Test : Lost Words: Beyond the Page sur Xbox One
Perdu dans l'audace
En s’attachant les services de la scénariste Rhianna Pratchett, le studio Sketchbook Games a évidemment mis un bon atout dans sa manche. Une véritable force largement mise en avant lors de la promotion du titre par l’éditeur américain Modus Games, souvent à l’origine de bonne trouvaille indépendante. Sans trop de surprises, c’est avec une bonne pointe d’originalité que démarre l’aventure proposée par Lost Words: Beyond the Page, un jeu qui met en scène Izzy, une jeune fille qui aimerait faire de l’écriture son métier. C’est par le biais de son journal intime qu’elle assouvi sa passion, dressant sur papier aussi bien des passages importants de sa vie comme des banalités du quotidien. Durant environ cinq heures, on suit donc l’histoire de cette héroïne pas comme les autres, dans les bons comme dans les mauvais moments.
C’est là que démarre la première phase de gameplay. Le joueur contrôle alors une petite animation d’Izzy qui parcourt les phrases de son journal intime à la façon d’un platformer très simple. Les mots apparaissent seuls, ou une fois que le joueur a atteint un mot signalé en bleu. Parfois il est possible de déplacer des mots à travers le cahier pour créer une plateforme et ainsi atteindre un endroit inaccessible autrement. A d’autres moments ce sont des dessins qui viennent illustrer le quotidien de la jeune fille, et il devient alors possible d’interagir avec en utilisant des mots-clés comme le verbe tondre pour ratiboiser une pelouse un peu trop épaisse.
De petites trouvailles sympathiques et jamais très compliquées pour ne pas dire beaucoup trop facile. Quelques petites étoiles viennent apporter des réflexions supplémentaires de la part d’Izzy et rendre l’ensemble plutôt réussi sur un point purement artistique. Malheureusement, le tout se parcourt avec un manque de rythme assez dérangeant, limite soporifique. Quelques faits marquants viennent nous tirer d’une certaine léthargie, pour nous replonger trop rapidement dans un état proche du sommeil.
Entre deux tranches de vie, Izzy nous invite à suivre son roman fantastique. Une écriture que le joueur suit en direct un peu à la façon d’une histoire sans fin, avec l’intégration des textes narratifs aux décors pour offrir un cachet intéressant. Des phases qui adoptent un gameplay bien plus traditionnel puisque l’on dirige une héroïne comme dans un platformer 2D très classique, mais là aussi sans aucune difficulté ou presque. Après nous avoir laissé le choix entre trois prénoms et autant de tenues, on embarque ainsi dans une aventure à vivre en parallèle de la vie quotidienne menée par Izzy. Un contraste intéressant sur le papier, qui se concrétise malheureusement par des histoires un peu trop convenues, avec un petit côté mélodramatique pas vraiment bien amené.
Le monde fantastique imaginé par la jeune fille est bourré de stéréotypes. Tout au long des huit chapitres proposés, les environnements sont plutôt variés mais déjà vus mille fois. De son côté, le level-design est quasi inexistant et n’offre absolument aucun moment satisfaisant pour le joueur. Quelques sauts, et surtout des mots à utiliser pour réaliser certaines actions et c’est à peu près tout. Aucun ennemi, et les 120 lucioles que doit récupérer l’héroïne pour accomplir sa quête se trouvent sans avoir à chercher très longtemps. Le challenge est inexistant et l’utilisation des mots, la seule véritable trouvaille de ces phases de jeu, manque d’ergonomie.
A chaque action à réaliser il est nécessaire d’ouvrir un livre et de déplacer le mot dans la bonne zone. Il est ainsi possible de casser, allumer, réparer, soulever ou encore ignorer pour progresser. On sent que le jeu a avant tout été pensé pour les joueurs PC et l’utilisation de la manette représente un petit handicap pour le confort du jeu. La direction artistique, et notamment le design des personnages n’est pas hyper engageant même si on lui trouvera la circonstance atténuante d’être issu de l’imagination d’une jeune fille d’une dizaine d’années. L’utilisation d’une colorimétrie proche de l’aquarelle pour certains dessins est assez réussi, et on regrette que les phases au sein du roman n’aient pas bénéficié de ce style graphique. Pas grand chose à signaler du côté de la technique, si ce n’est quelques bugs du côté des animations, déjà pas hyper folles, qui voient parfois le personnage principal se déplacer en glissant, sans être animé.
+
- Idées originales
- Scénario bien écrit
- Univers mignon
- Textes en français réussis
-
- Gros manque de rythme
- Très limité en terme de gameplay
- Aucune difficulté
- Manque d'ergonomie pour les pouvoirs
- Aucune rejouabilité
- Quelques bugs d'animations