Test : Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin sur Xbox One
Jack et le remake tout sauf magique
Bienvenue dans… le château du boss de fin. Jack, Jed et Ash forment une fine équipe de héros bien décidés à détruire Chaos. Sans aucune narration, le joueur se retrouve dans la peau du premier nommé, épée à la main, face à Tianmat, un boss récurrent de la saga Final Fantasy. Une entrée en scène un peu brutale qui sert de tutoriel et qui se poursuit avec une séquence au milieu d’un champ de blé, où on y apprendra les rudiments du combat. Et il a beau porter le nom de Final Fantasy, Stranger of Paradise opte pour un système de jeu bien différent de ce que l’on a l’habitude de voir avec les épisodes canoniques de la licence. Pas de tour par tour, pas de rencontres aléatoires, avec des codes empruntés aux genres de l’action-RPG et du beat’em all. On y reviendra.
Après cette introduction, notre petite troupe au style très décontracté rentre au Royaume de Cornélia. Le contraste est saisissant, et la présence du trio dans ce monde heroic-fantasy rappelle rapidement les isekai, cette tendance japonaise qui raconte l’histoire d’une ou plusieurs personnes propulsées dans un univers fantaisiste. La perte de mémoire de nos trois héros n’arrange pas les choses, et seule la progression du joueur dans l’aventure finira par apporter les réponses attendues. Un scénario pas franchement bien narré, raconté par quelques cinématiques en début et en fin de missions. Le chara-design des personnages n’aide pas non plus à s’immerger comme il faut dans cet univers, qu’il s’agisse des PNJ ou des héros, exception faite de Ash et Sophia qui surnagent un peu au sein de cette galerie de personnages franchement ratés.
Pourtant l’idée de reprendre l’intégralité de l’univers du tout premier Final Fantasy semblait être une bonne idée sur le papier. On reconnait la map d’origine au premier coup d’oeil, avec le Royaume de Cornélia, mais aussi tous les temples élémentaires et quelques autres lieux dont la présence fera plaisir aux fans de la franchise. Même chose du côté des personnages puisque la Princesse Sarah, le pirate Bikke et le Chevalier Garland sont également de la partie, tout comme l’intégralité des boss du jeu d’origine. En revanche, le bestiaire a fait l’impasse sur plusieurs ennemis, ce qui est relativement dommage puisque le titre aurait mérité d’être un peu plus étoffé de ce côté. Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin s’apparente à une sorte de gros reboot du premier épisode de la licence, tout en cherchant à proposer une expérience évidemment plus moderne, quitte à mettre de côté ceux qui ne jurent que par la recette traditionnelle.
Et comme on le disait en préambule, le système de combat n’a plus grand chose à voir avec les débuts de la franchise. Terminé le tour par tour, et avec la Team Ninja aux manettes il fallait bien s’attendre à de l’action beaucoup plus directe. Même s’il reste quelques éléments de jeux de rôle, avec notamment les barres de vie et de magie et les statistiques d’attaque et de défense, le titre ressemble beaucoup plus à un beat’em all bien nerveux. Pas de combats aléatoires, on affronte les ennemis en temps réel, dans des donjons qui se parcourent généralement en ligne droite. Un level-design peu inspiré, dans des environnements généralement sombres et cloisonnés qui n’invitent pas vraiment au voyage. Pire, la deuxième moitié du jeu propose des donjons labyrinthiques absolument indigestes avec des impressions de couloirs déjà visités et quelques retours en arrière involontaires tant il est parfois difficile de se repérer. D’ailleurs, aucune mini-map ne permet de gommer un peu cette difficulté à pouvoir se repérer facilement.
Heureusement, les combats offrent un peu plus de satisfaction. On reconnait rapidement la patte de la Team Ninja, avec des affrontements qui peuvent vite devenir compliqués si on ne maitrise pas totalement les mécaniques mises en place par le studio japonais. Pour venir à bout des ennemis, le joueur dispose d’une palette de mouvements assez large avec le coup simple, le coup spécial qui consomme des MP, une garde et l’Egide. Cette dernière ressemble a une garde mais permet surtout de remplir sa jauge de points de magie plus rapidement, et même de voler des sorts à l’ennemi. Seul inconvénient, l’Egide puise dans la jauge de rupture qui, une fois à zéro, assomme le joueur durant un court instant, et l’expose ainsi à l’adversaire. A l’inverse, chaque ennemi possède une ou plusieurs faiblesses (magiques ou physiques) avec la possibilité l’annihiler d’un seul coup si sa jauge de rupture tombe à zéro. Un système qui apporte du rythme aux combats, et même un vrai sentiment de puissance en déclenchant la petite animation de mise à mort.
