Test : Resident Evil Village sur Xbox One
Suite directe d’un Resident Evil VII qui a grandement mis à mal Ethan Winters (et nous avec), Resident Evil Village nous donne donc l’opportunité de renouer avec son héros au visage qui nous est tristement inconnu. Après avoir vu défiler toute une galerie de bobines emblématiques depuis qu’existe Resident Evil, il est toujours déstabilisant d’incarner une personne sur laquelle on est incapable de poser un visage. Mais soit, cela ne nous a pas empêché de survivre à l’horreur en Louisiane alors nous apprenons à faire avec ici. On ne peut d’ailleurs s’empêcher de ressentir une certaine sympathie pour ce pauvre Ethan qui après en avoir vu de toutes les couleurs chez les dingos du Bayou vit une vie désormais paisible, quelque part en Europe de l’Est. Resident Evil Village s’ouvre sur une courte séquence, superbement animée, durant laquelle nous découvrons l’étrange histoire du « Village des Ombres ». Avant que Mia, épouse d’Ethan (oui, vous la connaissez très bien), n’ait pu finir son histoire, la petite Rose est endormie. On prend alors le contrôle d’Ethan pour se familiariser rapidement avec les déplacements de base, mettre le bébé au lit, rejoindre Mia dans la cuisine et découvrir comment, en un instant, tout peut basculer. Dans des circonstances que nous taisons ici la petite fille est enlevée et quelques moments d’incompréhension et un accident plus tard, Ethan est seul, livré à lui-même dans une sombre forêt. Dès lors une seule chose lui importe : retrouver sa fille.
Le décor est rapidement posé et la découverte du village fait l’effet que l’on attendait. Aux bruits étranges succède un calme peut-être plus inquiétant encore. Les petites maisons de bois en piteux état, les rues boueuses, les chariots renversés suggèrent que le danger est là, qu’il rôde, mais qu’il subsiste peut-être aussi une part d’humanité quelque part. La première heure de jeu pousse la tension à un haut niveau, jouant habilement la carte habituellement abattue par Resident Evil dans ses premiers instants : le jeu vous laisse globalement tranquille mais prend soin de vous piquer très régulièrement. Jusqu’à dévoiler la salle face du premier ennemi. A partir de là, Resident Evil Village déroule une aventure rythmée, toujours portée vers l’avant et au cœur de laquelle le village fait office de point central. Le lieu où l’on revient systématiquement après avoir souffert un bon moment dans l’une des autres zones principales.
La structure « en étoile » de Resident Evil Village se dévoile d’ailleurs très rapidement et vous saurez où il faut aller, dans quel ordre et qui il convient de défaire pour porter Ethan jusqu’à l’accomplissement de sa quête. La map est dans son ensemble très diversifiée. Si le village et ses inspirations slaves, semblant tout droit sorti d’une carte postale d’entre-deux-guerres, dispose forcément de l’essentiel de notre attention, les autres zones ne sont pas en reste. Château mélangeant habillement architecture gothique et inspirations baroques, zone marécageuse poisseuse, maison isolée à faire frissonner un yéti et autres installations industrielles : Resident Evil Village nous invite à voir du pays. L’ensemble est bien construit, limitant les allers-retours tout en incitant à aller voir jusqu’aux limites des zones ce qui s’y trouve, comme quelques trésors au contenu fort utile. On n’évite pas le recours à l’objet X ou Y à utiliser plus tard dans divers recoins du Village pour débloquer des objets et autres raccourcis mais quoi qu’il en soit, on ne ressent jamais la lassitude du va et vient auquel ont pu nous exposer nombre de jeux du genre, autres Resident Evil en tête.
Outre son ambiance particulièrement efficace, très bien maitrisée, la force de Resident Evil Village réside dans sa capacité à nous tenir en haleine du début à la fin de son aventure. Alors certes, elle ne dure que 10 heures en prenant soin d’écumer l’essentiel de la carte. Nous avons mis très exactement 9 heures, 59 minutes et 52 secondes pour voir apparaitre les crédits en ayant laissé derrière nous seulement un seul trésor et un ennemi spécial facultatif. C’est relativement court donc, mais on avoue préférer ce genre de virée en enfer haletante plutôt que celles qui aiment trainer en longueur autour de peu de choses. On peut en revanche constater et peut-être regretter que Resident Evil Village soit un jeu autrement moins effrayant que son prédécesseur. Si Resident Evil VII a su nous arracher quelques moments de frissons, surtout au début de son aventure, Resident Evil Village n’est à aucun moment « un jeu qui fait peur ». Il y a bien quelques moments à l’atmosphère lourde, des rencontres très spéciales aussi. Vous pensez à raison à la désormais célèbre Lady Dimitrescu, mais on peut vous assurer qu’une autre rencontre se révèle autrement plus angoissante. C’est d’ailleurs le seul moment du jeu où la fuite est une obligation et où la survie se joue à peu de choses, le jeu du chat et de la souris avec la géante étant finalement assez facile à manœuvrer (trop facile ?). Le level design laisse plus de liberté qu’il n’en faut pour la faire tourner en bourrique.
