Jeux

SnowRunner

Course | Edité par Focus Entertainment | Développé par Saber Interactive

8/10
One : 27 April 2020
21.06.2022 à 07h10 par - Rédacteur

Test : SnowRunner sur Xbox One

Les convois de l’extrême dans les cordes

Arrivée assez discrètement en 2017 sur Xbox One, la série des Spintires marquait alors avec MudRunner son passage de façon surprenante d’efficacité et de sobriété. Puis vint l’entrée du jeu sur le Xbox Game Pass qui lui permis une visibilité étendue auprès d’un public qui a appris à le connaitre, à aimer s’embourber et se perdre dans la grisaille ex-soviétique. De quoi motiver à voir les choses en grand pour SnowRunner, nouvelle édition de Spintires désormais disponible sur Xbox One.

On a rapidement compris que le jeu édité par Focus Home Interactive sur Xbox One entendait se lancer en 2020 avec des prétentions autrement plus grandes que celles de son prédécesseur MudRunner. Régulièrement mis en avant dans la communication de l’éditeur, SnowRunner voit effectivement les choses sous un angle étendu : en lieu et place des différentes maps qui couvraient au cumul un peu moins de 10 km² dans MurRunner (un peu plus si l’on compte le DLC American Wilds), on passe à près de 30 km² dans SnowRunner. Les espaces se répartissent entre trois zones que sont le Michigan, l’Alaska et un coin de Russie nommé Taimyr pour une douzaine de maps au total, accessibles d’une à l’autre à l’intérieur d’un même territoire par voie terrestre. Si MudRunner peinait quelque peu à diversifier ses environnements hors-DLC en dépit d’une bonne quantité de maps, SnowRunner se veut autrement plus éclectique. Et pour cause, comme son nom l’indique, ce nouveau Spintires met un point d’honneur à nous compliquer la vie en ajoutant la neige à cette boue déjà bien piégeuse.

On dispose ainsi dans la région américaine d’une map mêlant sections boueuses et rocailleuses, tandis qu’en Alaska il faut faire face à l’addition de neige et de verglas, histoire de vous donner quelques sueurs froides sur les rares portions de route bitumées. Pour qui veut retrouver quelque chose de vraiment boueux et technique, clairement dans la veine de MudRunner, il y a la zone russe de Taïmyr. Le Saint Graal de celui qui jamais ne manque un épisode des Convois de l’Extrême. SnowRunner a d’ailleurs la bonne idée de nous permettre tout de suite après la fin du didacticiel de nous lancer sur n’importe quelle zone, en sélectionnant simplement le garage disponible sur la carte. Pour aller découvrir les sections suivantes d’une même région, il faut en revanche mettre la main à la patte et faire parler vos talents de conducteur routier.

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On apprécie ce choix de départ qui démontre une certaine volonté de la part de Saber Interactive, le développeur, de rendre SnowRunner un peu plus sexy que ne l’était son aîné. Rien de très difficile me direz-vous, quand le titre référence est aussi jovial qu’une chanson de Jean-Michel Cafard. Mais il y a de l’effort pour motiver le joueur à entrer dans le monde impitoyable de la livraison de cargaisons lourdes en milieux hostiles, avec un tutoriel plutôt bien mené pour une première livraison sans accroc. Pour qui ne connait pas déjà MudRunner, il faut savoir que lui comme son successeur à l’honneur aujourd’hui sont des simulations de conduite extrêmement exigeantes, très difficiles à appréhender. Les choses sont néanmoins plus claires dans SnowRunner, avec un garage à la mise en forme « classique », une carte plus lisible bien qu’il lui manque peut-être deux ou trois niveaux de zoom pour se révéler vraiment efficace. Ne vous attendez pas pour autant à retrouver une expérience fondamentalement différente : on est au bout du monde, il n’y a personne qui roule ou ne marche, les missions se résument en une ligne et son empilées et classées par territoire/fournisseur. En résumé on fait défiler la liste, on prend ce que l’on est en mesure d’assurer avec notre matériel du moment et c’est parti. Et on recommence.