Mais avant d’en arriver là, il va falloir cravacher. Car le jeu est plutôt difficile dans l’ensemble. Sans atteindre les sommets de difficulté d’un jeu From Software, Stranger of Paradise: Final Fantasy Origin est tout de même à réserver à un public averti. Chaque nouvelle zone à explorer possède un niveau de puissance, généralement bien au-delà de celui du joueur. Car il n’y pas de système de gain d’expérience traditionnel ici, et le niveau de puissance est uniquement déterminé par les armes et les pièces d’armure équipées. Un principe qui oblige le joueur à se prendre de grosses claques à son arrivée dans une nouvelle zone, et à récupérer des équipements qui vont petit à petit lui permettre de se constituer un niveau de protection capable de résister aux attaques dévastatrices des ennemis rencontrés.
Heureusement, le loot est généreux et chaque adversaire tué rapporte généralement entre un et trois objets, ce qui permet de rapidement se constituer de quoi survivre plus de deux minutes dans une zone fraichement découverte. Intéressant et valorisant au départ, le système de loot trouve néanmoins rapidement sa limite puisque celui-ci se transforme en véritable overdose très rapidement. C’est généralement une centaine de nouvelles pièces qui sont ramassées par donjon, et autant de temps passé à faire le tri, à recycler, ou à équiper. Autant dire que devant la difficulté, on se retrouve à ouvrir l’interface très régulièrement dans l’espoir d’avoir ramassé un équipement aux statistiques avantageuses. On retrouve le système d’objets communs, rares, épiques, jusqu’à exotiques, et choisir la plus haute difficulté parmi les trois proposées augmente le taux de loot des objets les plus intéressants. Un bonus qui reste toutefois un détail et on aurait préféré que la prise de risque soit mieux récompensée.
Ajouté à cela un système de classes qui permettent d’utiliser différentes armes, attaques spéciales et magies. On retrouve les grands classiques du genre avec le Guerrier, le Mage Noire, le Pugiliste ou encore le Maraudeur. Au total c’est une vingtaine de classes qui sont à débloquer, grâce à un système d’arbres de compétences pas hyper agréables à parcourir mais qui oblige surtout le joueur à monter à peu près toutes les classes s’il veut accéder aux jobs les plus puissants. L’idée est de privilégier des équipements qui possèdent un attribut de classe qui correspond à votre façon de jouer, plutôt que d’équiper des éléments qui possèdent les meilleures statistiques. En combat, il est possible de switcher entre deux classes d’une simple pression du bouton Y, et ainsi associer une classe de soutien avec une classe offensive par exemple. Là encore, on vire presque à l’overdose avec un nombre de classes très important, dont certaines sont bien trop proches pour apporter une vraie plus-value.
En revanche, le jeu prend une autre dimension en coopération. Les deux I.A. peuvent ainsi être remplacées par deux vrais joueurs dans un mode coopératif en ligne. Les classes peuvent ainsi être réparties pour obtenir une équipe équilibrée, avec la présence d’attaques et pouvoirs différents. Franchement frustrant en solo, le titre devient plus accessible à plusieurs avec la possibilité de ranimer un équipier avec une potion, chose que l’I.A est incapable de faire. On termine avec la partie technique, absolument désastreuse pour un jeu de ce calibre. Ca scintille, ça aliase, et la pauvreté de la direction artistique ne permet à aucun moment d’en faire abstraction. En mode résolution, l’affichage est indigne d’un écran 4K, et on se contente alors du mode performance pour au moins profiter de 60 images par seconde de façon stable.
+
- Gameplay précis et diversifié
- Beaucoup de classes différentes
- Fan-service réussi
- Trois niveaux de difficultés
- Beaucoup plus appréciable en coop
-
- Overdose de loot
- Très vilain techniquement
- Chara-design raté
- Système de progression assez frustrant
- Bestiaire trop limité
- Interface austère et peu lisible