Test : Rust sur Xbox One
Rust in Peace
Il a donc fallu attendre près de huit ans pour voir passer Rust du statut de jeu en accès anticipé sur PC à celui de portage sur consoles Xbox et Playstation. Il y eut bien sûr entre temps, en 2018, la sortie de la version 1.0 sur PC. De quoi faire peur aux nouveaux arrivants qui craindraient de se faire marcher dessus par une horde de Pcistes suréquipés puisqu’on le rappelle, Rust est un jeu de survie 100% multijoueur. Rassurez-vous toutefois de ce côté-ci, le cross-plateformes concerne uniquement les joueurs Xbox et PS4, afin de laisser une chance à chacun (en théorie) de se tailler un bout de gras sur une ile de 2,5 km² et investie sur chaque serveur par un maximum de 100 joueurs. Votre mission, si vous l’acceptez, est en substance très simple : survivre sur cette ile « passablement » post-apocalyptique. Entendez par là qu’il n’y a plus grand monde, que les vestiges de la civilisation passée demeurent au mieux dans un sale état, au pire irradiés ; l’ile conserve toutefois une part de naturalité et les ressources qui vont avec.
Calé à la première personne, ouvrant les yeux au bord de l’eau (on se réveille toujours au bord de l’eau dans Rust), vous allez vous rendre compte que l’inventaire de vos ressources à disposition est très rapide. Une grosse pierre, une torche et basta. En fouillant un peu les menus, plutôt lisibles pour ce genre de jeu sur consoles, on s’aperçoit que l’on peur fabriquer avec les ressources nécessaires les premiers éléments indispensables à notre survie : habits de fortune, outils rudimentaires, feu de camp ou, plus important, capacité à développer les bases d’un abri. Au démarrage, tout peut se faire avec du bois et/ou de la pierre, avant que le métal, le souffre et divers autres éléments ne viennent renforcer les possibilités de construction. Plus tard, on peut développer un atelier pour créer des outils et armes plus élaborés, des coffres autrement plus sûrs que ceux en bois et tout un tas de choses garantissant à terme une petite chance de survie.
Le processus de base est assez léger, facile à prendre en mains. Les commandes sont par ailleurs simples et bien adaptées à la manette, reprenant le système d’inventaire disponible en partie sur les boutons de tranche. Taper sur arbre avec la pierre permet de récolter du bois, faire la même chose sur un rocher assurer le même résultat côté pierres. On peut aussi casser des bidons abandonnés pour récupérer des éléments plus avancés ou différents (pièces métalliques, vêtements, nourriture). On réalise toutefois rapidement que l’ile est très diversifiée en termes d’écosystèmes et que cela implique que toutes les ressources ne sont pas disponibles en grande quantité au même endroit. Il faut par exemple savoir que la pierre ne peut être récupérée sur n’importe quel rocher ! Certains permettent de miner, mais la plupart ne donne rien. C’est assez déstabilisant au début, pour peu que l’on ait lancé les opérations avec en tête le système Minecraft. On passe ainsi beaucoup de temps à chercher des ressources de base, tout en essayant de ne pas mourir de faim ou de soif. Heureusement Rust n’est pas trop sévère sur cet aspect avec des barres de faim/soif qui descendent gentiment et des aliments pas trop compliqués à trouver. On peut planter diverses choses, comme des citrouilles que l’on retrouve d’ailleurs très souvent aux abords des maisons/bases des autres joueurs.
La tentation du vol est grande, y succomber est facile, mais gare à vous car les autres joueurs n’attendront pas de vous voir vous approcher de chez eux pour s’en prendre à vous. Pour dire les choses simplement, Rust a probablement la communauté des joueurs la plus brutale et impitoyable qu’il nous ait été donné de rencontrer dans un jeu multijoueur. 99 fois sur 100, la personne que vous rencontrez va tenter de vous tuer, que vous ayez l’air d’avoir quelque chose de valeur sur vous ou non. On imagine que l’ajout d’un succès invitant à tuer un autre joueur en étant simplement armé d’une pierre n’est pas étranger à la frénésie meurtrière de quiconque met un pied sur les serveurs de Rust. Il y a pourtant beaucoup à gagner en coopérant, le jeu offrant de très nombreuses possibilités d’interagir avec les autres : raccourcis de tchat pratiques (en dépit d’une traduction française parfois douteuse), possibilité de partager des coffres, de créer des doubles de clés d’une base, voire de déposer des choses auprès d’un joueur endormi sont autant de petites choses intéressantes à exploiter si vous avez la chance de jouer en bonne compagnie.
Jouer seul à Rust, c’est vivre un mélange d’excitation et de frustration, le tout couplé à de grands moments d’incompréhension. Passer plusieurs heures à établir paisiblement sa maison pour la retrouver en cendres (quasi-systématiquement) lorsque l’on revient, ça a de quoi faire rager. L’hostilité n’est pas une obligation, mais c’est pourtant la voie choisie par de nombreux joueurs, qu’ils gambadent nus ou qu’ils disposent déjà d’un hélicoptère. Il y a néanmoins un aspect positif à cette violence : rarement un jeu de survie n’aura donné un aussi grand sentiment d’excitation à chaque pas foulé en dehors de sa zone de confort. Si tant est qu’un mètre carré de la map puisse être qualifié de la sorte. Explorer, récolter, voir doucement les choses se mettre en place tout en étant constamment sur le qui-vive procure un sentiment étonnamment très plaisant. A vrai dire, on ne peut envisager de jouer à Rust et d’en profiter pleinement que si l’on dispose de beaucoup de temps, notamment au début pour assurer rapidement la création d’une base solide et des ressources nécessaires pour en assurer l’entretien en notre absence. Parce que oui, ça se dégrade.
Au-delà du fond et du courage que cela demande pour en dompter la rudesse, Rust est aussi un jeu qui n’a rien de sexy techniquement. Le jeu est apparu pour la première fois en 2013 et ça se sent. L’ile offre certes une belle diversité et une visibilité assez lointaine sans clipping, mais l’ensemble est graphiquement daté. Pas de quoi crier au scandale, d’autant que côté framerate tout va bien, mais même en sachant qu’il s’agit d’un jeu Xbox One (non-optimisé Xbox Series X/S), on peut dire que l’on a plus souvent vu mieux que moins bien. Malgré tout, on en veut plus à la finition du jeu qu’à ses graphismes : freezes de quelques secondes sortis de nulle part, animations robotiques des autres joueurs (et complètement ridicules pour les animaux), combats au corps à corps ou à distance sans feeling particulier et plantages réguliers au moment de la sélection du serveur (avec renvoi direct sur l’accueil de la console !) sont autant de choses qui augmentent encore un peu plus le degré de frustration. On se console toutefois avec une partie sonore très réussie : entre musiques discrètes mais très à propos et bruitages bien retranscrit, la tension est à son comble.
+
- Survival au sens propre
- Plutôt bien adapté à la manette
- Facile à comprendre et à prendre en mains
- Bande-son réussie
- Difficile de nier son aspect très prenant…
-
- … Mais il est tout autant frustrant
- Communauté de joueurs excessivement portée sur l’attaque gratuite
- Graphiquement vieillot
- Des crashs un peu trop réguliers lors du choix du serveur
- Mieux vaut être du genre disponible et patient