Test : NieR : Automata sur Xbox One
Paranoid Android
C’est plus de 3000 ans après le combat sans relâche d’un père pour sauver sa fille et de toutes les révélations qui en découlent que s’ouvre NieR : Automata. L’humanité est au bord de la destruction depuis l’apparition d’extraterrestres aux intentions tragiquement claires ; l’inébranlable assise du pouvoir hégémonique des machines l’atteste chaque jour un peu plus. Le plus grand prédateur de la planète Terre a dû se résoudre depuis à justement la quitter pour se réfugier sur la Lune. Mais l’être humain ne serait pas vraiment lui-même s’il n’avait pas à un moment un plan derrière la tête pour reprendre ce qui lui appartient. Ainsi est créée l’unité de combat YoRha. Un escadron d’élite composé d’androïdes, créés et configurés dans un seul but : défendre l’humanité envers et contre tous. Ce qui sous-entend surtout de d’abhorrer viscéralement tout ce qui se compose d’huile et de boulons, les traquer et les démonter sans relâche. C’est lors d’une opération visant une nouvelle fois à nettoyer la planète bleue de la présence robotique que l’on prend pour la première fois les commandes de 2B, guerrière impitoyable du groupe YoRha, avant de rencontrer 9S, un androïde plus apte à l’observation qu’à l’action mais tout de même mortel lorsqu’il met à contribution ses immenses capacités intellectuelles. Vient ensuite un troisième humanoïde dont l’identité et les intentions se dévoilent bien plus tard pour former une Triforce sur laquelle repose le casting jouable de NieR : Automata. Comme dans le premier épisode, il ne faut pas plus d’une heure pour se retrouver complètement happé au cœur d’une histoire forcément moins simple qu’elle en a l’air.
La Terre n’est qu’un tas de ruines. Des restes d’immeubles aux quatre vents depuis longtemps, investis par la végétation, abritent pour l’essentiel quelques animaux et surtout des robots hostiles à chaque coin de rue. Quelque part, dans un coin de la ville se trouve la résistance. Dernier carré de présence non robotique, le campement des résistants sert de point de ravitaillement à la paire promptement formée par 2B et 9S, en vue de lever le voile sur l’état particulièrement bordélique du monde. Rapidement, les rencontres étranges se multiplient, le mystère s’épaissit alors que l’on découvre tour à tour les environnements qui composent l’univers de NieR : Automata. Un désert avec au bout une ville en ruines, une forêt où git miraculeusement les restes d’un château, une citée engloutie ou encore un triste parc d’attractions composent l’univers au gré duquel se distille une intrigue dont on laisse volontiers les détails de côté. Pour vous épargner d’une part un vilain spoil ; surtout parce qu’une fois encore le scénario maturé dans l’esprit tortueux de Yoko Taro est bien difficile à présenter à quelqu’un qui n’aurait pas encore joué à NieR : Automata. Toujours est- que pour en comprendre le sens et la finalité, un seul run ne se suffit pas : passer par le New Game + est obligatoire. Rassurez-vous tout de même, surtout si vous avez entendu parler des 26 fins disponibles. 5 sont réellement liées à l’intrigue dans son ensemble ; le reste est à découvrir pour le challenge ou peut survenir à la suite d’un choix qui irait à l’encontre du cheminement « logique » de l’aventure. Histoire de surprendre, encore et toujours. Mais non, il n’est pas nécessaire de finir 26 fois le jeu pour le comprendre, pas plus qu’il ne faut enchainer des runs semblables de A à E. Si la première et la seconde partie reprennent effectivement le même cheminement sous des points de vue différents, les autres « nouvelles parties + », plus courtes, sont la suite directe de tout cela et mènent le joueur jusqu’à la véritable conclusion de l’histoire. Stopper NieR : Automata à la fin du premier run c’est comme partir du restaurant après l’entrée alors que c’est un véritable festival gustatif qui se prépare secrètement en cuisines.
