Test : TT Isle of Man - Ride on the Edge 2 sur Xbox One
Les 24 heurts de Man
Peut-être ne l’avez-vous découvert qu’un peu plus tôt cette année, alors qu’il était offert aux membres Xbox Live Gold avec les Games with Gold. TT Isle of Man – Ride on the Edge marquait la première sortie sur piste des français de KT Racing (Kylotonn) dans la catégorie Tourist Trophy ; si l’on connait désormais très bien le studio et que l’on a pu se rendre compte de leur excellent travail dès lors que quatre roues sont posées au sol avec WRC 8 notamment, leur première incursion sur le TT de l’Ile de Man a quelque peu manqué le coche. La faute à un contenu trop limité et un pilotage perfectible. En ce mois de mars 2020, KT Racing remet le derrière sur la selle et nous propose donc TT Isle of Man – Ride on the Edge 2, avec un mot d’ordre simple : conserver les qualités du précédent épisode tout en apportant les réponses qui s’imposent sur les pans du jeu jugés trop faibles lors du galop d’essai.
Pas de grosse surprise du côté des modes de jeu : en marge de la partie carrière que nous allons détailler un peu plus bas, TT Isle of Man – Ride on the Edge 2 s’appuie sur une offre simple et sobre. Course rapide, contre-la-montre et multijoueur sont de la partie. Le multi se vit en ligne ou en local jusqu’à huit joueurs, mais en « hot seat » uniquement : chacun leur tour, les joueurs tentent de faire craquer le chronomètre. On aurait aimé avoir un mode en écran partagé à deux dans ce genre qui est l’un des rares où la chose s’observe encore. Dommage, mais on peut cependant se réjouir de l’ajout d’un mode conduite libre permettant de faire chauffer la gomme sur les routes irlandaises. La carte n’est pas immense mais a pour vertu d’être composée de tous les types de revêtements, virages et enchaînements que l’on va être amené à expérimenter en course. Y faire un tour de temps en temps représente une façon utile et agréable de s’entraîner.
Ce n’est cependant pas la seule fonction de cette zone. Elle est utilisée d’une part dans les courses, avec plusieurs portions de route au rendez-vous des épreuves du mode carrière. D’autre part, on y est invité dans ce même mode principal pour accomplir des défis et débloquer des éléments d’amélioration et de personnalisation des motos (moteur, freins, suspensions, etc… Par ailleurs réglables). Atteindre une certaine vitesse dans le temps impartis, distancer un rival pendant plus de 5 secondes, aller le plus loin possible, etc. Autant de petites choses qui permettent de souffler entre deux courses, dans un mode carrière qui ne fait malheureusement pas défaut à la réputation d’austérité de trop de jeux de courses sur cette génération, bien que l’on puisse compter sur la présence des livrées et pilotes officiels. Du lancement de carrière timide jusqu’à la potentielle victoire au TT de l’Ile de Man, le mode principal du jeu est dénué de cinématiques, d’une mise en scène quelconque et en dehors de trois mails envoyés par votre équipe de temps en temps, l’essentiel se passe sur la route.
Le calendrier -un peu bordélique mais on s’y fait- permet de voir les épreuves qui nous attendent jusqu’à une éventuelle participation aux soixante et quelques kilomètres de Snaefell Mountain. La plupart du temps, on a le choix entre plusieurs épreuves pour une même période, avec des niveaux de difficulté différents mais également une finalité qui n’est pas toujours la même. Il faut savoir que pour participer au TT de l’Ile de Man, plusieurs voies d’accès sont possibles : via un certain niveau de réputation glané au fil de nombreuses courses, en participant aux épreuves du championnat d’Irlande ou encore en remportant le Junior Trophy. A vous donc de choisir vos épreuves avec rigueur et une idée précise de la façon dont vous envisagez la qualification, car rien n’est simple dans TT Isle of Man – Ride on the Edge 2. A commencer par rester sur la piste. Le jeu de KT Racing est une simulation. Comprenez par là que s’il n’est peut-être pas le jeu qui donnera aux motards le 100% de réalisme qu’ils recherchent, il est probablement le plus exigeant qui soit sur Xbox One. Et la bonne nouvelle, c’est que cette exigence s’accompagne pour cette seconde édition d’une véritable évolution du gameplay au regard des errances de son prédécesseur.
