Test : Car Mechanic Simulator sur Xbox One
Mais, que, vaut, donc, or, ni, Car ?
De la ferme au poids-lourd en passant par le BTP, l’univers des pompiers et bientôt celui de la RATP, le simulator est dans une bonne dynamique sur Xbox One. Ce terrain a ainsi été jugé suffisamment bon par l’éditeur PlayWay et le développeur Red Dot Games pour y porter Car Mechanic Simulator, apparu sur PC en 2017 et continuellement amélioré depuis. On dispose donc sur Xbox One d’une version à priori solide, prompte à nous immerger dans la peau de notre garagiste tout en gardant les mains propres. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit : de cambouis, de courroies, de silentblocs et de vilebrequins. De pots qui pètent et de vidanges qui tâchent. A la différence d’un Farming Simulator qui tend à couvrir tous les aspects de l’activité agricole, du travail sur le terrain à la gestion budgétaire de l’exploitation, Car Mechanic Simulator préfère se concentrer sur le job de mécanicien. Il vous faudra bien sûr gagner de l’argent et faire attention à ne pas tout dilapider en achetant des pièces inutiles, mais ne regardez pas plus loin vers un quelconque aspect gestion de l’activité. La seule chose qui compte c’est votre téléphone, objet vers lequel se multiplient comme des petits pains les demandes de réparations. Problème de freinage, de suspensions qui n’en ont plus que le nom, vidange à faire, distribution à vérifier… Après un petit tutoriel présenté sous la forme d’un « touche à tout et voit ce que ça fait » dans la version complète du garage, on est lancé dans une bâtisse autrement plus petite, avec donc des objectifs clairs et concis à réaliser.
«Un voyage de mille lieux commence toujours par un premier pas» a dit le philosophe Lao-Tzu et c’est une vision de l’expérience qui sied plutôt bien à Car Mechanic Simulator. Les premières demandes des clients, relativement simples, accompagnées le cas échéant -et suivant le niveau de difficulté voulu- d’indications précises sur les pièces à remplacer et leur localisation, permettent de découvrir le gros point fort de Car Mechanic Simulator : l’alliance presque parfaite du complexe et de l’accessible. Plutôt bien adapté au jeu à la manette avec des menus circulaires colorés et illustrés auxquels on s’habitue en quelques minutes (les textes sont en français), les bases du gameplay de Car Mechanic Simulator reposent sur l’observation des pièces, le montage/démontage de celles-ci et leur éventuel remplacement. Pour cela, l’ordinateur accessible à l’intérieur du garage (on se déplace librement en vue à la première personne) permet d’accéder à la boutique en ligne du fournisseur et de faire le plein. On tourne autour de la voiture, on sélectionne une zone à explorer et on peut alors examiner, démonter, remonter une pièce d’une simple pression du bouton. On se rend compte alors rapidement que les développeurs n’y sont pas allés de main morte pour nous permettre de toucher à un grand nombre de pièces dans les entrailles du véhicule.
C’est alors un grand puzzle qui s’ouvre. Puzzle qui demande naturellement de respecter un ordre naturel de montage/démontage, lorsqu’il n’est pas question de devoir faire monter et descendre le pont pour accéder successivement à certaines zones du bloc moteur. Pour avoir tenté l’expérience, la mise à nu complète d’un véhicule et surtout son remontage est une expérience longue, minutieuse et on apprécie de voir que les développeurs ont pensé à animer le dévissage de certaines pièces ou encore à positionner des clips sur le boitier du filtre à air, pour ne citer que cela. Lorsque l’opération de réparation ne donne pas de consignes précises et qu’il nous appartient alors de disséquer la voiture pour chercher la faille qui empêche le moteur de démarrer, on se sent comme Indiana Jones en quête du Graal. Mais Red Dot Games a bien fait les choses, suffisamment pour maintenir un bon équilibre en débrouillardise et main tendue au joueur. On dispose de petites indictions visuelles sur les pièces qu’il est par exemple possible de remonter à ce stade de la réparation, ou à l’inverse celle qui doit être retirée pour permettre à l’autre d’être extraite. Le système va même vous dire quelle pièce a par exemple été oubliée avant de livrer la voiture réparée à votre client (il n’est pas rare d’oublier de remonter un silentbloc ou de laisser une bougie d’allumage sur le carreau). En résumé, on dispose au travers de la cinquantaine de voitures disponibles de presque autant de configurations différentes à étudier. Si les connaisseurs en mécanique trouveront certainement que cela manque malgré tout d’un peu de fond par moments, notamment du côté des éléments liés au circuit d’alimentation en carburant ou ce qui touche de près ou de loin à l’électricité, il y a franchement de quoi faire.
