Test : Metro Exodus sur Xbox One
Le train en marche
Une fois de plus, Metro Exodus nous place dans la peau du mutique Artyom, quelques mois après la bataille de D6 qui concluait de manière brutale l’excellent Last Light. Si l’on n’aura pas le droit aux détails sur la façon dont notre héros a réussi à se sortir du final explosif qui précède, on est rapidement lancé dans la trame de ce nouvel épisode. Et il est bien décidé à justifier son sous-titre en nous faisant voir du pays. En bon messie post-apocalyptique qu’il est devenu, Artyom passe ses journées à chercher des signes de vie d’autres survivants en parcourant seul les ruines du Moscou de 2035. Près de 20 ans après la catastrophe nucléaire qui poussa les cinquante mille survivants de la capitale Russe à trouver refuge dans les tunnels du métro. Rapidement il se retrouvera, avec sa compagne Anna, confronté à un complot visant à dissimuler la capitale Russe aux yeux du reste du monde. Car non seulement les moscovites ne sont pas les seuls survivants de l’holocauste nucléaire, mais en plus de cela, des communautés entières ont réussi à survivre et à se réinstaller à l’air libre, tandis que le reste du monde semble toujours en guerre. Suite à ces révélations, Artyom et sa bande de spartiates se retrouvent rapidement aux commandes d’un transsibérien en état de marche, libre d’arpenter le pays à la recherche d’un nouveau foyer et de réponses à leurs questions.
Si l’on évitera de déflorer plus que de raison le scénario, riche en rebondissements et riches d’emprunts à la pop-culture post-apocalyptique, Mad Max et The Walking Dead en tête, en passant par des références aux films de monstres (notamment Pitch Black), force est de constater que les situations s’enchaînent une fois de plus à un rythme effréné et soutenu. Il faut dire qu’entre les différentes communautés survivantes composées de fanatiques religieux, cannibales ou encore esclavagistes qui parsèment désormais les ruines du pays des tsars, Artyom aura fort à faire pour trouver son futur nid douillet. Nos actions auprès des différentes communautés ayant par ailleurs leur incidence dans certains dialogues optionnels, le jeu permettant dans la plupart des situations de choisir entre une approche létale ou non.
Metro 2033 était une variation originale et réussie du genre FPS, particulièrement à la mode lors de la génération précédente. Il réussissait alors le pari un peu fou de mixer les scripts et la narration particulièrement riche en rebondissement des solos à la Call of Duty avec la rigidité et le soucis d’immersion d’un RPG post-apo tendance Stalker ou encore Fallout. Sa suite Last Light s’adaptait plus aux standards du jeu d’action en ajoutant HUD et autres composantes plus grand public, tout en y ajoutant une notion d’infiltration et d’action beaucoup plus importante. Après une introduction -un peu molle- et un premier niveau dans la continuité des épisodes précédents, Exodus change radicalement de cap et épouse des mécaniques de jeux plus modernes en nous faisant quitter les rues de Moscou pour nous retrouver aux abords de la Volga. On découvre des environnements totalement ouverts que l’on pourra explorer librement, à son propre rythme, tout en étant guidé vers l’objectif suivant nécessaire à l’avancée du scénario. Si l’on peut regretter sur l’instant la perte d’une partie de l’identité du jeu, on se prend rapidement à l’ambiance particulièrement réussie du titre et de l’aspect survie proposé, basé sur l’immersion et le plaisir de jeu avant tout.
Les niveaux suivants se chargeant de rétablir l’équilibre entre liberté et couloir linéaire. Car oui, 4A Games a fait le choix de conserver autant l’héritage des niveaux linéaire des opus précédents tout en passant à la modernité des open-world actuel. Comment cela se traduit-il à l’écran ? Tout simplement par une structure très intelligente et originale, nous faisant traverser trois niveaux libres, remplis d’objectif optionnels et de lieux à découvrir, le tout entrecoupé de missions classiques linéaires et de voyages en train nous permettant de profiter d’instants de calme et de répit auprès de nos proches. Le dernier niveau regroupe le meilleur des deux mondes, dans une carte ouverte au déroulement linéaire. Avant un final sous forme de retour au source. La grande force de ce découpage réside dans la diversité des lieux et des environnements qu’elle procure. Au programme : un lac marécageux qu’on arpentera à la rame, un désert renvoyant immédiatement à Mad Max et une forêt parcourue par des meutes de loups et un ours mutant particulièrement dangereux. Trois environnements possédant chacun sa propre ambiance, ses ennemis, véhicules, conditions météorologiques et même spécificités de gameplay. La meilleur façon de ne jamais lasser dans une aventure longue. Cela même en ligne droite.
Bien que la série Metro soit avant tout connue pour son action à la narration soignée, les développeurs ont toujours privilégié un certain aspect survival-horror, au travers de longs passages dans les couloirs du métro dans lesquels les munitions se faisaient rares. Cet aspect se retrouve magnifié dans les ruines de l’ex-URSS d’après guerre avec toujours des munitions à économiser, au risque de se retrouver débordé par une horde de monstres vous attaquant par dizaines. Pour vous permettre de survivre dans cet environnement hostile, autant de jour où les bandes de pillards sont à l’affût d’une victime à dépouiller que la nuit lorsque les animaux sauvages sortent en meute pour déguster des voyageurs perdus, vous devrez désormais explorer les ruines et les points d’intérêt. Leur découverte se fait à l’aide de vos jumelles et leur exploration permet de vous remplir les poches de composants ouvrant à la fabrication d’objets à n’importe quel moment, de médikits, balles de plomb ou lames de jet. L’exploration sera d’autant plus récompensée que ce sera le seul moyen de trouver des objets vous permettant d’améliorer définitivement vos armes et équipements dans les ateliers disséminés dans les quelques abris accessibles. On en profite également de se reposer entre deux combats.