Aurait-on pu imaginer une construction classique pour NieR : Automata ? Oui, probablement, mais il n’est pas exclu que l’enchainement direct de toutes les scènes jouées ici de cette façon particulière aurait eu un écho différent. Peut-être que le rythme aurait été plus difficile à maintenir, les changements de points de vue pas aussi facilement justifiables. La conclusion se pose au bout d’environ 27 heures de jeu, sachant que l’on peut aisément doubler tout cela en prenant part à la soixantaine de missions annexes proposées. Il ne faut certes pas être hermétique au job chez Fedex mais on retrouve aussi quelques tâches qui ont le bon goût d’épaissir encore un peu plus le background écorché de NieR : Automata. Là ou au travers de documents trouvés ici et là, les références au premier épisode sont également nombreuses. Il n’est pas véritablement nécessaire d’y avoir joué pour prendre du plaisir à découvrir et épurer NieR : Automata ; néanmoins, si vous faites partie des braves gens qui eurent donné sa chance au projet Gestalt sur Xbox 360, vous verrez et entendrez de nombreuses choses à propos de NieR dans Automata : des écrits, des histoires, des visages même. Alors même si l’on a envie quelques fois de pester contre la construction de l’aventure, notamment lors du second run qui demeure assez proche du premier, l’aventure NieR : Automata est un plaisir de tous les instants. Au moins pour son univers, son ambiance. On n’accroche peut-être pas tous de la même façon ou avec la même intensité à ce monde post-apocalytpique tristounet, grisâtre (pouvait-il en être autrement ?). Peut-être n’a-t-on pas le même attrait pour le chara-design ô combien atypique de NieR : Automata comme ce fut le cas pour son ainé, voire Drakengard. On retrouve ce qui semble être un jeu pour le designer, celui de mettre en conflit la beauté et la dangerosité, l’absurdité des traits de certaines formes de vie dans un contexte tragique. Quand tout cela se met en mouvement sur une bande-son tout bonnement fabuleuse, avec des voix japonaises comme toujours au diapason, il est difficile de ne pas voir en NieR quelque chose qui parvient à dépasser le simple plaisir de prendre la manette et de jouer. Comme pour le premier épisode qui compensait un gameplay bancal par une bande-son d’une intensité incroyable, NieR : Automata empile les pistes mémorables. Votre serviteur du jour gardera toujours une préférence pour l’OST de l’épisode originel mais sachez que l’on est tout de même en présence ici du haut du panier vidéoludique.
Les mauvaises langues diront que l’on est dans un jeu et que la musique, c’est bien beau, mais que l’essentiel est ailleurs. La destinée assez insolite de cette suite qui n’aurait jamais du voir le jour l’a porté jusqu’à un point que même les plus acharnés des fans n’auraient osé souhaiter : avoir un développeur de talent dans le beat’em all pour donner à NieR : Automata des combats dignes de ce nom. Cavia a disparu peu de temps après NieR et c’est ainsi que PlatinumGames se voit confier le soin de développer NieR : Automata. PlatinumGames c’est Bayonetta, soit l’un des meilleurs de son genre et donc la garantie de donner à 2B, 9S et compagnie un gameplay riche et dynamique. Pour ce dernier point, la mission est accomplie à 200%. Dans le plus pur style du BTA japonais, NieR : Automata nous met aux commandes d’androïdes survoltés pour des combats pêchus mais toujours très précis. On retrouve l’addition de coups rapides et lourds enrobés d’une belle couche d’esquive ; comme dans un Bayonetta, bouger au bon moment est primordial pour prendre l’avantage et asséner une bonne dose de tatanes dans la face cuivrée des robots. Tout en les assenant des balles à l’aide du Pod qui nous accompagne en permanence. Des petits, des grands, des volants, des électriques et puis des êtres parfois bien différents en guise de boss : le bestiaire est bien fourni, les combats prennent parfois un angle original. On bascule alors en 2,5D pendant plusieurs minutes pour une expérience totalement différente, typée années 90 ; parfois on joue de l’esquive millimétrée pour éviter les salves de boulettes roses que l’ennemi nous balance à la figure avec la même générosité qu’un vaisseau de Danmaku. Parlant de shoot’em up, NieR : Automata affiche sans retenue une certaine attraction pour le genre. Un peu comme un FPS qui délivre inévitablement son petit passage de rail shooter pour détendre le joueur à coup de bastos envoyées dans tous les sens, NieR : Automata alterne le shmup à scrolling vertical et le twin sticks shooter pour quelques moments pas désagréables du tout. Le jeu de PlatinumGames est un titre soigné, jusque dans la mise en scène de ces phases de shoot’em up qui reprend à la lettre les codes du genre. L’amateur n’y retrouvera certes pas l’exigence du gameplay mais appréciera sans doute les références à tout l’univers du shoot’em up.
