Test : Like A Dragon Gaiden: The Man Who Erased His Name sur Xbox Series X|S
La mort vous va si bien
Kiryu Kazuma est désormais un autre homme. Mis à l’écart dans le septième épisode de la franchise, le fronceur de sourcils le plus célèbre du jeu vidéo est finalement de retour en tant que personnage principal. Affublé de lunettes noires et d’un costard sur mesure, notre ancien yakuza est obligé de reprendre du service. C’est par le biais d’un tout petit flashback que le contexte nous revient en tête. A la suite des événements qui se sont déroulés dans les environs d’Hiroshima dans Yakuza 6: The Song of Life, Kiryu a décidé de se faire passer pour mort dans le but de protéger l’orphelinat qu’il a créé à Okinawa, le Morning Glory, devenu une cible parfaite de représailles depuis son ouverture. Like a Dragon Gaiden: The Man Who Erased His Name est ainsi la suite directe du sixième épisode de la franchise, avec des événements qui se déroulent en parallèle des aventures d’Ichiban Kasuga, héros du septième opus.
Like a Dragon Gaiden n’est donc pas réellement un spin-off à proprement parlé puisqu’il s’inscrit parfaitement dans la chronologie de la série imaginée par Ryu Ga Gotoku Studios. On voit d’ailleurs assez mal comment de nouveaux joueurs pourraient en faire une porte d’entrée pour découvrir cet immense univers, d’autant que le studio ne s’est pas privé de placer des références aux anciens épisodes à tous les coins de rue ou presque. Même s’il s’agit d’un nouveau départ pour Kiryu, il devient assez difficile de comprendre toutes les subtilités scénaristiques. Bien détaillé dans Yakuza: Like a Dragon, le contexte évoque des volontés politiques complexes, de la chute du clan Tojo à la volonté de nettoyer le Japon des mafias locales par les pouvoirs publics, mais sans être jamais suffisamment approfondi pour que le rendre accessible aux novices.
Heureusement, l’essentiel du scénario tourne plutôt autour de Kiryu Kazuma lui-même, dont les objectifs sont d’ordre personnels avant toute chose. Like a Dragon Gaiden: The Man Who Erased His Name raconte surtout la volonté de notre héros à changer de vie sans faire de vagues, tout en remplissant des contrats de temps en temps pour les Daidoji, la famille de yakuzas qui lui garantie son anonymat. Un scénario prenant et riche en rebondissements, à l’image du reste de la saga. Comme souvent, les développeurs de Ryu Ga Gotoku Studios parviennent à happer le joueur, en lui donnant clairement envie de poursuivre l’aventure pour découvrir la suite, chapitre après chapitre. Même si le fan-service est bien présent, avec des quartiers déjà visités précédemment notamment et des personnages aperçus dans de précédents épisodes, ce Like a Dragon Gaiden est clairement porté par son casting, avec des personnages qui dégagent tous une vraie personnalité, qu’ils soient alliés ou ennemis.
Dans la continuité de Yakuza 6, ce nouvel épisode reprend le gameplay auquel Kiryu nous a habitué. Alors que Ichiban et son équipe optait pour des combats au tour par tour, Like a Dragon Gaiden revient aux sources pour se présenter sous la forme d’un vrai beat’em up. En dehors des missions scénarisés qui voient défiler les ennemis de façon scriptée, les rencontres inamicales se font au gré des promenades dans le quartier de Sotenbori, de manière aléatoire donc, mais avec la possibilité parfois de changer de trottoir pour éviter de sortir les poings. Avec un nombre incalculable de styles de combat appris depuis le début de la saga, Kiryu préfère opter pour le service (presque) minimum ici avec seulement deux styles disponibles. On retrouve ainsi l’indispensable style du Dragon de Dojima et ses enchaînements de coups assez lents mais très puissants, compléter par le style Agent, totalement inédit et inculqué par les méthodes de la famille Daidoji pour des mouvements souples et rapides. Comme toujours, le gameplay répond au doigt et à l’oeil et les enchaînements se font naturellement, pour des chorégraphies toujours très spectaculaires.
Il est possible de passer d’un style à l’autre d’une simple pression de touche, entre deux enchaînements. L’un et l’autre possèdent leurs avantages et inconvénients, tout en permettant de satisfaire les façons de jouer de chacun. Quelques situations nécessitent toutefois d’aborder un combat avec un style particulier, et cela bien au delà de la simple différence de force et de vitesse de coups portés entre les deux styles. Assez original, le style Agent permet en effet d’utiliser quatre gadgets en plein combat. L’araignée est en réalité un filin capable de s’enrouler autour d’un ennemi pour l’immobiliser ou le faire valser sur ses camarades, tandis que le frelon est un drone lancé à distance et destiné à les occuper. La luciole de son côté est une petite bombe cachée dans une cigarette, tandis que le serpent prend la forme de petites fusées insérées dans vos chaussures, ce qui permet à Kiryu de se déplacer très rapidement, et même de rusher au milieu d’un groupe d’ennemis pour ne pas se laisser encercler. Des nouveautés bienvenues qui s’intègrent totalement dans l’univers décalé de la franchise, pas avare quand il s’agit de lorgner du côté de l’absurde et du démesuré.
