Test : MotoGP 22 sur Xbox One
L’efficacité comme crédo
Les choses vont plutôt bien pour Milestone. Le précédent MXGP a fait le boulot, le nouveau Monster Energy Supercross a confirmé les bonnes dispositions de la série ; reste donc à MotoGP 22 le soin de porter à nouveau la catégorie reine sur son trône. Sans être mauvaise, l’édition 2021 n’avait su se montrer tout à fait à la hauteur. Le lancement de MotoGP 22 nous permet rapidement de comprendre les ambitions du développeur pour rebattre les cartes : aller à l’essentiel, là où on l’attend. Au diable les fioritures visuelles qui rendaient le précédent jeu confus dans ses menus, la recherche limite vomitive, avec quelque chose ici de certes austère mais qui a le mérite de ne pas nous perdre.
On débute d’ailleurs si on le souhaite avec un long didacticiel qui s’emploie comme il faut à expliquer toutes les bases du pilotage et toutes les spécificités de la course pour vous aider à paramétrer l’expérience. La mise en situation pour chaque élément permet de véritablement se confronter à ce jeu très riche et subtil, pour en retirer ce qui seulement nous convient. MotoGP 22 offre à ce titre une large gamme d’aide au pilotage, de niveaux de difficulté de l’IA et d’accompagnements visuel, notamment un système d’affichage des points de corde/freinage qui, en lieu et place de la célèbre bande colorée, permet d’obtenir une aide précieuse mais pas trop invasive.
Une fois le didacticiel complété (ou ignoré), place à la personnalisation du pilote puis la découverte des modes de jeu. Aux côtés du traditionnel championnat et des modes rapides inévitables (course, grand-prix, contre la montre), on a la bonne surprise de découvrir « Nine Season 2099 ». De quoi s’agit-il ? Eh bien tout simplement d’une très belle rétrospective de la saison 2009 du MotoGP, l’une des plus mythiques, qui voyait Rossi, Stoner, Lorenzo ou encore Pedrosa se livrer une bataille farouche pour le titre suprême. La formidable intensité de ce bout d’histoire du MotoGP se vit ici au gré des 17 courses officielles de l’époque, entre archives vidéo (commentées en français) et défis manette en main. On est ainsi invité à reproduire certaines séquences en atteignant un objectif précis et on peut aller plus loin dans le réalisme en tentant la tâche secondaire qui l’accompagne. Nine Season 2099 est un mode rythmé qui fait le bonheur des fans pour ses nombreuses séquences vidéo. Quel plaisir de revoir certains moments et d’y participer ensuite aux commandes des plus grands pilotes ! On profite de cette séquence nostalgie pour rappeler que MotoGP 22 propose, comme nombre de ses ancêtres dans les modes rapides et multijoueur, les grands pilotes et motos des 25 dernières années, ainsi qu’une partie des tracés qui n’ont plus leur place dans le calendrier 2022. L’allure, la sonorité de la 500cc de Mike Doohan dans les années 90, c’est une retrouvaille dont on ne se lasse pas.
Outre l’excellente surprise offerte par Nine Season 2009, on apprécie la présence d’un mode deux joueurs en local. Trop rare, ce mode a quelque chose de nostalgique lui aussi et fonctionne bien. Vous savez sinon que MotoGP 22 propose des courses en ligne, pour de simples affrontements ou un mini-championnat. Pas de quoi sauter au plafond côté modes de jeu, en revanche il n’y a rien à dire sur l’expérience manette en mains, c’est très stable. On vous conseille naturellement de vous faire la main en solo avant d’aller titiller les boulets de canon qui trainent aux quatre coins du monde, MotoGP 22 étant un jeu qui demande comme toujours une bonne dose de pratique avant de vous laisser l’apprivoiser. A ce titre, l’amélioration des performances de l’IA est notable. La difficulté est largement paramétrable et nous met face cette fois à des pilotes mieux disciplinés, aux performances globalement en adéquation avec le degré d’habileté présumé. Si l’on constate tout de même l’étonnante capacité de l’IA à rouler sous la pluie aussi vite que sur sol sec (cela rend les phases d’essai/qualification un peu biaisées au regard de ce qu’il se passe ensuite en course), jouer en solo dans MotoGP 22 se veut plus agréable qu’avec le 21 et ses kamikazes.