La progression dans SnowRunner est cependant un peu plus dynamique qu’elle ne le fut dans MudRunner avec des objectifs qui permettent le plus souvent de bénéficier d’améliorations pour le véhicule (nous y reviendrons) et surtout de se rendre les voyages plus faciles. Vous êtes invité à dégager des éboulements ou aider à la reconstruction d’un pont en livrant ce qu’il faut pour débloquer des portions de route très utiles. Certaines missions sont par ailleurs à découvrir en explorant la map et concernent souvent la récupération de véhicules ou de remorques égarées ; l’occasion de garnir votre garage ou votre compte en banque. Globalement, SnowRunner incite à l’exploration, beaucoup plus que son aîné qui se concentrait tout de même essentiellement sur la livraison de bois. Ici, on se sent plus à l’aise au volant d’un pick up et il est utile, voire indispensable de procéder à des tours d’observation avant de se lancer avec un camion. C’est l’occasion de dévoiler les détails de la carte, de trouver des objets/améliorations… Ou tout simplement de prendre du plaisir à conduire dans une simulation qui prend ici du galon.

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Aussi vrai qu’il est plus accueillant que son prédécesseur, SnowRunner est aussi bien plus agréable à prendre en main. Attention, ça ne veut pas dire que vous n’allez pas souffrir ! Il est d’ailleurs bon de noter que les premières heures de jeu, au volant de camions pas franchement taillés pour le job, peuvent décourager les moins patients. Mais en prenant une bonne inspiration et quelques sorties en 4×4 pour récupérer rapidement un ou deux camions plus adaptés au job et/ou vendables, on arrive au bout que quelques heures à trouver ses marques. On apprécie alors un contrôle total de la caméra en vue extérieure, offrant le choix de cibler le tracteur routier ou la remorque, en plus de proposer une vue de cockpit offrant une bonne lisibilité. La gestion de la boîte de vitesse et du blocage de différentiel se fait tout en souplesse et surtout, jouer avec le treuil est désormais un plaisir. Repensé, simple et efficace comme on dit, le treuil est indispensable pour évoluer et on peut très simplement choisir le point de départ et d’arrivée tout en bénéficiant clairement d’un aperçu de la zone couverte par son usage. SnowRunner demande naturellement un petit temps d’adaptation, notamment sur les portions goudronnées où les véhicules survirent beaucoup, la plupart étant à propulsion et en ajoutant à cela le verglas/pluie, il faut y aller mollo sur la direction et l’accélération sous peine de partir dans tous les sens.

Avec 40 véhicules cette fois sous licence chez CAT, GMC, Dodge, Chevrolet et même Lada avec le mythique 4*4 Niva -une légende des campagnes de France et de Navarre- SnowRunner laisse de quoi varier les plaisirs. On retrouve également des magasins de remorques nous offrant un large choix, d’autant plus grand ici que l’on ne transporte pas seulement du bois mais aussi des marchandises plus ou moins volumineuses, des barils, des éléments de construction ; on est aussi amené à se présenter avec une grue ou de quoi drainer les sols. Cette diversité fait du bien à la progression et permet de fait de disposer de quoi adapter le camion à la tâche. On peut d’ailleurs customiser les véhicules, simplement pour le plaisir esthétique ou pour jouer avec les performances et adapter le camion au type de terrain à venir. Pneumatiques, suspensions, motorisation, treuil : tout est améliorable et on apprécie un très large choix de gommes, même s’il faut avant d’en changer les débloquer via l’exploration ou les missions, puis avoir de quoi les payer.

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On peut aussi monter des chaines pour faire face à la neige (sans que ce soit nécessairement obligatoire), qui est donc le gros ajout de SnowRunner. On ne va pas y aller par quatre chemins : c’est une réussite. Déjà très exigeant avec des passages boueux en ou zones inondées, magnifiés par une gestion de la physique réglée au poil et marquant une évolution vis-à-vis d’un MudRunner déjà très convaincant, SnowRunner apporte avec la neige la part de saut de l’inconnu taillé pour ce type d’expérience. On sait alors bien moins facilement dans quoi on s’apprête à poser les roues, ce qui nous oblige parfois à considérer un passage difficile comme potentiellement plus sûr qu’un chemin facile en apparence et que la neige peut transformer en véritable piège. Finalement, la seule chose qui manque quand on est dedans, ce sont les commentaires typiques des émissions américaines dédiées à tout ce qui est extrême.

