Jeux

La scène d’ouverture n’est pas pour les claustrophobes ou les hydrophobes : on y voit une jeune fille, Zoé, en train de faire de l’apnée dans une piscine. Elle nous parle de la difficulté à surmonter certains évènements, que l’on imagine difficiles. Et nous voilà directement plongés de plein pied (oui, car Zoé touche le fond de la piscine !) dans l’histoire qui va nous tenir en haleine pendant un petit nombre d’heures.

Nous nous retrouvons le 29 mai 1998, sur la route 66 menant à la localité de Two Rocks, état de l’Arizona aux USA. On y découvre la famille Walker qui, suite à un accident, est obligée de faire halte dans le Desert Dream Hotel. L’arrivée des frères Holt (Tyler Dale et Jay), qui n’ont rien trouvé de mieux que de cambrioler le shériff Roméro, démarre cette aventure dans laquelle le joueur va devoir prendre des décisions qui scelleront le destin des différents personnages, entre sacrifice et survie, dans une ambiance de huis clos qui peut devenir assez vite angoissante.

Dans As Dusk Falls, nous incarnons tour à tour des personnages des deux familles, afin de comprendre ce qu’il s’est passé dans leur vie pour en arriver là. Comme souvent dans ce genre de jeu narratif, il faut bien réfléchir avant de prendre une décision car chaque action aura une conséquence dans l’histoire présente, voire future. Car le jeu nous propose pas mal de situations qui se déroulent quelques années plus tard dans sa seconde partie, et nos décisions passées peuvent avoir de multiples conséquences sur leurs vies et leurs états d’esprit actuels.

Le jeu se décompose en deux livres comportant chacun trois chapitres. Le livre 1 s’axe principalement sur la prise d’otages du motel, et amène le joueur à comprendre les raisons qui ont amené les deux familles à se retrouver à ce moment-là et en ce lieu précis. Le livre 2 nous transporte dans le temps, 20 ans après les évènements de l’histoire. Chaque fin de chapitre donne lieu à un récapitulatif qui dresse notre caractère et fait le point sur notre gestion des évènements en fonction des actions choisies pour nos héros. C’est aussi ici que le jeu nous présente tous les embranchements possibles que l’histoire aurait pu prendre.

Il faut d’ailleurs noter que l’on peut rejouer tous les chapitres terminés via le menu principal, afin de pouvoir expérimenter d’autres arcs de décisions. On peut aussi comparer nos décisions avec celles prises par la communauté de jeu, un pourcentage étant attribué à chaque action en fonction des choix de l’ensemble des joueurs. Chaque chapitre dure entre 1h et 1h30, pour une durée de jeu en «One Shot» de 7h30 environ. Par contre, il est assez déstabilisant d’avoir un générique et des crédits entre les deux livres de l’histoire : on se demande si les deux livres sont liés ou indépendants, sachant que la deuxième partie propose une partie d’intrigue se déroulant 20 ans après, donc en 2018.

Le jeu en lui-même est très facile à prendre en main. En effet, nous n’avons qu’à utiliser les touches A, B et les joysticks afin de prendre les décisions pour les personnages concernés. Il y a aussi des «actions rapides» à effectuer dans l’urgence, il faut donc mieux être au calme pour pouvoir réfléchir sereinement et pouvoir être réactif lors des actions à effectuer rapidement. Les recherches d’indices se font avec un côté vintage de «point and click», avec un coup de main facile à prendre. Le côté roman graphique, limite image par image, peut être un peu déstabilisant au début, mais apporte une impression de mouvements perpétuels. Les bruitages sont quant à eux très réalistes, ce qui contribue à la qualité immersive du jeu. Le scénario permet de garder un suspense tout au long de l’histoire, bien aidé par de multiples rebondissements. Il faudra en revanche bien apprivoiser ce côté flashback, car le scénario du jeu en est truffé afin de comprendre les situations que se déroulent en 1998 et en 2018. En outre, les personnages ont tous à la fois un côté attachant et un côté sombre, rendant les prises de décisions très difficiles pour le joueur.

Le vrai bémol vient du côté musical, la bande son étant réduite à sa portion congrue . Une musique très «Amérique profonde», lancinante et qui mélange jazz et country, accompagne la première partie de l’intrigue, entrecoupée par un morceau rock et punchy lors de l’évocation des relations assez violentes au sein de la famille Holt. A noter que nous n’avons pas pu tester le mode multijoueur (que ce soit en local ou en ligne), mais il semble facile d’y accéder avec un principe de code à transmettre pour jouer en groupe. Une application compagnon est téléchargeable sur le téléphone, afin de remplacer la manette de jeu, mais cela n’a pas vraiment été utile en solo tant les commandes de jeu sont simples. Cette application aide aussi à la coopération locale, et permet d’inviter un maximum de joueurs en local, sans disposer d’un grand nombre de manettes. Côté partage de contenu, on note l’effort réalisé par les développeurs avec une touche spéciale dans le menu permettant de streamer directement sur Twitch. Gros plus pour le titre, la VF est de qualité, et l’on peut choisir de garder ou non les sous-titres. Il existe aussi un vrai plus côté accessibilité, avec un menu audio.

Que peut-on dire si ce n’est que ce jeu est prenant, immersif, stressant, et qu’il nous fera longuement réfléchir, tant on souhaite que tout finisse pour le mieux pour les héros. Le côté graphique est propre et assez original, le scénario intéressant, les personnages complexes mais par contre la violence est omniprésente. Il est d’ailleurs recommandé par l’éditeur de ne pas mette ce jeu entre toutes les mains, en raison de la violence de certains passages et de l’état psychologique de certains personnages.