Dans tous les cas, le gameplay offre toujours la possibilité de parer les attaques et d’esquiver, avec la possibilité cette fois-ci de contrer des attaques chargées des ennemis les plus redoutables. Une sorte de quitte ou double, avec d’un côté le risque de vous faire exploser en quelques coups, ou de faire nettement baisser la barre de vie de votre adversaire en cas de réussite. Les combats de boss sont toujours aussi dantesques, et demandent toujours autant d’application (et d’être chargé en objets de soin) dans le mode de jeu le plus difficile. On regrette toutefois que les QTE soient moins présents durant les interludes scriptés qui interviennent en plein combat de boss. Cela permettait de rester pleinement acteur de chaque séquence, là où on a l’impression parfois de repasser du côté du simple spectateur. Le bestiaire quant à lui ne surprendra pas vraiment les habitués de la franchise, avec des adeptes du poing américain, du flingue, du couteau ou de la massue, auquel on ajoute un ennemi incendiaire capable d’infliger un statut de brûlures pendant plusieurs secondes. Nouvel épisode et nouvel arbre de compétences, et des billets verts à dépenser en quantité pour faire l’acquisition de nouvelles capacités, ou pour améliorer certaines statistiques de base.
On ne bouscule pas non plus les habitudes du côté de l’exploration des quartiers et des mini-jeux auxquels on peut participer. Sans surprise aucune, le karaoke est de retour, tout comme les fléchettes. Petite nouveauté du côté du bar à hôtesses puisque le studio a décidé de réaliser les séquences en live-action, pour un résultat qui en dérangera certains, même si on finit par s’y faire. De vraies actrices donc, et un acting à la qualité assez aléatoire. Dans un tout autre registre, le billard bénéficie d’un soin incroyable, tant grâce à la physique qu’au sound-design, tandis que le golf permet de passer d’excellents moments grâce à ses différents modes de jeu. Une fois de plus, la salle d’arcade est l’occasion de s’adonner à quelques jeux rétros avec Sega Racing Classic 2 (Daytona USA 2 chez nous) et Fighting Vipers 2, tandis que la Master System fait son retour avec 12 cartouches, dont 8 à récupérer dans les rues d’Osaka. On note quelques doublons avec les jeux déjà présents dans Lost Judgment mais les titres inédits prennent tout de même pas mal de place. Cerise sur le gâteau, les courses de petites voitures du Pocket Circuit font leur grand retour avec la possibilité de modifier son bolide grâce à de nombreux éléments disponibles (batterie, moteur, chassis, …) et redevenir ainsi le roi de la discipline. Le Colisée prend également une place importante, avec quelques nouveautés comme le Battle Totale qui permet de recruter des coéquipiers pour se lancer dans des combats entre équipes.
Côté exploration on note aussi le retour des célèbres clés de casier, et surtout la possibilité de récupérer des objets éloignés grâce au filin de l’araignée. Gros changement en revanche concernant les quêtes annexes. Toujours présentes (ouf), celles-ci sont désormais liées au réseau d’Akame. Plus besoin de parcourir les rues dans l’espoir de voir un script se déclencher puisque toutes les missions secondaires sont désormais centralisées à un seul endroit. Elles ont toujours le mérite d’évoquer des sujets de société actuels, comme ChatGPT, ou de nous proposer des thèmes plus légers pour finir par nous décrocher quelques sourires ou de franches rigolades. Globalement, ces petits interludes sont bien écrits et permettent de rallonger la durée de vie du jeu de façon substantielle. Pour compléter, quelques quêtes Fedex et des combats pour défendre la veuve et l’orphelin se chargent également d’augmenter le niveau du réseau d’Akame. Aventure et quelques quêtes annexes mises bout à bout, il faut compter une quinzaine d’heures pour boucler ce nouvel épisode, pour un total de cinq chapitres plus ou moins longs.
Pour la partie technique, Like a Dragon Gaiden est agréable à l’oeil, mais ne surprendra pas les joueurs qui connaissent la licence sur le bout des doigts. On note tout de même quelques améliorations sur le rendu général de Sotenbori, notamment de nuit, avec un amoncèlement d’enseignes lumineuses qui viennent traduire l’ambiance des nuits festives d’Osaka. Sans être époustouflants, les graphismes suffisent à nous plonger pleinement dans l’ambiance, tandis que l’abondance d’effets de particules lors des combats n’influe absolument pas sur la fluidité de l’ensemble. On regrette tout de même une mise en scène un peu plus timide que d’habitude, et des animations pas toujours très naturelles. Les visages continuent de surprendre en revanche par la qualité de détails affichés, notamment concernant les personnages principaux. Une fois de plus, les textes sont intégralement en français, et c’est une excellente chose compte tenu de l’importance de la narration, avec une fin absolument parfaite qui tirera forcément de chaudes larmes aux joueurs qui connaissent la série sur le bout des doigts, tout en préparant l’arrivée de Like a Dragon: Infinite Wealth. Comme c’est souvent le cas avec Ryu Ga Gotoku Studios, aucun bug n’est à déplorer, pour un jeu globalement très bien fini.
+
- Personnages charismatiques
- Combats toujours maitrisés
- Nouveau style Agent original
- Fin chargée émotionnellement
- Mini-jeux et jeux rétros nombreux
- Retour du Pocket Circuit
- Visages expressifs et très détaillés
- Textes en français intégral
-
- Scénario peu accessible aux nouveaux venus
- Plus court que d'habitude
- Quelques animations pas top
- Trop de quêtes FeDex
- Bar à hôtesses un peu gênant