Test : Lollipop Chainsaw RePop sur Xbox Series X|S
Le crossover Stihl x Chupa Chups
Il y a douze ans sortait sur Xbox 360 un certain Lollipop Chainsaw. Créé par le studio Grasshopper Manufacture de Suda51 (mais produit par Yoshimi Yasuda), il avait alors sur le papier tout pour plaire aux joueurs qui avaient déjà embrassé la singularité qu’ont incarné No More Heroes, Shadows of the Damned et d’autres : un univers décalé, beaucoup de violence, pas mal de grossièretés pour donner vie à une incontestable identité. Tout cela au service de titres qui étaient aussi et surtout de bons jeux. Lollipop Chainsaw sur Xbox 360 avait reçu l’approbation de votre fidèle serviteur dans les colonnes de Xbox-Mag (eh oui, le temps passe !) pour son fun, pour sa bêtise distillée avec beaucoup de sérieux, cela en dépit d’errances évidentes. De quoi laisser alors espérer pendant quelques temps que n’apparaisse une suite, puis à en oublier son existence. Jusqu’à ce que la magie du remaster ne vienne recréer ce lien abandonné. Il y avait toutefois une certaine appréhension à l’idée de rejouer à Lollipop Chainsaw tant d’années après, et un certain questionnement sur l’intérêt de le découvrir en 2024 pour ceux qui n’en n’auraient jamais eu l’occasion auparavant.
Pour ce portage « RePop » on retrouve à la manœuvre le studio japonais Dragami Games, constitué d’une partie de l’équipe du jeu d’origine. Hors des retouches évidentes pour tout remaster et sur lesquelles nous allons revenir un peu plus bas, Lollipop Chainsaw RePop s’offre à nous comme il l’était en 2012, soit un beat’em all 3D où l’on incarne Juliet Starling, cheerleader du lycée de San Romero, amatrice de Chupa Chups et accessoirement cadette d’une famille de chasseurs de zombies. Voilà un CV tout à fait approprié pour prétendre à être celle qui doit mettre fin à l’invasion zombie qui ravage le lycée et la ville. Juliet est blonde, belle, elle ne collectionne pas les points Shell mais dispose d’une aisance unique pour manier la tronçonneuse face aux zombies et se frayer un chemin jusqu’à celui qui est à l’origine de tout ce désordre. C’est avec un certain plaisir que l’on a retrouvé l’univers nanardesque de Lollipop Chainsaw et son héroïne ô combien attachante. Pas fin pour un sou, criblé de double-sens, le jeu de Yasuda-san n’est en revanche jamais avilissant ou irrespectueux envers Juliet. Derrière le voile d’ingénuité se cache au contraire un personnage fort au travers duquel sont plutôt moqués les travers de celles et ceux qui l’entourent, adultes comme ados. Une façon certes pas très fine mais jamais inutile pour rappeler chez qui se situe l’éventuelle perversité et qui devrait s’en repentir. Le personnage est un stéréotype évident sur la forme, mais sur le fond bien plus travaillé qu’il ne peut y paraitre de prime abord. On apprécie alors d’autant plus que Lollipop Chainsaw RePop n’ait pas subit la moindre censure, que ce soit visuellement ou pour ses dialogues parfois très crus.
