Test : eFootball PES 2020 sur Xbox One
La fin d'un cycle
Pour eFootball PES 2020, un titre que l’on tronquera poliment à partir de maintenant, tout commence avec une interface qui évolue par de menus ajustements, tout en conservant ce manque d’ergonomie propre à la série et aux jeux de sport en général. Que l’on parle de l’écran titre ou des sous catégories de n’importe quel mode, l’offre est touffue mais la navigation se fait à tâtons, systématiquement heurtée par un onglet dispensable, un pop-up énervant ou un curseur qui se déplace en dépit du bon sens. Comme FIFA ou NBA 2K, PES peine à mettre en valeur l’étendue de ses possibles, et ce jusque sur le terrain avec cette mise en scène toujours très ampoulée. On pense bien sûr à ces logos de transitions et ralentis automatiques sur les hors-jeu et fautes : tout ce que l’on voudrait zapper ou faire rapidement, PES l’impose et l’alourdit.
C’est dommage, d’autant que visuellement, ce PES fait une fois de plus le café en proposant ce qui se rapproche le plus d’une retransmission télévisée. Rodé, le Fox Engine et sa gestion des éclairages régalent à coups de plans larges saisissants, surtout quand toutes les licences, stades et logos officiels s’y mettent. L’impression se prolonge dans cette édition, qui nous sert un nouvel angle de caméra par défaut. Vissée sur un axe, elle troque le traveling pour un pivot léger et calque donc la réalisation classique d’un match à la télé. C’est visuellement très réussi, et ça ne gène pas outre mesure pour construire le jeu. Avec un angle plus prononcé, la finition pourra cependant troubler les plus pointilleux, qui devront s’adapter ou repartir sur une caméra plus traditionnelle. Quoi qu’il en soit, c’est très beau de près comme de loin, mais on n’échappe tout de même pas à quelques visions plus discutables. Pour 90% de matchs entre stars excellement modélisées, savamment animées et parées d’atours officiels se tirant la bourre dans des stades magnifiques éclairés comme le mardi soir, on se tape évidemment une poignée d’oppositions entre anonymes sculptés à la truelle et griffés en copies chinoises vendues à la sauvette.
Et on touche là un des problèmes habituels de PES, avec des licences extrêmement parcellaires et des manques que l’on ne peut pas toujours combler. L’impossibilité d’importer des données via une clé USB empêchant l’utilisation des patchs automatisés qui font des merveilles sur PC et PS4, il faut tout changer, renommer et créer à la main, pour un résultat discutable et forcément fastidieux. Difficile de ne pas être frustré par l’opération, qui poussera les plus pointilleux à s’orienter vers une autre machine pour compenser les choix et absences de Konami.
Reste le jeu de balle au pied, que l’on dit en nette amélioration ces dernières années, après quelques années à patauger dans les divisions inférieures. Et c’est vrai qu’à première vue, l’affaire est alléchante avec un jeu de passes une nouvelle fois propulsé tête d’affiche. Loin du ping-pong effréné qui caractérise la concurrence, PES se gargarise à grand renfort de transmissions claquées, fouettées ou topées. Des passes qui vont et viennent lors de phases de construction qui encouragent à prendre son temps, que ce soit pour le plaisir visuel ou pour laisser le temps aux attaquants de proposer quelque chose, ce que l’IA ne tarde généralement pas à faire lorsque vous ne forcez pas les choses. Animations diverses et variées, déplacements des uns et des autres, rythme général, le rendu est dans un premier temps tout à fait satisfaisant et renforce une fois de plus l’impression de tomber devant une retransmission télévisée. Plissez les yeux un instant, remplacez mentalement le très mauvais commentaire du duo Margotton/Tulett par un autre tandem maudit de type Balbir/Ferreri, vous y êtes.
Seulement, cette douce euphorie est vite troublée par un nombre rapidement important d’imprécisions et autres bévues techniques. On pense avant tout aux absences coupables des joueurs – offensifs et surtout défensifs – lorsque le ballon leur passe au ras des moustaches : capables de gestes de classe quand les astres s’alignent, ils laissent beaucoup trop souvent une balle facile leur passer à dix centimètres du crampon sans esquisser le moindre geste ou pire, en bloquant leur course. Très réguliers, ces accidents footballistiques transitoires tendent à potentialiser avec un problème de sélection de joueur qui persiste malgré les dernières updates. Dans un cas comme dans l’autre, en solo et encore plus en ligne, on enrage comme jamais devant la multitude de buts encaissés par impossibilité d’intervenir. Ajoutez à cela des collisions parfois stupéfiantes qui mettent tout le monde par terre, empêchent les copains de rappliquer et donnent finalement l’avantage à celui qui se remet le plus vite debout et vous obtenez un quota de bévues qui va bien au-delà des limites du supportable.
D’un autre côté, la lourdeur des prises de balles et le toujours imbitable système de dribbles tendent eux aussi à raccourcir au maximum la conclusion des actions, et ainsi à stéréotyper le jeu. Vifs comme l’éclair quand il s’agit de partir en contre, les attaquants les plus doués ont un mal fou à faire montre de vivacité et de légèreté quand il faut contrôler en une touche, s’orienter ou changer de direction. Parfois très authentique dans sa construction, le jeu prôné par PES abandonne toute ambition de simulation aux abords de la surface, quand tout le monde prend 10 ans et perds ses stats comme par magie. Restent alors les choses qui fonctionnent encore et toujours, ces reprises sur passe en retrait et ces petits tirs ridicules au ras du sol qui semblent tétaniser des gardiens pourtant opérationnels quand il faut aller défendre les lucarnes. Trop vite, rien ne ressemble plus à un match de PES que le suivant, et c’est évidemment bien dommage.
+
- Dans les bonnes conditions, c’est très beau
- La construction des actions
- Complet au niveau modes
-
- Licences à trous
- Défenses en bois
- MyClub, pay to win infect