TT Isle of Man – Ride on the Edge 2 ne vous fera aucun cadeau, aides au pilotage activées ou pas. Leur impact demeure mesuré et pourra déconcerter les débutants, habitués peut-être à être pris par la main. Coaché par le pilote Julien Toniutti (français le plus rapide de l’histoire du TT de l’Ile de Man), le gameplay de cette nouvelle édition gagne nettement en précision, pour peu que l’on soit prêt à s’investir à fond dans la maitrise des deux-roues proposées. Que ce soit dans les catégories Superbike, Supersport ou Classic, la petite vingtaine de motos présente (chez Kawasaki, Honda, Yamaha, Triumph et Daytona) offre le degré de précision que l’on peut attendre de la part d’une simulation. On se rend compte notamment des améliorations apportées au poids de la bécane, avec des transferts de masse rigoureux, un freinage requérant un timing clair (on ne joue pas avec les freins n’importe comment en pleine courbe), une accélération à doser délicatement et des passages au centimètre sous peine d’aller s’éclater contre un muret. On peut certes s’étonner de chuter avec un demi-centimètre de roue dans l’herbe quand il arrive encore que l’on conserve sa jambe en frottant légèrement une clôture à 250 km/h, mais dans l’ensemble, KT Racing a fait du bon travail.
Mais ce qui est surtout une véritable réussite dans TT Isle of Man – Ride on the Edge 2, c’est la sensation de vitesse ressentie, soutenue par un framerate qui ne bronche pas (ndlr : jeu testé sur Xbox One X). Si de nombreux jeux de courses peinent à retranscrire la haute vitesse lors de l’utilisation d’une caméra extérieure, le jeu de KT Racing fait des prouesses dans le domaine. Mais c’est surtout vu de l’intérieur, avec notamment la possibilité de se placer derrière la visière, que les sensations de vitesse atteignent un degré d’efficacité étonnant. Le jeu reste par ailleurs tout à fait maniable dans cette configuration même si on le répète, TT Isle of Man – Ride on the Edge 2 est un jeu difficile à prendre en main qui demande du temps, beaucoup de patience, de l’investissement pour dompter la machine, autant que les nombreux pièges des tracés. Les routes sont loin d’être de la soie et on en ressent parfaitement bien chaque petite bosse, vibration, léger dévers qui peuvent être autant de pièges. Il faut être prudent car la moindre chute est fatale pour le classement, même dans les épreuves dites « faciles » : l’IA est efficace et par ailleurs assez bien élevée. On note peu de soucis liés à son comportement et l’issue de la course dépend essentiellement de notre propre capacité à rester bien collé au bitume.
Au guidon de TT Isle of Man – Ride on the Edge 2, il y a donc matière à passer un bon moment une fois que l’on a souffert des premières heures de prise en main. Le jeu est exigeant, peut-être un peu punitif même, mais il demeure plaisant. Il n’est pas impossible qu’une certaine lassitude s’installe face à un mode carrière qui manque d’énergie, en dépit de l’ajout intéressant des cartes d’atouts. Réparties en quatre catégories, elles permettent une fois débloquées de s’octroyer un petit bonus (consommation de carburant ou usure des pneus réduites) ou de limiter l’impact des malus en cas de chute ou de course recommencée. Oui, recommencer une course réduit de 10% votre prime finale. Mais tout cette violence que l’on s’inflige, ces coups de bâton que l’on prend, ouvriront la voie au plaisir incommensurable de se lancer à la conquête de Snaefell Mountain. Il y a bien une dizaine d’autres tracés disponibles, auxquels s’ajoutent les épreuves adaptées depuis la zone de free ride, et au demeurant agréables. Mais c’est bel et bien sur l’Ile de Man que se trouve naturellement le sel du jeu, avec un tracé fidèlement reproduit. C’est difficile d’y survivre, mais c’est bon. Snaefell Mountain, c’est aussi le lieu où l’on se rend compte des qualités et du grand soin apporté à chaque compartiment du jeu. C’est plutôt joli à regarder en dépit de quelques éléments qui « popent » avec un peu de retard. Si la pluie n’est jamais au rendez-vous, on peut néanmoins profiter d’une météo qui peut évoluer d’un temps clair à un ciel plus chargé, offrant au passage des effets de lumières très réussis. Lancé à pleine vitesse, on apprécie les sonorités du vent qui accompagnent les moteurs, rajoutant ainsi une belle dose d’émotions à une expérience grisante. Certes sobre, très ciblée et donc moins fournie que la concurrence. Mais franchement plaisante.
+
- Snaefell Mountain superbement reproduit
- Sensation de vitesse énorme
- Gameplay très exigeant mais gratifiant une fois maitrisé
- Motos et livrées officielles
- Framerate solide
- Graphiquement agréable, surtout pour ses effets de lumière
- Zone de free ride bien venue
- Un jeu de moto à part…
-
- … Qui souffre encore d’un contenu un peu limité
- Exigeant au point d’être parfois punitif
- Mode carrière très austère
- Gestion des collisions encore un peu absurdes parfois