Dans plusieurs coins du lycée puis dans une ferme, une église en travaux et en ville, on prend ainsi les commandes de Juliet pour découper du zombie à la chaine. Les combos sont basés sur des combinaisons entre coups de poings et pieds et entailles à la tronçonneuse. Battre les ennemis permet de gagner des pièces qui peuvent être ensuite échangées pour débloquer de nouveaux combos, améliorer le personnage (santé, puissance, portée) ou encore débloquer de nouvelles tenues et objets à collectionner (illustrations, musiques). De l’eau a coulé sous les ponts depuis la sortie de Lollipop Chainsaw sur Xbox 360 mais il reste un beat’em all plutôt bien fourni en combinaisons et possibilités de dégommer du zombie. Suffisamment en tous cas pour être valable douze ans plus tard, d’autant que ce remaster améliore significativement la gestion de la caméra. Très bordélique par le passé, elle se comporte globalement bien ici. A mesure que l’on avance dans le jeu, on débloque des fonctionnalités supplémentaires comme le tir, la course avec la tronçonneuse qui ratisse le sol ou bien des actions mettant à profit « Nick », le petit copain de Juliet qui l’accompagne partout, tout le temps. On vous laisse le soin de découvrir sa particularité si ce n’est pas déjà fait. A noter enfin que l’aventure est ponctuée de passages qui prennent la forme de mini jeux, comme lorsqu’il faut moissonner un champ infesté de zombies, battre le score au basket en faisant sauter des têtes dans le panier, ou encore lorsque l’on doit protéger à distance Nick dans une partie de baseball hors du commun. Ces passages n’ont rien d’extraordinaire mais permettent à la progression de se diversifier quelque peu.
Lollipop Chainsaw RePop est un jeu toujours assez sympathique à jouer en dépit de son âge honorable. Rappelons toutefois qu’il est très court (six heures tout au plus) et qu’à moins de vouloir le refaire dans une difficulté supérieure (ou bien pour débloquer tous les costumes), il n’y a pas vraiment de raison d’y revenir rapidement. L’apport de cette remasterisation se veut par ailleurs très inégal, avec des choses qui fonctionnent, comme la gestion de la caméra évoquée plus haut, ou encore le fait que le jeu tourne parfaitement à 60 images par seconde ; mais à l’inverse, on a rencontré pas mal de bugs qui n’existaient pas sur Xbox 360. Il est arrivé qu’un ennemi reste bloqué dans un coin inaccessible, nous forçant à recharger la partie au dernier point de contrôle, ou bien qu’un élève à sauver des zombies (on en trouve dans chaque niveau), disparaisse subitement, sans pour autant avoir été tué. De quoi agacer s’il on a à cœur de profiter de l’aventure à 100%. Mais le plus gênant avec cette version RePop concerne les hitboxes. Il y a un vrai souci de précision de façon très aléatoire et on se retrouve à frapper dans le vide alors que clairement le coup est à bonne portée. On ressent cette gêne lors des combats de boss notamment où il faut s’y reprendre plusieurs fois pour enclencher le QTE final.
Lollipop Chainsaw RePop se veut ainsi plus fluide que l’original mais moins satisfaisant à cause de ces problèmes de hitbox qui ramollissent un tantinet les combats. Jouer à la version dite « originale » ou « RePop » ne change absolument rien à cela, la seconde se voulant être simplement une adaptation moins violente visuellement de la première. D’un point de vue graphique, le rehaussement en 4K rend l’ensemble globalement propre mais n’enlève pas grand-chose à certains aspects des décors que l’on notait déjà passablement datés en 2012. On a d’un côté un personnage principal très bien modélisé, des jolies animations, et puis des éléments du décors en carton ou en mal de polygones. Le cel shading d’origine fait toujours son bon effet adoucissant, mais Lollipop Chainsaw RePop vaut toujours bien plus pour son expression « artistique » si l’on peut dire, que purement graphique. Côté sonore, on retrouve les très bons doublages en anglais du jeu d’origine et la musique « Lollipop » lors du passage à la boutique d’amélioration. On perd en revanche certaines pistes musicales, dont le fameux « Hey Mickey » qui créait une ambiance délirante lorsque Juliet décuplait sa puissance pour quelques secondes.
+
- Nanardesque, comme on n’en fait plus
- Toujours assez plaisant à jouer
- Aucune censure par rapport à l’original
- 60 images par seconde stables
- Caméra moins bordélique que sur Xbox 360
-
- Pas mal de petits bugs en tous genre
- Problèmes de hitbox qui nuisent à la brutalité des combats
- Graphiquement daté en dépit du passage à la 4K
- Des musiques en moins
- Un jeu somme toute très court (6 heures environ)