Test : The Crew Motorfest sur Xbox Series X|S
Il ne semble pas avoir oublié Ohana
Ok les amis, vous voyez déjà le topo. Vous êtes un illustre inconnu qui s’apprête à participer au plus grand rassemblement mondial dédié aux sports mécaniques. Un événement organisé par on ne sait trop qui pour on ne sait quelle raison, si ce n’est peut-être de battre le record d’émission de gaz à effet de serre sur une poignée de kilomètres carrés. Un monde fou a investi l’ile principale de l’archipel d’Hawaï pour brûler la gomme sur le bitume, creuser des sillons hors des sentiers battus, tout simplement se tirer la bourre jour et nuit dans une ambiance festive et bon enfant.
Quelques secondes dans The Crew Motorfest suffisent ainsi à comprendre que le divorce déjà bien entamé par The Crew 2 vis-à-vis de l’épisode fondateur trouve ici sa conclusion. Au diable le scénario fast and furioustesque, et bienvenu dans un monde où seule compte la fête, le fluo et les carrosseries bien lustrées. Quelque chose qui, vous l’avez compris, ressemble beaucoup à la formule popularisée par Forza Horizon : des courses proposées par lots thématiques (appelés ici Playlists) qui gravitent autour du hub central du festival, des feux d’artifice qui pètent un peu partout, des gens qui font la fête, des rassemblements à rejoindre, le tout sur une zone à parcourir librement et qui nous invite ponctuellement à réaliser des photos spécifiques, à faire chauffer des radars ou encore à dénicher quelques trésors. L’ambiance de The Crew Motorfest s’inspire tellement de Forza Horizon que l’on pourrait facilement s’y tromper et prendre le jeu d’Ivory Tower pour un spin-off de celui de Playground. Un comble d’une certaine manière, quand on considère que Forza Horizon lui-même s’inspirait de Test Drive Unlimited, jeu sur lequel a travaillé une partie de l’équipe derrière The Crew Motorfest.
Doit-on pour autant bouder notre plaisir ? The Crew Motorfest s’emploie à nous éloigner de cette idée au travers notamment de son garage. A la différence d’un Forza Horizon, on a parmi les véhicules proposés dans The Crew Motorfest (un peu plus de 600) une sympathique sélection de motos, de quads, de bateaux et d’avions. De quoi varier les plaisirs avec des Playlists dédiées parfois à certains types de véhicules. Les bateaux et avions se posent essentiellement comme des petits prétextes pour souffler entre deux compétitions plus engagées, l’expérience qu’ils offrent s’avérant tout à fait jouable mais pas franchement indispensable sur le long terme. On a une impression de pilotage semblable à celle d’un GTA V et on apprécie avant tout l’avion pour rejoindre rapidement la prochaine épreuve. C’est en revanche plutôt agréable de piloter diverses sortes de motos : du 900 CBR au 450 cross de chez KTM, en passant par une Harley ou un modèle enduro, on peut se faire plaisir en tant qu’amateur de deux-roues.
Il faut toutefois garder à l’esprit que The Crew Motorfest est un jeu orienté massivement vers l’arcade, donc très permissif et finalement peu différencié dans la façon dont on aborde le pilotage de tel ou tel type de véhicule. Le constat s’applique naturellement aux voitures également. Plusieurs degrés d’assistance sont proposés, en même temps que la batterie traditionnelle de réglages pour les plus pointilleux (étagement des rapports, répartition des freins, réglages des suspensions, etc), pour offrir une prise en main globalement bonne, rapide et adaptée à l’immense majorité des joueurs. L’objectif de The Crew Motorfest est clairement l’amusement sans prise de tête aucune, ce qu’il réussit plutôt bien au prix d’un manque certain de singularité. Notons toutefois un bel effort sur les sonorités des moteurs, très bien restituées, rutilantes à souhait.
Au rythme des courses disputées et des Playlists validées, le compte en banque croît et l’on remplit gentiment notre garage, autant que la garde-robe de notre avatar. La gestion de tout cela est on ne plus simple et claire dans The Crew Motorfest. Tout se passe dans le menu de pause. Acheter un véhicule, installer une nouvelle pièce, faire le tour des livrées crées par les joueurs… Inutile donc de courir après la maison à acheter ou le magasin à rejoindre pour toutes les opérations d’entre-deux courses, cette immédiateté fait plaisir. A noter que si vous avez joué à The Crew 2, il vous est possible de récupérer la majorité de vos véhicules et de les utiliser tout de suite.
En mode libre tout du moins, car on se rend compte rapidement que de nombreuses Playlists imposent un modèle précis de véhicule. S’il vous est prêté systématiquement dans les Playlists de départ, il faut en faire l’acquisition pour débloquer les suivantes. Par exemple, participer à la Playlist dédiée aux deux-roues nécessite de posséder un modèle KTM précis, qui sert pour la première épreuve du tournoi, et les motos des épreuves suivantes sont prêtées. On a ainsi le sentiment de ne pas être vraiment libre de nos choix dans The Crew Motorfest, d’acheter et d’améliorer des véhicules sans toutefois pouvoir en profiter pleinement. Les choses s’améliorent au bout de quelques heures avec naturellement de plus en plus de courses disponibles, au travers notamment du déblocage du « Main Stage » (disponible après avoir bouclé trois Playlists) qui proposent des courses et défis thématiques pour une durée limitée, et qui sont donc régulièrement renouvelés.