Si les mécaniques de l’open-world classique sont désormais connues et rabattues à chaque nouvel production un tant soit peu ambitieuse, force est de constater qu’elles s’adaptent ici plutôt bien à l’atmosphère particulière de la série et qu’elles ne sont jamais invasives. Les quêtes secondaires et les marqueurs de cartes s’introduisant de manière naturelle dans la progression. Aucun journal de quête avec objectifs à cocher dans Metro Exodus, mais toujours la carte classique sur tablette, dans laquelle des annotations et des dessins vous rappellent les objectifs et lieux présentés par les nombreux PNJ que vous rencontrerez tout au long de vos pérégrinations. On évite également les missions basées sur le scoring ou la performance ; le tout reste parfaitement intégré à la narration et respectueux de l’aspect « réaliste » de la licence.
Si jusqu’ici le jeu n’est que bonheur de tous les instants, quelques éléments ternissent malheureusement le tableau. Le principal reproche que l’on peut faire à Metro Exodus se situe du côté de l’IA ennemis. Si le bestiaire est varié et vous permettra autant de massacrer des animaux mutants que des cannibals dégénérés, des bandits surarmés ou encore des zombies radioactifs, force est de constater qu’ils partagent tous la même crétinerie et une certaine propension à faire n’importe quoi. Soldats qui se ruent à la queue-leu-leu pour se faire massacrer au détour d’une porte, zombie courant comme un poulet sans tête, voire carrément des boss bloqués par le rebord d’une fenêtre sur lequel on pourra vider tranquillement plusieurs chargeurs avant de le voir s’écrouler. Le jeu se rate quasi-totalement à ce niveau, mais compense par une difficulté assez élevée -même en normal- et un nombre conséquent d’ennemis. Ce challenge rend ainsi les défauts d’IA plus acceptables.
Bien que le développement du jeu ait pris son temps, force est de constater que quelques soucis de finitions sont toujours présents. Le jeu en lui-même est une réussite technique avec des environnements riches et variés, de très beaux effets d’éclairage, de particules et de physique associés à une direction artistique sublime. Il profite également, du moins dans sa version Xbox One X, d’un affichage en 4K impeccable gommant totalement toute trace d’aliasing ou de flou disgracieux. Cette netteté ayant un prix, il faudra se contenter d’un framerate bloqué à 30 FPS, avec quelques rares ralentissements lors de passages riches en effets divers. A noter durant cette session test, sans patch day one donc, quelques retours au dash toujours indélicats et quelques rares bugs visuels et sonores. Le mixage sonore souffre toutefois d’un manque d’équilibrage avec des voix souvent inaudibles et à contrario des coups de feu particulièrement violents. A noter qu’en plus du doublage français intégral (voix et texte), bon mais pas toujours juste dans le ton, on pourra une fois de plus choisir parmi un large éventail de langues différentes dont la version originale Russe, parfaite pour l’immersion. Un petit mot également pour préciser que le jeu est compatible Dolby Atmos, qui n’améliore malheureusement pas la qualité du mixage, et HDR pour les joueurs ayant le matériel adéquat.
Si il y a un point où la série a toujours divisé et dans lequel elle continuera à le faire, c’est bien au niveau du gameplay. Si les habitués de la série retrouveront rapidement leurs marques, les nouveaux venus risquent d’avoir besoin de quelques minutes d’adaptation. Exodus est un jeu au gameplay lourd et exigeant qui adopte une volonté d’immersion et de réalisme maximum. Les pétoires sont peu précises et nécessitent d’être entretenues régulièrement pour éviter de s’enrailler en plein cœur d’un combat. Vous devrez sans arrêt surveiller votre réserve d’oxygène pour recharger votre masque à gaz, garder un oeil sur le compteur Geiger ou encore vous soigner pour éviter de mourir sans trop comprendre pourquoi. A savoir que plus l’on avance dans l’histoire, plus l’utilisation du masque à gaz se fait rare. Pas de barre de vie ou d’énergie qui se régénère à couvert, tout devra être ici géré manuellement. On peut regretter toutefois que le mode Ranger, représentant l’expérience originale Metro, sans HUD ni indications visuelles à l’écran soit réservé uniquement au mode difficile. Les joueurs qui préféreront parcourir le jeu en mode facile pour profiter de l’histoire ou en mode normal pour souffrir -mais pas trop- se verront imposer d’y jouer de manière plus classique.
+
- Très beau et très propre sur One X.
- Aventure longue et captivante (20h en ligne droite).
- Des environnements et situations qui se renouvellent constamment.
- On n’a jamais l’impression de refaire la même chose.
- Une immersion totale couplée à une mise en scène sublime.
-
- IA totalement aux fraises.
- Mixage sonore perfectible.
- Mode ranger réservé au mode difficile.