Test : Cobra Kai sur Xbox One
Are you Ken ?
Bientôt de retour à l’écran sur Netflix pour une troisième saison, et alors qu’une quatrième est d’ores et déjà confirmée, Daniel LaRusso et Johnny Lawrence font un détour par le jeu vidéo dans Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues. Développé par Flux Game Studio et édité par GameMill (à qui l’on doit l’adaptation récente de G.I Joe), le jeu Cobra Kai est donc le pendant vidéoludique de la série, elle-même prolongement de la saga née sur les écrans en 1984. On retrouve les acteurs d’origine dans leurs rôles respectifs, 34 ans plus tard, désormais pères de familles vivant une existence faite de hauts et surtout de bas. De quoi donner un gros coup de fouet à la franchise (cela se vérifie, elle est très populaire) et offrir un univers suffisamment large pour permettre la création d’un jeu vidéo. L’angle choisi par le développeur est celui du beat’em up, ce qui nous donne l’occasion de faire le tour de la ville pour coller des raclées à tous les rebus qui s’y trouvent, jusqu’à rejoindre les principales figures de la saga pour des combats plus engagés. On a d’ailleurs le choix au départ de l’aventure entre les personnages du dojo Cobra Kai ou du Miyagi-do, avec pour objectif dans un cas comme dans l’autre de lever le voile sur un mystère, ou du reste un énorme quiproquo propice à se mettre sur la figure. L’histoire est racontée sous forme de dessins légèrement animés, doublés en anglais et sous-titrés en français. C’est léger mais largement suffisant pour un beat’em up, un jeu comme Streets of Rage 4 propose d’ailleurs plus ou moins la même chose : l’intérêt est ailleurs de toute façon.
L’approche beat’em up de Cobra Kai est globalement traditionnelle, avec deux boutons de frappe, un pour le saut et un autre pour parer/esquiver. Ce qui créé néanmoins une différence notable par rapport à des titres comme Streets of Rage 4 c’est que l’on évolue dans des environnements en 3D mais avec une caméra fixe et placement de celle-ci façon jeu 2D. Il est dès lors très délicat lors des premières sessions de jeu de se placer correctement, de visualiser rapidement où l’on se trouve par rapport aux ennemis, aux objets. Il n’est pas rare de frapper à côté, de pester contre cet objet que l’on ne parvient pas à attraper. Cette difficulté à se situer dans l’espace n’est pas aidée par des hitboxes pas toujours bien placées : même les ennemis se font avoir puisqu’il suffit d’être collé à eux pour qu’ils ne puissent dans la plupart des cas nous atteindre. Les premiers niveaux sont dès lors assez laborieux, sachant que l’on ne dispose à ce moment là que d’un seul personnage et d’une palette de coups très limitée. Il serait pourtant dommage de s’arrêter là, car c’est bien sur la durée que Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues dévoile quelques belles qualités.
En avançant un petit peu, on débloque un nouveau personnage, puis un troisième et enfin un quatrième. Tous peuvent être incarnés dans un même niveau, il suffit d’utiliser une des directions de la croix pour changer de personnage à la volée (on peut éventuellement intervertir les commandes entre la croix ou le stick). Chacun de ces personnages peut débloquer et développer jusqu’à quatre compétences offensives, à grand renforts de pièces que l’on récolte à chaque fois qu’un ennemi est vaincu ; il y a également une centaine de petit défis à réaliser (combos, respect de certaines conditions face aux boss, exploits divers) pour gonfler le pécule et améliorer les combattants. Mais ce n’est pas tout, quatre compétences sont également déblocables pour l’ensemble des personnages et à mesure qu’on les améliore, elles développent des effets supplémentaires. En ajoutant à tout cela les pièces que l’on octroie à la résistance, la puissance, ou le pourcentage de chance de délivrer un coup critique, Cobra Kai offre une jolie marge de progression. Elle n’est pas une incitation à la chasse aux pièces ou au défi «complétionniste» mais la révélation avec le temps que Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues en a tout de même un peu sous le coude.
On prend alors un peu plus de plaisir à jouer à chaque fois. Une fois en pleine possession de nos moyens, les bastons deviennent plus plaisantes. Cela n’enlève rien au côté bordélique qui ressort quand divers types d’ennemis se mettent à bourriner leurs attaques, c’est à ne plus rien y comprendre et le mieux dans ces cas-là est de faire parler les attaques de zone, particulièrement efficaces pour calmer tout le monde avant d’enchainer avec des coups plus ciblés. L’esquive est essentielle dans Cobra Kai mais aussi et surtout la parade. Bien réalisée, elle fait faire des bonds au compteur de combo, lequel détermine le taux de points de vie que vous pouvez récupérer à l’issue de votre enchainement. Le timing est essentiel mais avec le temps on finit par savoir quand placer la parade. En progressant dans le jeu, on est agréablement surpris par le grand nombre de niveaux disponibles, près de trente. Un peu moins de la moitié représente des stages principaux avec des boss à la clé, les autres se présentant comme des nettoyages de rue assez basiques. Il y a derrière tout cela une belle variété d’environnements, allant du lycée au gymnase en passant par un bar, une plage, une concession automobile ou un restaurant. La variété se retrouve aussi du côté des ennemis avec un bestiaire surchargé, ce qui évite d’avoir à faire sans cesse aux même ennemis de différentes couleurs. Tous ne sont pas forcément des réussites (certains sont même de véritables plaies) mais on apprécie la générosité.
Généreux : c’est un bon qualificatif pour Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues. On l’a dit le jeu n’est pas parfait, loin s’en faut. Au-delà même de cette difficulté à se positionner correctement, c’est la rigidité de l’ensemble qui crève l’écran. Les animations sont tendues comme des slips et les commandes aussi. Un peu comme un Spikeout Battlestreet (la référence est vieille oui), on a l’impression que le personnage bouge avec un balai dans le derrière. Les mouvement sont très hachés, ce qui facilite le travail pour les parades mais demande aussi un certain temps d’adaptation, Cobra Kai n’ayant clairement pas la réactivité d’un Streets of Rage 4. Il n’a pas non plus la qualité esthétique que l’on attend d’un jeu en 2020. Sans être repoussant, Cobra Kai et ses couleurs criardes manquent de détail, les graphismes ont un petit côté «baveux» qui font plus penser à un titre de début de génération qu’à un jeu disponible deux semaines avant la next gen’. Malgré tout cela, Cobra Kai: The Karate Kid Saga Continues a quelque chose de sympathique et se pose comme un petit plaisir coupable qui peut convenir aux grands amateurs de beat’em up à l’ancienne. Ca se laisse jouer, la durée de vie est très bonne (prévoyez deux campagnes pour découvrir la véritable fin), le jeu est jouable à deux en local, la bande-son fait gentiment le travail, les temps de chargement sont corrects. Et globalement, le jeu utilise sans retenue l’univers Cobra Kai sans l’égratigner. Tout cela n’est peut-être pas suffisant lorsque l’on est plus fan de Cobra Kai que de beat’em up, mais si l’occasion se présente, on vous conseille au moins de l’essayer pour peut-être l’adopter.
+
- Fan service assumé et efficace
- Grosse durée de vie pour le genre
- Des tonnes de compétences à débloquer...
- ... Pour une expérience qui gagne en plaisir avec le temps
- Bestiaire surchargé
- Beaucoup d'environnements différents...
-
- ... Mais une réalisation un peu "baveuse"
- Commandes rigides...
- ... Comme les animations
- Pas toujours facile de percevoir le placement des ennemis
- Bien bordélique par moments
- Premiers niveaux laborieux