The Crew Motorfest est assurément un jeu généreux. Les Playlists explorent tout ce que le plaisir mécanique peut offrir, du drift à la sauce nippone au offroad dans les champs de maïs, en passant par de la piste façon MXGP ou tout simplement de la bonne veille course d’un point à l’autre de la carte. Le jeu d’Ivory Tower pousse même le délire jusqu’aux F1, avec d’ailleurs une certaine efficacité. A cela et aux épreuves du Main Stage s’ajoutent bien sûr tout ce que le jeu en ligne peut apporter, comme des épreuves de Destruction Derby, des courses jusqu’à 28 joueurs ou de façon plus légère une compétition hebdomadaire où chacun vote pour les plus beaux véhicules proposés par les autres joueurs.
Et puis The Crew c’est aussi la composition de sa petite équipe avec d’autres joueurs pour profiter ensemble des joies de l’ile et aussi de petits avantages, comme la possibilité de participer à une épreuve qui requiert un véhicule que l’on n’a pas, dès lors qu’un membre de notre Crew le possède. Vous l’avez compris, il y a largement de quoi s’occuper dans The Crew Motorfest, sachant que le système de contenu saisonnier va s’employer dans les mois et trimestre à venir à augmenter progressivement les possibilités.
La question que pouvait toutefois se poser légitimement un ancien joueur de The Crew à l’approche de Motorfest, est de savoir ce qu’il en est de sa carte ? En déménageant à Hawaï, The Crew Motorfest marque une rupture totale avec le free ride sauvage et sans limite de ses prédécesseurs. Alors qu’il fallait parfois plus d’une heure pour aller d’un bout à l’autres des contrées continentales de The Crew et sa suite, Motorfest joue la carte de la concentration. Cet Hawaï-ci est d’ailleurs nettement moins vaste que l’ile que l’on a pu parcourir dans Test Drive Unlimited. C’est néanmoins un cadre d’un éclectisme fabuleux qui nous est offert, nous autorisant à passer d’un environnement à un autre, de la mer à la montagne, de la ville à la poussière volcanique le temps d’une virée. La carte n’est pas immense (comptez dix à quinze minutes pour aller du Nord au Sud, 20 environ pour la boucle côtière), mais elle a le bon goût d’aller à l’essentiel, de flatter le regard en permanence. The Crew Motorfest honore ses paysages par des graphismes de très belle qualité, une végétation dense et détaillée, un rendu aquatique soigné, de très beaux effets de lumière quand le soleil se couche sur Hawaï. C’est véritablement un plaisir pour les yeux au gré de la journée qui suit son cycle et de la météo qui varie, jusqu’à couvrir le ciel d’un épais manteau noir, transpercé ici et là d’éclairs menaçants. The Crew Motorfest propose les modes Résolution (4K/30ips) et Performance (1080p/60fps) : on vous conseille le second, impeccable, même si le rendu perd alors un peu de naturel. Il permet cependant d’éviter les quelques chutes de framerate et le clipping constatés parfois en mode résolution.
Le seul vrai reproche que l’on a envie de faire au rendu visuel de The Crew Motorfest concerne principalement les épreuves : la superbe nature est parasitée par trop de panneaux, barrières, ballons, fumées et autres fumisteries visuelles répétées à l’envi, jusqu’à donner la gerbe. Ok, c’est un festival, mais on n’est pas obligé d’agresser à ce point les décors. Et nos oreilles, aussi. Si les jeux du genre nous ont déjà grandement habitués au blabla par oreillette interposée à propos du festival et des voitures, où l’extraordinaire succède au fabuleux, The Crew Motorfest pousse le bouchon trop loin. On a envie de hurler des insultes, vraiment. C’est niais, maintes fois entendu et ça ne s’arrête jamais, au point d’empêcher l’écoute des musiques, au demeurant sympathiques. Notons pour finir que The Crew Motorfest nécessite une connexion permanente à internet pour fonctionner, même si vous envisagez d’y jouer uniquement en solo.
+
- Voitures, motos, avions… Place à la diversité
- Des épreuves à la pelle
- Arcade à 100%, plaisant à jouer
- Réussite graphique, même en mode performances
- Environnements diversifiés et soignés
- Globalement léger, facile à appréhender
- Sonorités des moteurs au point
-
- Carte plaisante mais diablement restreinte au regard des précédents jeux
- Univers sans une once d’originalité
- Surcharge d’éléments visuels durant les courses
- Playlists un peu trop dirigistes
- Connexion permanente obligatoire
- Taisez-vous !