Resident Evil Village n’est pas un jeu effrayant, non. Il ne s’appuie pas non plus sur des énigmes nombreuses ou forçant à une certaine réflexion. Tout est fait pour que l’on aille constamment de l’avant et c’est exactement ce qu’il se passe. Pour cela, quoi de mieux qu’un bel arsenal ? Plus axé sur l’action que Resident Evil VII, pas autant que les épisodes 5 et 6 rassurez-vous, Resident Evil Village représente certainement un bon équilibre entre toutes les approches. A l’image de Resident Evil 4, à qui il rend hommage très souvent. On est comme dans l’épisode VII plongé en vue subjective avec à disposition pistolets, fusils à pompe, fusils de sniper, mines et autres lance-grenades. Un vrai kit Resident Evil en somme. Un étrange marchand ambulant vous permet d’acquérir des munitions, armes, améliorations et des plans pour concevoir vous-même des objets (munitions ou fioles de soin) avec les matières premières glanées ici et là. Il est d’ailleurs important de ne rien laisser trainer, car il subsiste toujours un risque de se trouver démuni au moment le plus critique. Pensez à économiser des munitions. Le marchand permet également de vendre vos trésors et d’améliorer les statistiques de vie, vitesse et défense de Ethan. Il faut pour cela récupérer la viande de divers animaux (présents en nombre restreint et fixe) afin qu’il vous prépare un petit plat. A noter pour terminer sur l’aspect préparatoire que Resident Evil Village n’intègre pas de coffre de rangement. Tout doit être transporté en même temps mais n’ayez crainte : en achetant des valises auprès du marchand on n’est jamais gêné par le manque d’espace.
On le sent dans la structure de son monde, sa gestion des objets, ses petites énigmes gentilles et sa « Madame X » qui inquiète beaucoup moins que Monsieur : Resident Evil Village se veut être un jeu plus accessible que les précédents épisodes. Cela ne veut pas dire que l’aventure est de tout repos, mais disons que l’on galère tout de même bien moins que face aux Bakers en Louisiane. La difficulté par défaut n’en demeure pas moins bien calibrée, progressive, renouvelée régulièrement par l’ajout de nouveaux ennemis. Entre les balourds qui font penser à des Morlocks, des zombies plus fourbes qu’il n’y parait, des ennemis volants, des gros loups-garous, voire carrément des choses mi-humaines mi-mécaniques, Resident Evil Village affiche un joli bestiaire. Le combat fonctionne bien, donne de bonnes sensations, même si l’on reste dans des affrontements assez posés où l’important est de tirer peu mais au bon moment. Les choses prennent toutefois une tournure beaucoup plus axée sur l’action dans le dernier quart du jeu, avec notamment un court passage que ne renieraient pas certains FPS militaires, précédé d’un combat de boss aussi absurde que grisant. Les combats de boss sont d’ailleurs plutôt prenants, dans la lignée de ce à quoi nous a habitué la saga. Bref, on ne s’ennuie pas. Vraiment pas.
Bien sûr, tout ne porte pas toujours le baromètre du plaisir à 100%. L’effet de surprise Resident Evil VII est passé, Village ne dispose donc pas de cet atout et peine forcément à masquer son statut de suite. L’histoire ne manque pas de moments un peu tirés par les cheveux, à la limite de l’humour non désiré lorsque Ethan ouvre la bouche. Si les doublages français sont globalement très réussis, celui d’Ethan nous donne parfois l’impression d’avoir à faire à un ado en pleine crise. Cependant ni cela, ni l’orientation action parfois au détriment de la peur ne sauraient remettre en cause le niveau de plaisir provoqué par Resident Evil Village, surtout quand celui-ci nous donne la satisfaction de profiter de la puissance de notre Xbox Series X. En dehors de quelques éléments en retrait (feuillages, éléments visqueux), le jeu de Capcom est un plaisir visuel de tous les instants. C’est beau, c’est propre, c’est détaillé (oui, même de près dans les maisons) et on dispose sur Xbox Series de la possibilité de profiter du Ray Tracing sans que cela ne vienne nuire un seul instant au framerate. Le jeu n’a pas souffert, n’a pas planté et nous a permis de bénéficier d’une immersion accrue grâce au Ray Tracing. Il faut cependant noter que le jeu se défend très bien sur une Xbox One traditionnelle, comme nous avions pu le constater dans la vidéo comparative publiée il y a peu.
Au bout du chemin, on ressort de l’aventure Resident Evil Village repus, satisfait, heureux d’avoir vécu cette dizaine d’heures folles en compagnie de ce drôle d’Ethan Winters. Si le cœur vous en dit, vous avez la possibilité ensuite de tenter le mode Mercenaires pour occire des vagues d’ennemis dans un temps impartis. Les points glanés permettent de débloquer des bonus (concepts arts, objets de collection) et des atouts en vue d’une éventuelle nouvelle partie +.
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+
- Rythme endiablé de bout en bout
- Ambiance prenante et maitrisée
- Graphiquement digne des Xbox Series
- Framerate stable, même avec le Ray Tracing
- Phases de shoot agréables à jouer
- Progression intelligente qui évite la répétitivité
- Bestiaire bien fourni
- Doublages français de bonne qualité…
-
- … Avec un petit bémol pour Ethan
- 10 heures et puis s’en va
- Quelques moments absurdes
- La peur n’habite pas le village