Plus sérieusement, la bande-son est peut-être l’élément qui aurait mérité un peu plus de matière. Il n’y a rien à redire sur la sonorité des camions, très soignée, mais avec des traversées au pas qui peuvent atteindre parfois l’heure complète, on n’aurait pas forcément été contre une bande-son un peu plus développée, voire des stations de radio fictives pour animer un peu ces voyages très solitaires. Cela dit, si vous vous sentez seul, il y a toujours le multijoueur à quatre pour profiter d’une expérience différente et surtout obtenir l’aide dont vous avez peut-être besoin pour boucler une livraison. Quoi qu’il en soit, seul ou à plusieurs, SnowRunner se révèle être un jeu agréable à regarder. Si les textures sont assez inégales en dehors de la piste, le rendu de la boue et de la neige est absolument parfait. Ca se déforme, ça évolue sous nos yeux et sous le poids de camions très bien modélisés. Les effets de lumières sont réussis et contribuent à offrir des panoramas parfois splendides, pour un vrai sentiment d’aventure et de liberté. Tout cela avec un framerate qui assure lui aussi tranquillement sa mission.

Comparatif Xbox One / Xbox Series S / Xbox Series X avec le patch nouvelle génération

Le patch pour optimiser le rendu visuel de Snowrunner sur les consoles Xbox Series est arrivé et la première bonne nouvelle c’est qu’il est gratuit. Pour commencer, la Xbox One de 2013 souffre de temps de chargement longs et d’un affichage assez laborieux des éléments lointains. Les textures se chargent puis s’affinent lentement et malheureusement ça saute aux yeux. C’est un problème que l’on n’a pas avec les consoles Xbox Series, merci le SSD. Cependant, cette amélioration se constatait déjà avec la version non optimisée de Snowrunner.

Les amélioration se situent davantage sur la résolution, et la qualité des textures. On remarque tout de suite une netteté bien supérieure, un aliasing (effet d’escalier sur les contours des éléments 3D) moins présent. La fluidité qui n’était pas tellement problématique sur Xbox One ne l’est pas du tout sur Xbox Series X. Quelques effets de lumières semblent être plus poussés, mais c’est l’amélioration globale de l’image qui est à retenir. Concernant la Xbox Series S le résultat est proche de celui de la Xbox Series X, c’est donc très satisfaisant. Plus fin, oui, mais le jeu n’en est pas révolutionné pour autant, c’est avant tout un confort supplémentaire qui est offert avec cette mise à jour gratuite. En d’autres termes, foncez ! Votre portemonnaie ne vous en voudra pas, surtout que Snowrunner est disponible dans le Xbox Game Pass au moment où sont écrites ces lignes. N’attendez plus ! Tut ! Tut !

8/10
SnowRunner, c’est l’exemple presque parfait de « suite » comme on l’attend. Plus grand, plus beau, plus diversifié : un jeu simplement plus ambitieux et à la hauteur de ses prétentions. S’il faut bien s’accrocher au départ en dépit d’un effort réel de la part des développeurs pour proposer quelque chose plus accueillant que MudRunner, on apprécie par la suite les nombreuses nouveautés apportées par SnowRunner. Surtout une prise en mains globalement réussie. Ici aussi il faut se faire violence, SnowRunner n’ayant aucunement l’intention de vous faire le moindre cadeau, mais c’est tout de même plus agréable que dans MudRunner. SnowRunner impose sa lenteur, son exigence sans jamais ne rien laisser au hasard et s’il ne convertira peut-être pas à son dogme les allergiques au genre, il se pose sans problème comme le nouveau mètre-étalon d’une niche vraiment pas comme les autres.

+

  • Expérience toujours aussi originale
  • Gestion de la physique très efficace
  • La neige, une réussite
  • Environnements grands, variés et plutôt jolis
  • Prise en main améliorée par rapport à MudRunner
  • Gestion du garage et des améliorations
  • Incite à l’exploration
  • 40 véhicules sous licence

-

    • Les premières heures sont les plus difficiles
    • Tout de même encore un peu austère
    • Répétitif, forcément
    • La bande-son aurait mérité d’être plus travaillée