Test : Mafia Definitive Edition sur Xbox One
Remake de cheval
Cette génération de consoles aura vu une quantité astronomique de retours, le plus souvent sous la forme de portages, de remasters et de remake. Le principal intérêt de cette pratique est de pouvoir faire découvrir d’anciens titres à de nouveaux joueurs, le tout à moindre frais pour l’éditeur. Alors quand 2K Games et Hangar 13 nous annoncent le retour du premier Mafia en Definitive Edition, c’est déjà un bon point tant le jeu est encore considéré comme le meilleur épisode de la série dans l’esprit de beaucoup de personnes. En optant pour une approche globale bien plus proche du remake que du remaster, les développeurs se sont appliqués à offrir des graphismes très travaillés en s’appuyant sur le moteur maison déjà utilisé pour Mafia III.
Une décision impeccable quand on voit le résultat. Rien que l’introduction montre une ville parfaitement modélisée et pleine de vie. Les nombreux véhicules qui arpentent les rues de Lost Heaven, la ville fictive rappelant évidemment le New York de l’entre-deux guerres, s’organisent pour donner l’impression d’un trafic réaliste. Les façades des immeubles et les textures au sol ont également été peaufinées pour un résultat impressionnant de réalisme, avec des rues toujours impeccables qu’il fasse jour ou nuit, que l’asphalte soit sec ou détrempé. Tout a été réalisé de manière à transporter littéralement le joueur dans une ville qui transpire l’ambiance des années 30, avec ses quartiers caractéristiques allant de la zone industrielle avec ses bâtiments en brique aux quartiers résidentiels de la périphérie, en passant évidemment par les quartiers communautaires de Chinatown et de Little Italy. Les sons viennent aider à l’identification des différents districts avec des bruits de métallurgie et de scie circulaire près des usines, et plutôt des bruits d’enfants près des lieux d’habitation par exemple, le tout avec des enregistrements de qualité. De quoi donner une vraie âme à ce Lost Heaven.
C’est là où vit Thomas Angelo, un chauffeur de taxi sans histoire qui se retrouve impliqué bien malgré lui dans une course-poursuite opposant deux mafias locales. Afin d’assurer sa protection, il décide alors de rejoindre la famille Salieri quitte à participer à un business pas franchement légal, en pleine période de prohibition américaine. Un scénario à suivre sur une petite dizaine d’années et une vingtaine de chapitres, à la manière d’un vrai film de gangsters. Car en plus du décor, tout est fait pour ressentir réellement la tension liée à la guerre de territoires livrée par deux familles rivales. L’arsenal s’étend de la batte de base-ball au cocktail molotov, en passant par l’inévitable Thompson et son chargeur atypique. Une panoplie peu large mais bien suffisante. Les modèles de personnages sont réussis et possèdent des visages à la fois expressifs et endurcis par les activités gérées par le Don. Les musiques sont également dans le ton, reprises en grande partie de la playlist du jeu original et réparties sur deux radios à écouter au volant. Idéal pour tuer le temps en rejoignant un point à un autre de la carte, d’autant que la majorité des véhicules invite à la patience, époque oblige. Leur inertie a également été prise en compte et il faut un petit temps d’adaptation avant de pouvoir gérer les virages sans perdre trop de vitesse. Un peu plus tard dans le jeu ce sont les camions, motos et même des bus qui peuvent servir de moyens de déplacement, avec un vrai soin de détails apporté à chacun d’eux.
Les détails on en profitent également abondamment durant les missions en intérieur. Les murs et les meubles respectent évidemment l’époque et fourmillent de petites attentions qui rendent le tout extrêmement joli. Dommage qu’on n’ait pas vraiment le temps d’en profiter d’ailleurs tant les opérations menées par Tommy et ses comparses Paulie et Sam sont intenses. Au delà des nombreux clins d’oeil envoyés notamment en direction de la saga Le Parrain, le scénario envoie le joueur en plein coeur de l’action avec une multitude de gameplay différents qui permettent de conserver un rythme élevé tout en n’apportant aucune lassitude sur la durée. Guet-apens, fusillade, infiltration, filature, recherche d’informations auprès d’indics, et nécessité d’échapper à la Police, tout est fait pour vous faire arpenter en long et en large Lost Heaven et sa banlieue rurale. Pas de quêtes annexes, tout se joue d’un trait avec la possibilité néanmoins de faire des détours pour visiter des parties méconnues de la ville et profiter des points de vue parfois impressionnants.
Il est d’ailleurs possible de vivre l’aventure à votre rythme avec quatre modes de difficultés proposer. Les joueurs qui veulent profiter du scénario sans trop éprouver de difficulté opteront évidemment pour le mode facile, quand les pros de la gâchette choisiront le mode Classique, véritable challenge capable de doubler allégrement la durée de vie du jeu estimée à une douzaine d’heure de base. Une difficulté en partie liée à l’imprécision des gunfights, qui subit le côté obsolète du jeu d’origine. On aurait préféré une mire un peu plus stable plutôt que de devoir se rabattre sur une visée semi-assistée pour prendre un minimum de plaisir sur ces phases. Du côté des animations ça semble un peu daté également et pas toujours très naturel, mais c’est déjà moins dérangeant finalement. La possibilité de se mettre à couvert façon Gears of War et les combats au corps à corps satisfaisants viennent un peu combler les défauts liés aux armes à feu. A noter aussi la présence d’un mode libre qui permet de récupérer de nombreux collectibles, ainsi qu’une dizaine de véhicules atypiques. L’occasion de relancer le jeu après avoir terminer l’aventure, ne serait-ce que pour le plaisir de se balader dans les rues de Lost Heaven sans avoir l’impression d’avoir une cible au milieu du front.
+
- Un vrai remake, excellement réalisé
- Ambiance absolument parfaite
- Scénario en béton armé
- Personnages très bien construits
- Entièrement en français
- Une multitude de détails
-
- Gameplay des gunfights désuet
- Histoire un peu trop courte