Test : Pro Evolution Soccer 2018 sur Xbox One
On le dit et on le répète : la génération de consoles actuelle a fait du bien au jeu de Konami. Parti d’assez loin, Pro Evolution Soccer remonte tranquillement la pente depuis PES 2015, jusqu’à nous gratifier l’année dernière d’une édition de bonne facture. Les voyants étaient donc au vert pour PES 2018. L’ennui c’est que si l’on ignore le plus souvent quelles seront les nouvelles petites choses qui vont nous arracher un sourire de satisfaction, on sait en revanche qu’il va falloir à tous les coups se sérer la ceinture du côté des licences. L’inquiétude est comme toujours toute relative pour ceux qui jurent que par le football hexagonal puisque les Ligue 1 et 2 sont bel et bien présentes, et au complet… Ou presque, puisque de déconvenues en déboires, le destin qu’a connu le SC Bastia ces dernières semaines semble avoir quelque peu contrarié les développeurs qui ont intégré le club insulaire à la Ligue 2, en lieu et place du Paris FC. Oui, PES 2018 est déjà collector en Corse. Plus largement, on assiste à une énième coupe franche dans le lard des licences européennes puisqu’en dehors du championnat italien (privé néanmoins de la Juventus, la vieille dame se coltinant une appellation de whisky bon marché), le big five est un small two. Une poignée de clubs représentent l’Angleterre, l’Allemagne et l’Espagne, Liverpool, Dortmund et le Barça en tête ; à côté de ça, il faut passer par l’éditeur d’équipes pour redorer au moins en partie le blason de clubs comme le Bayern Munich, Manchester United ou le Real Madrid. Un comble une fois de plus pour un titre disposant encore fièrement de la Ligue des Champions et de l’Europa League. Reste que la compétition reine est plus ou moins sauvée, Konami ayant au moins réussi à intégrer la majorité des clubs allemands en lice et quelques grands noms du reste de l’Europe, Portugal en tête.
Les amateurs de football sud-américain peuvent en revanche garder le sourire puisque sont représentés les championnats brésiliens, argentins et chiliens. De quoi faire regretter aux nostalgiques de l’époque AB Sport qu’Omar da Fonseca ne se prête pas au jeu des commentaires ; il faut toujours composer avec un Darren Tulett qui n’a pas appris une ligne de plus, soutenu tant bien que mal par Gregoire Margotton. Un peu de nouveauté n’aurait pas été du luxe. Du côté des arènes, le choix est malheureusement toujours aussi restreint et du coup trop d’équipes se voient attribuer l’inépuisable Konami Stadium. Découvrir ou redécouvrir San Siro, le Signal Iduna Park ou encore Anfield Road à la sauce PES est bien entendu un plaisir ; mais comment ne pas pester contre une sélection aussi légère. Du côté des modes de jeu en revanche, les nouveautés sont minimes mais la sélection a de quoi occuper un bon moment. En ligne, les matchs simples et les divisions en ligne restent dans la même lignée et proposent une expérience relativement souple, avec la possibilité dans le premier cas de filtrer les recherches pour tomber sur des adversaires disposant d’équipes de niveaux similaires au nôtre (une bénédiction anti Real à tout va). Le gros morceau de la partie online demeure bien sûr MyClub, ou le « Ultimate Team » local. Pour rappel, ce mode propose de construire une équipe de plus en plus solide en échangeant ses points durement gagnés contre les services de recruteurs. Plus ces derniers sont payés, plus de chances il y a de tomber sur la perle rare à intégrer à son effectif. En soignant le recrutement et en prenant soin de veiller à la cohésion du groupe, entre joueurs et avec le coach, le joueur MyClub a le choix entre affronter l’IA ou se mesurer à ses paires sur le Xbox Live.