Pour le commun des mortels, faire ses courses sans erreur dans un catalogue comprenant un bon millier de pièces de rechange, c’est déjà pas mal. Surtout, Car Mechanic Simulator ne se limite pas à cela et ajoute progressivement de nouvelles actions à entreprendre à mesure que le niveau du joueur augmente. Là encore, ce simulator pas comme les autres surprend dans le bon sens en faisant évoluer la barre d’expérience par petits bouts, à chaque action menée. Un petit point pour des visses retirées, un autre pour un carter d’huile remplacé : pas à pas, on engrange des points et à chaque passage de niveau, les compétences s’améliorent (vitesse de travail, d’analyse des pièces) et de nouvelles choses apparaissent. Le garage prend de l’ampleur et accueille un banc d’essai (suspension, freinage), un local de peinture ou encore un établi XXL pour remettre à neuf des pièces usagées. C’est là un aspect intéressant de Car Mechanic Simulator qui intervient après plusieurs heures de jeu. En menant à bien une mission, on obtient régulièrement une caisse contenant des pièces mécaniques ou visuelles (généralement de meilleure qualité que la moyenne) et surtout, des cartes donnant la localisation d’une grange. Dans ce fourbi, on peut acheter à bas prix des pièces d’occasion mais aussi des voitures ! Pas données au départ, alors que l’on ne dispose que de piètres moyens, elles sont aussi dans un état de fonctionnement, ou plutôt de non-fonctionnement, assez aléatoire.
Alors on prépare l’opération, on enchaine les changements de pneus, d’amortisseurs et de freins pour engranger de l’argent et passer à la réparation de nos propres véhicules en vue de les revendre. Parce que c’est finalement là que se situe le cœur de l’expérience. A noter pour parler des pneumatiques et autres amortisseurs que l’on dispose dans le garage du matériel pour les assembler, comme en vrai. Il est même possible de travailler un bloc moteur en dehors de la carrosserie, pour un meilleur accès aux pièces enclavées et toujours plus de plaisir réaliste. Avec tout cela en main, on achète, on remet à neuf des pièces, on en intègre parfois des bonnes, obtenues dans des caisses, pour faire grimper le prix de vente de la voiture et disposer des fonds nécessaires pour passer à une autre. Et pourquoi pas viser plus haut, comme avec un bon muscle car. Tout cette expérience s’articule autour d’un garage dont les possibilités grandissent avec le temps mais aussi des lieux différents à visiter au fur et à mesure. Une casse, un concessionnaire pour acheter un véhicule neuf destiné à être tuné et boosté, une salle des ventes aux enchères. Il est par ailleurs possible de rouler sur une piste d’essai pour mettre à l’épreuve certains aspects mécaniques, ou alors se rendre dans un aéroport abandonné pour simplement profiter des nouvelles performances de notre dernière création. On regrette néanmoins à ce moment-là les sensations au volant pas franchement intenses, caractérisées par un manque de grip important.
Au rayon des écueils, on retient des temps de chargement parfois longuets (lors des changements de zones), une balance des sons qui penche beaucoup trop vers la musique au détriment des bruitages. Si l’on apprécie le gros effort porté sur la playlist avec de quoi combler à peu près toutes les attentes ou qui peut être coupée si besoin, on aurait aimé un peu plus d’emphase sur les moteurs, les outils lorsque l’on est dans le garage. Sur la piste en revanche les sonorités se font plus denses et réalistes. Visuellement, Car Mechanic Simulator est un titre qui s’en sort plutôt bien même si tout n’est pas égal. La modélisation des pièces est soignée, vraiment très soignée. En fouillant la base de données du fournisseur, on a l’impression d’être soi-même devant Oscaro (problèmes de trésorerie mis à part). A hauteur de ce que l’on connait, chaque pièce est reconnaissable, dans chacune de ses déclinaisons. Les véhicules sont également bien traités. Si l’on ne retrouve que deux marques officielles (Jeep et Mazda), les reproductions allant de la Mustang au Duster de Dacia sont agréables à l’œil, en dépit d’intérieurs somme toute assez sommaires. Là où la bât blesse, c’est essentiellement lorsque l’on quitte le garage pour les différentes zones visitables et où tout d’un coup le rendu prend du plomb dans l’aile. Mais ce n’est qu’un détail compte tenu de l’essentiel du temps que l’on passe, les yeux rivés sur la voiture dans le garage. C’est un travail qui demande de la patience, une certaine résistance face à une progression relativement lente et qui se dévoile surtout après pas mal de temps de jeu… Et qui vaut le coup de s’y investir.
+
- Concept unique sur Xbox One
- Gameplay bien calibré, agréable et accessible
- Modélisation des pièces surprenante…
- … Pour un ensemble plutôt soigné
- De quoi faire pendant un long moment
- Progression basée sur "le fait de faire"
- Playlist bien fournie
-
- Certains pans de la mécanique auto un peu légers
- Sonorités en intérieur un peu timides
- Extérieurs grossiers qui jurent avec la qualité des véhicules
- Phases de conduite pas très passionnantes (mais rares)
- Rythme qui peut rebuter les moins patients