Test : Watch Dogs Legion sur Xbox One
Au piratage secret de sa Majesté
En quittant les Etats-Unis pour Londres la franchise Watch Dogs est également partie à la découverte d’une culture réellement à part. D’ailleurs l’introduction du jeu nous met rapidement dans cette ambiance british si particulière avec une mission digne d’un vieux film James Bond. De quoi expliquer le déclin de la branche locale de DedSec, ce groupe de rebelles experts en informatique qui étaient parvenus à libérer les villes de Chicago et de San Francisco dans les épisodes précédents. Malheureusement pour eux, le groupuscule se retrouve en mauvaise posture, à tel point que le nombre de ses partisans s’en retrouve réduit à peau de chagrin. L’occasion rêvée pour que Albion, une société privée militarisée, prenne le contrôle de la ville quitte à s’essuyer les pieds sur les libertés individuelles. Vous êtes donc le dernier espoir de la rébellion avec pour mission délicate de reformer DedSec à partir de rien ou presque.
Pour cela un choix assez compliqué s’offre à vous très rapidement. Au delà des trois difficultés par le jeu, il faut également déterminer si vos compagnons pourront mourir ou non. Un système de permadeath facultatif donc, qui n’aura finalement pour seul incidence de prendre garde à ne pas perdre tous les partisans de DedSec sans quoi c’est le Game Over assuré. Il faut donc jouer la carte du lobbyisme et partir à la rencontre des habitants de Londres pour s’armer de fines gâchettes et d’experts en matériel high-tech. Concrètement chaque personnage rencontré peut devenir une recrue potentielle, qu’il s’agisse de la mamie qui se promène dans le parc, du poivrot accoudé au pub, ou même d’un employé du camp adverse. A vous de les choisir selon leurs capacités en prenant soin de sélectionner les plus prompts à partir au combat, en évitant ceux qui sont plutôt aptes à vous apporter des malus ou avec des compétences par forcément bien utiles. Entre l’utilisation par défaut de certains gadgets, la possession d’un véhicule personnel, la possibilité de s’introduire dans certaines zones sans alerter les gardes, la capacité à faciliter certaines actions ou même la résistance accrue face aux ennemis, les bonus sont nombreux et assez diversifiés pour rendre chaque personnage réellement unique. Même chose du côté des malus, d’où l’intérêt de bien choisir son futur allié.
Car votre nouvelle armée ne peut accueillir que vingt agents. Le système de permadeath vous oblige évidemment à un turnover lorsqu’un personnage tombe au combat et donc à relancer une procédure d’embauche. Une procédure qui peut s’avérer plus ou moins facile selon les personnes, avec généralement un ou deux services à rendre avant que celles-ci n’acceptent de rejoindre vos rangs. Dans d’autres cas, des membres de la famille ou des amis de personnages déjà recrutés accepteront de travailler pour DedSec sans contrepartie. Bagley, l’intelligence artificielle qui vous aide dans votre tâche, peut également vous proposer d’aller causer deux mots à certains NPC présélectionnés pour vous aider dans votre tâche sans avoir à consulter une montagne de CV. Chaque recrue devient alors potentiellement jouable, mais également potentiellement exposée à quelques tracas face aux nombreux ennemis tapis dans Londres. Comme on l’expliquait, une mise à terre peut signifier la mort de l’agent, mais également une blessure nécessitant une hospitalisation plus ou moins longue, ou encore un enlèvement. Dans ce dernier cas il sera ainsi possible de récupérer l’agent via une mission de sauvetage.
De bonnes idées qui obligent le joueur à gérer son équipe de façon cohérente en prenant soin de ne pas trop exposer ses meilleurs éléments tout en sachant que les plus faibles auront moins de chance de survivre, mais peuvent finalement constituer des pertes «acceptables». Les missions prennent d’ailleurs plusieurs formes avec celles qui sont dédiées aux recrutements donc, mais aussi celles liées à la libération des 8 districts de Londres et celles qui font partie du scénario du jeu. Concernant l’histoire, celle-ci est découpée en chapitres correspondant à quatre factions de Londres, dont Albion et son chef tyrannique Nigel Cass. Le gang des Kelley, que l’on pourrait comparer à une véritable mafia moderne, possède également son psychopathe à sa tête, de quoi rappeler les principaux antagonistes de la franchise Far Cry. Malgré son découpage en quatre, le scénario principal n’est pas très long et pêche tout de même assez fortement au niveau qualitatif. On a parfois l’impression de se retrouver devant un mauvais épisode de la série Black Mirror et c’est bien dommage face au potentiel de l’univers. La libération des districts ne prendra pas non plus une éternité, avec toutefois l’avantage de proposer des missions finales intéressantes et bien rythmées.