« c’est sur le terrain que PES 2018 se doit de faire la différence. Et à moins d’être totalement hermétique au football vu par Konami, il est difficile de ne pas y succomber. Plus encore que l’année dernière, Pro Evolution Soccer favorise la construction, le déploiement méticuleux d’une tactique que l’on a préparé match à après match »
Du côté solo, toutes les compétitions sont évidemment jouables individuellement (la Ligue des Champions ainsi que son pendant asiatique, l’Europa League ou pour la forme, la Super Coupe d’Europe) et s’ajoutent aux classiques Vers une Légende et Ligue des Masters. Le premier ne change pas trop et invite toujours à incarner un joueur et à le mener vers les sommets. Le second reste quant à lui l’attrait numéro un des modes solos et tente de le rester en revoyant son habillage et en introduisant quelques petites nouveautés. Un peu plus lisible, le dashboard du manager reste malgré tout semblable aux précédents avec toujours quelques lourdeurs, notamment quand il s’agit de rechercher un joueur en vue de le recruter. On aimerait quelque chose de plus souple. La progression s’enrichit des quelques petites cut-scenes simplistes mais néanmoins appréciables (conférences de presse, « discours » du coach avant un match capital) ; les rôles de joueurs quant à eux prennent du galon et il est maintenant possible au fil des saisons de disposer d’une « bandiera » à la Francesco Totti, histoire de booster un peu les revenus des matchs à la maison. Quelques petites nouveautés ici et là donc mais pour l’essentiel, on évolue en terrain connu. Reste qu’en local ou en ligne, un ajout des plus intéressants fait son entrée : la coopération à trois contre trois. Avec le bon nombre de manettes à la maison (ou sur le Live donc), trois joueurs prennent place dans le onze de départ, l’IA prenant le relais si nécessaire. Les actions sont évaluées, quelles soient bonnes ou mauvaises et l’on découvre à la fin de la rencontre plusieurs statistiques désignant qui paiera la tournée.
Solide avec ses modes de jeux mais tout de même timide quant il s’agit d’apporter de la nouveauté, c’est sur le terrain que PES 2018 se doit de faire la différence. Et à moins d’être totalement hermétique au football vu par Konami, il est difficile de ne pas y succomber. Plus encore que l’année dernière, Pro Evolution Soccer favorise la construction, le déploiement méticuleux d’une tactique que l’on a préparé match à après match. La sensation particulière procurée par PES balle au pied est renforcée cette année par des animations toujours plus soignées et des contrôles qui semblent avoir trouvé encore un peu plus le bon compromis entre inertie et réactivité. Les modes de difficulté, nombreux, permettent de trouver de quoi satisfaire tous les niveaux, même si les plus habiles ont vite fait de relever les quelques failles habituelles : la défense adverse encore une fois trop peu réactive lors des courses sur les ailes, le tout finissant sur un centre tranquillement déposé sur la tête d’un attaquant. Plus à l’aise dans leurs relances, les gardiens n’évitent cependant pas quelques sorties hasardeuses qui font rager, bien que l’on apprécie évidemment l’effort appliqué sur leurs animations. Du côté des coups de pied arrêtés, les tactiques sont nombreuses et la flèche directionnelle disparait au profit d’une gestion plus instinctive, forcément plus plaisante à force de travail. Un mot enfin sur l’arbitre : un peu trop gentil l’année dernière, l’homme en noir passe du coup à l’opposé et n’hésite pas à dégainer ses cartons, parfois pour des fautes somme toute minimes. Et comme toujours, l’IA semble jouer avec un totem d’immunité.
« Même privés de leur équipe officielle, les grands noms du football mondial ont de la gueule ; à l’inverse, les joueurs plus discrets ont parfois des bobines sorties tout droit des assets de 2010 »
A l’instar des deux précédentes éditions, PES 2018 est un titre plaisant à jouer et à un peu plus à chaque fois agréable à regarder. Pas de quoi sauter au plafond mais depuis le 2015, les choses ont bien changé, notamment du côté des tribunes où l’aliasing sait se faire discret. C’est propre, sans ralentissements et l’on apprécie comme toujours le soin particulier apporté à la modélisation des plus grands joueurs. Même privés de leur équipe officielle, les grands noms du football mondial ont de la gueule ; à l’inverse, les joueurs plus discrets ont parfois des bobines sorties tout droit des assets de 2010. La faiblesse relative du manque de stade est compensée par des arènes soignées, reconnaissables entre mille et plutôt bien bruyantes. Dommage en revanche que les couleurs, notamment celle de la pelouse, paraissent par moment aussi flashy. On se croirait sur un terrain de golf. On peut toujours se consoler en passant par la case personnalisation, histoire d’apporter un peu d’exotisme aux banderoles et faire rire les copains. Ou pas, ça dépend.
+
- Gameplay toujours plus axé sur la construction
- Animations soignées
- Prise en mains bien calibrée
- Le trois contre trois, excellent
- La Ligue des Champions, bien sûr…
-
- … Mais amputée comme le reste de tant d’équipes !
- Modes de jeu historiques en stagnation
- Commentaires copiés/collés de l’édition 2016