NieR : Automata n’est pas un jeu très difficile, il est même plutôt bien dosé en Normal. En ce sens, le mode facile et ses multiples avantages visant à automatiser tout et n’importe quoi est à bannir purement et simplement. Il serait bien dommage de ne pas profiter pleinement du dynamisme des combats. On regrette néanmoins que le talent de Platinum Games ne se soit pas exprimé dans la variété des combos. S’il est possible de changer d’approche avec une épée lourde, une lance, ou à mains nues en lieu et place de l’épée courte, on se retrouve la plupart du temps à effectuer les mêmes actions. Un doigt planté sur RB pour tirer, un enchainement d’attaques légères et lourdes, un coup de compétence spéciale du Pod de temps en temps et voilà. C’est en gros comme cela que se déroulent la plupart des combats. Quand on connait le nombre de combos qu’il est possible d’asséner dans un Bayonetta, on regrette d’autant plus la relative pauvreté de la proposition faite par NieR : Automata. On a tout de même droit avec 9S à une orientation différente : celui-ci a la possibilité de pirater les machines pour les détruire. Cette opération prend alors la forme d’une phase de shoot vue du dessus dans des environnements épurés. Amusant au début, le piratage perd peu à peu de son intérêt à partir du moment où il devient aussi obligatoire pour progresser. Reste que face à des combos un peu légers, on retrouve un système d’expérience classique (augmentant attaque et défense) couplé à une partie personnalisation particulièrement riche. En bons androïdes, 2B et 9S peuvent équiper des puces d’amélioration offrant des bonus d’attaque, de défense et d’état. Les possibilités sont très nombreuses : on peut améliorer la récupération de points de vie, frapper plus fort, bénéficier de l’utilisation automatique d’un objet de soin, améliorer sa stabilité ou encore pirater avec plus d’efficacité. En bref, on peut créer un héros avec une balance portée sur l’attaque, la défense ou la récupération et disposer de quatre emplacements pour sauvegarder différentes combinaisons. Une bonne chose pour adapter sa condition à celle du champ de bataille.
L’aventure NieR : Automata est une expérience à part, recommandable à toute personne aimant un tant soit peu déambuler dans des univers singuliers. Mais à l’image des combats qui souffrent tôt ou tard, même pour les joueurs les plus patients, d’une certaine répétitivité, l’expérience n’est pas parfaite. On évolue dans un monde ouvert avec plusieurs zones interconnectées, un peu à la manière d’un Dark Souls. Mais le concept d’ouverture est à prendre ici avec quelques pincettes ; la construction des zones n’est pas tellement un bon prétexte à l’exploration, forçant le joueur à emprunter malgré lui des chemins prédéfinis. On finit toujours par tomber sur un arbre, un tas de ruines qui force à changer de route pour finalement se rendre compte que l’on emprunte toujours le même chemin. NieR : Automata n’esquive pas non plus proprement l’aller-retour potentiellement bien gonflant. S’il est possible à partir d’un certain point de voyager d’un point de sauvegarde à un autre (non, on n’enregistre pas sa partie n’importe où et n’importe quand), on n’évite pas toujours la petite cavalcade pénible et parfois hautement dispensable. On finit alors par apprécier le fait que le monde de NieR : Automata ne soit finalement pas si grand que cela, même si un tout petit peu d’environnements en plus n’auraient pas été de refus pour apporter le petit plus de diversité qui vient à manquer vers la fin du jeu, alors que l’aventure prend de son côté une tournure de plus en plus rythmée. Reste que du début à la fin, NieR : Automata est un titre techniquement correct mais qui n’offre naturellement pas les mêmes prestations selon que l’on soit sur Xbox One X ou S. Testé ici sur une Xbox One standard, le jeu de PlatinumGames n’est pas un modèle de propreté (l’aliasing est de sortie) et souffre de quelques chutes de framerate quand l’écran se charge trop ou que la caméra fait un mouvement trop brusque. NieR : Automata vaut clairement plus pour sa direction artistique que pour sa qualité technique sur Xbox One non X, même si attention, le jeu reste parfaitement jouable et dynamique 99% du temps. Si l’on ne peut malheureusement pas juger ici la qualité technique du titre sur Xbox One X, sachez tout de même si vous possédez la Rolls des Xbox mais pas d’écran 4K qu’il n’est pas proposé d’option permettant de sélectionner l’affichage en 1080p pour favoriser le framerate.
+
- OST fabuleuse
- Univers passionnant, parfois tordu mais toujours prenant
- Héros attachants
- Combats dynamiques, nerveux, élégants
- Mélange des genres bien maitrisé lors des phases d’action
- Durée de vie bien costaud
- Voix japonaises à privilégier pour leur justesse
-
- New Game + obligatoire mais qui n’en est pas vraiment un
- Techniquement inégal sur Xbox One standard
- Plus de combos n’auraient pas été de refus
- Monde ouvert pas très grand et… Pas tellement ouvert
- Quêtes secondaires pas toujours passionnantes