Celles-ci tirent en général partie de l’utilisation de drones proposée par le jeu. Avec différents types d’équipements volants, il est possible de varier grandement le gameplay. Les drones chasseurs sont particulièrement efficaces avec leur capacité à tirer des missiles par exemple, tandis que les drones de cargaisons auront plutôt vocation à larguer des caisses sur vos ennemis ou à vous servir de moyen de déplacement fortement utile lorsqu’un objectif se situe en hauteur. La ville de Londres propose d’ailleurs une excellente verticalité pour compenser sa petitesse. C’est un vrai plaisir de devoir grimper sur de grands immeubles à l’aide d’échelles ou d’un drone donc, ou d’évoluer dans certaines parties situées en profondeur comme les catacombes ou des laboratoires secrets. Il est également possible d’atteindre certaines zones aux points d’entrées minuscules par l’utilisation de drones volants là encore, ou d’arachnorobot, de petites araignées capables de hacker certains appareils et débloquant ainsi une porte ou téléchargeant des données impossibles à récupérer autrement.
C’est malheureusement à peu près le seul point de satisfaction du jeu en terme de gameplay. Dès que le joueur se trouve dans une zone dans laquelle il est repéré, cela devient assez peu évident de rester en vie, la faute à un système de visée calamiteux et des bugs de collision qui empêchent de toucher un ennemi situé trop près. Heureusement la vie des personnages remonte automatiquement et certains gadgets permettent de faire diversion et de se planquer dans un endroit sûr en attendant que l’attention des ennemis retombe. Globalement le jeu force le joueur à opter pour de l’infiltration, ce qu’il maitrise assez bien avec des phases qui deviennent grisantes lorsque les bonnes compétences ont été débloquées. L’intelligence artificielle absolument catastrophique aide également à s’en sortir indemne assez facilement. Du côté des véhicules on souffle le chaud et le froid avec des véhicules électriques aux réactions parfois étranges, la faute à un moteur physique clairement vieillissant. De nombreuses chutes de framerate viennent également ponctuer une balade qu’il vaut mieux éviter. Les motos sont en revanche assez agréables à maitriser et se faufiler dans les petites rues londoniennes change radicalement de ce que nous proposent généralement les GTA-like avec leurs villes américaines démesurées. Les stations de l’Underground jouent logiquement le rôle de déplacements rapides et viennent mettre fin à cette tendance malsaine de nous trimballer d’un point à un autre de la ville au coeur de la même mission.
La technique est particulièrement maitrisée sur la modélisation de la ville avec une multitude de détails sur les monuments entre autres. Le rendu est absolument sublime et offre quelques moments contemplatifs au joueur, de jour comme de nuit. Le rendu de l’eau dans les rues est également plutôt réussi tandis que la Tamise semble dénoter avec le rendu général, notamment à cause de quelques bugs avec des ombres sorties de nulle part. Même chose concernant les personnages qui n’ont pas bénéficié du même soin que la ville. Les modèles 3D sont simples et ont du mal à s’intégrer au coeur de ce Londres si bien retranscrit. L’ambiance quant à elle est réussie d’une point de vue de la culture locale, sans jamais tomber dans la caricature facile. On regrette d’ailleurs que la bande-son ne soit pas un peu plus poussée et se contente de musiques à diffuser dans son véhicule, sans même avoir pris le temps de les dispatcher entre diverses stations de radio. La version originale du jeu est au niveau et on espère que la version française (non disponible au moment du test) le sera tout autant.
+
- Londres sublimement modélisé
- Phases d'infiltration grisantes
- Ambiance générale pas trop caricaturale
- Map petite mais excellente verticalité
- Méchants charismatiques
- Utilisation des drones intéressante
- Conduite des motos sympathique
-
- Gunfights ratés
- Conduite des voitures médiocre
- Chara-design décevant
- Scénario sans plus
- Moteur physique vieillot
- Mini-jeux redondants