapidement redondantes et cela malgré un système de lock plutôt efficace qui rappelle Zelda : Ocarina of Time. Malheureusement, le découpage des chapitres ne fait qu’accentuer ce sentiment de longueur et d’ennui dans le mesure où vous pourrez parfois passer près de trois heures dans un même environnement, une éternité à l’échelle du genre, et cela même si la durée de vie du titre en est la première bénéficiaire. Mais là encore, les développeurs ont préféré estompé ce ressenti en misant sur la variété du gameplay. Shoot’em up, plateforme en deux dimensions ou à la manière d’un Marble Madness, si ces phases ne se justifient pas réellement d’un point de vue scénaristique, on peut dire qu’elles ont au moins le mérite d’exister et d’apporter un tant soit peu de diversité. Si l’on ressent cette volonté de la part du studio Spicy Horse de vouloir gommer les principaux défauts du titre, seule la direction artistique splendide parvient véritablement à estomper les quelques lourdeurs du titre et lui permet d’entretenir l’intérêt du joueur sur la durée.
+
- Scénario profond et poignant
- Diversité dans le gameplay
- Cohérent avec l'oeuvre originale
- Durée de vie convenable
- Ambiance extraordinaire
-
- Phases de beat'em all redondantes
- Univers qui ne plaira pas à tout le monde
- Découpage des chapitres discutable