On retrouve comme toujours cet habile mélange entre simulation et pointe d’arcade capable de convenir au plus grand nombre. Au risque de nous répéter si vous avez lu nos autres critiques des jeux Milestone, une utilisation minimale des aides au pilotage est grandement conseillée pour profiter de l’expérience. Utiles au démarrage, ces assistances ont naturellement tendance à « aplanir » les sensations de pilotage, nettement plus grisantes à l’état brut. MotoGP 22 améliore d’ailleurs sensiblement son pilotage au regard d’un MotoGP 21 déjà très satisfaisant. C’est précis, tolérant sans être permissif, avec des transferts de masse plus facile à appréhender que par le passé. Rien à redire côté freinage, dès lors du moins que l’on garde un œil averti sur la température des disques gérée en temps réel ; seule la boite semi-automatique semble parfois un poil trop long à rétrograder, mieux vaut y aller manuellement quand c’est nécessaire (comme dans la plupart des jeux de courses me direz-vous).
Le soin apporté par les développeurs aux différentes catégories de bécanes (Moto 3, 2, MotoGP actuelles et passées) permet de varier les expériences aussi bien aux commandes que pour le plaisir des oreilles. On retrouve bien sûr tous les éléments gérables avant pour pendant la course, comme l’usure des pneumatiques, le niveau de carburant, l’anti-wheelie, l’antipatinage ou la cartographie moteur. On note cette année la présence du RHD (Ride Height Device) permettant de contrôler les suspensions pour abaisser le centre de gravité et optimiser l’accélération. L’ATH, peu ou prou identique à celui de MotoGP 21, fait encore une fois très bien le travail en étant complet sans gêner l’immersion visuelle.
L’indiscutable plaisir du pilotage offert par MotoGP 22 vient compenser l’austérité décidément immuable du mode carrière. Ce n’est pas déplaisant, car on y retrouve tout l’univers officiel autour de week-end de courses paramétrables et tout un tas d’objectifs à remplir. En s’y astreignant, on obtient des points qui permettent d’améliorer le travail des équipes de recherche et développement autour de la moto. On reste toutefois dans une progression très mécanique, sans animation particulière. Le mode carrière de MotoGP 22 revêt ainsi une nouvelle fois son aspect de mode championnat mâtiné d’un brin de gestion, sans âme, sans spectacle. On met à son crédit le fait qu’il soit cette fois parfaitement clair et lisible mais Il serait intéressant que la franchise développe cet aspect de l’immersion. A la manière par exemple de ce que propose l’univers de la F1.
D’un point de vue technique, MotoGP 22 assure sans pour autant prendre une réelle avance sur son prédécesseur. Ses points forts se situent assurément du côté du framerate bien calé à 60 images par seconde et imperturbable, ainsi que pour la modélisation des motos et pilotes. C’est propre, net, sans bavure. Le rendu des nombreux tracés officiels passés et présent est lui aussi bien fini, mais ce n’est rien de très impressionnant pour une machine comme la Xbox Series. On imagine qu’il y a de quoi proposer quelque chose de plus impressionnant car en l’état on demeure proche du rendu de MotoGP 21. Joli, propre, mais pas incroyable. A noter que MotoGP 22 est à la différence de son prédécesseur un jeu jouable à la fois sur les deux générations de consoles Xbox en multijoueur, ce qui explique peut-être en partie ce manque d’ambition graphique sur Xbox Series.
+
- Un mode Nine Season 2009 excellent
- Pilotage toujours très plaisant et précis
- Largement paramétrable pour convenir à tous
- Contenu solide cette fois
- Mode deux joueurs en écran partagé
- 60 images par seconde imperturbables
-
- Graphiquement propre, mais sans éclat
- Mode carrière monotone