Test : Wolfenstein : The New Colossus sur Xbox One
Le loup est de retour dans la bergerie. Et il a faim.
La dernière fois qu’on l’avait vu officiellement, c’était en 2014 dans Wolfenstein : The New Order. Il y a bien eu un petit crochet mystique et fort plaisant avec the Old Blood l’année suivante, mais c’est bel et bien directement après les événements du premier épisode disponible sur Xbox One que l’on retrouve Blazkowicz. La traque du vilain boucher ne l’a pas laissé indemne ; mais il en faut bien plus pour calmer celui que l’ennemi a baptisé « Blazko le Barjo ». Le défouraillage opéré en règle derrière les lignes ennemies a tout de même passablement agacé cette chère Frau Engel. Tant et si bien que la Général nazie finit par retrouver la trace de Blazko et sa bande dans un sous-marin (volé aux méchants, évidemment). La punition est sévère, l’issue tragique : de quoi motiver -s’il le fallait- Blazkowicz à mettre un terme aux agissements d’Engel et provoquer au passage le réveil du peuple américain. Dans Wolfenstein II, la victoire des nazis fut implacable et nombreux furent les américains à collaborer, ou tout du moins forcés de se plier aux règles nouvellement établies par le vainqueur. C’est donc dans une Amérique meurtrie, transformée, que Blazkowicz entreprend sa traque. Comme dans le premier épisode, les niveaux regorgent de documents à lire pour mieux comprendre et ressentir la mutation du pays, de la défaite à l’assouvissement. The New Colossus ne fait certes pas du Philip K.Dick (bien qu’on en retrouve quelques inspirations) mais son univers n’en demeure pas moins intéressant et cohérent, à défaut d’être vraiment réaliste.
FPS solo à 100%, Wolfenstein II compense cet aspect exclusif par une campagne bien plus longue que pour la moyenne des FPS. Comptez quinze bonnes heures avant de voir le bout de l’aventure, sachant qu’il est toujours possible de rallonger de quelques heures avec des missions secondaires et surtout la traque aux soldats spéciaux (une quinzaine environ). On a donc l’opportunité de retourner dans des niveaux déjà terminés avec un objectif, cette fois, différent. C’est l’occasion de découvrir sous un angle un peu différent les très nombreuses zones traversées pendant la campagne. Quinze heures, il faut les remplir et si une bonne partie de l’aventure se passe dans des complexes militaires, sous-marins et autres lieux clos malheureusement semblables, on a tout de même droit à des cadres autrement plus insolites à New-York, la Nouvelle-Orléans, Roswell et même bien au-delà. L’immersion est au rendez-vous et les nombreuses cinématiques, bien réalisées, rythment efficacement une campagne que l’on suit avec un certain plaisir. Les moments de grand n’importe quoi sont évidemment de la partie (et il y en a vraiment, du grand n’importe quoi) et même si l’on peut reprocher des débuts un peu lents, une fois que la machine est lancée, elle ne s’arrête plus.
« Seule ombre au tableau des combats, l’obligation de ramasser manuellement ses munitions. Dans un jeu où l’on transporte un arsenal complet et où l’on n’est donc jamais forcé de choisir entre une arme au sol et celle en mains, ce système surprend autant qu’il agace »
Ce rythme endiablé est forcément naturel pour un FPS qui a taillé sa réputation sur sa capacité à délivrer une expérience puissante. Wolfenstein, c’est le culte de l’arme qui sert quand même beaucoup plus à attaquer qu’à se défendre avec les classiques fusils à pompe, d’assaut, mitraillettes et autres pistolets avec la possibilité d’en porter une dans chaque main. A cela s’ajoutent quatre armes lourdes récupérables auprès de certains types de soldats : à balles, laser, feu ou explosif à la manière du BFG de DOOM, le résultat est garanti sans fleur ni dépôt. Encore plus que par le passé, les impacts sont puissants, les gunfights nerveux et proprement jouissifs. Seule ombre au tableau des combats, l’obligation de ramasser manuellement ses munitions. Dans un jeu où l’on transporte un arsenal complet et où l’on n’est donc jamais forcé de choisir entre une arme au sol et celle en mains, ce système surprend autant qu’il agace. A noter également quelques passages d’infiltration, toujours aussi peu convaincants (on se fait repérer trop facilement) bien que facultatifs : libre au joueur de rentrer dans le tas s’il le souhaite même si une infiltration bien menée permet tout de même de se faciliter le combat à venir en coupant court à toute possibilité de renforts pour l’ennemi. Un autre élément connu refait surface avec le déblocage d’atouts, moyennant certains accomplissements. On devient ainsi plus résistant aux flammes en tuant avec le feu, plus discret en dérouillant certains officiers sans bruit. On apprécie d’ailleurs la possibilité de lancer des hachettes pour une élimination discrète mais tout de même bien violente.
Un élément lui aussi tout nouveau apparaît à un certain point du jeu et laisse l’opportunité au joueur d’équiper l’un des trois types d’armures proposés (les deux autres peuvent néanmoins être acquis par la suite via deux missions secondaires). On a alors d’un côté l’armure Bélier pour foncer encore un peu plus dans le tas et créer des brèches dans les parois fragiles, tandis que le Mécapode permet à Blazkowicz de gagner en hauteur à n’importe quel moment grâce à ce système d’échasses mécaniques. Utile pour jouer la sécurité. Enfin, l’armure Constricteur réduit la masse corporelle du héros, l’autorisant ainsi à se faufiler par des trous de souris. Autant d’équipements qui ne sont pas de trop pour faire face aux centaines de soldats nazis qui tenteront de barrer la route à Blazko. Tout barjo qu’il est, le combattant de la liberté n’est pas pour autant invincible, c’est même plutôt le contraire (la santé se régénère avec des objets, pas automatiquement) et vous pouvez vous attendre à une belle opposition de la part de l’IA. Certains jouent avec la puissance de leur armement, d’autres mettent en difficulté grâce à leur vitesse ; il n’y a finalement que les boss qui sont aussi rares que peu inspirés. Difficile d’ailleurs de parler de véritables boss, c’est plutôt une poignée de combats un poil plus long que les autres, mettant en scène un ou plusieurs nouveaux combattants plus retords que la moyenne. Enfin, «nouveaux» dans la progression mais pas vraiment pour les habitués de la saga qui retrouveront des opposants pour la plupart déjà rencontrés dans The New Order. On aurait aimé que ces passages nous mettent face à des ennemis plus imposants, plus surprenants… Dans la lignée du « what the fuck » rythmant le jeu d’un bout à l’autre.
« Wolfenstein II : The New Colossus dispose vraiment de tout ce qu’il faut pour embarquer le joueur dans une aventure folle, pleine de moments complètement granguignolesques. Et même quand il est sérieux, BJ Blazkowicz se révèle être un héros attachant, que l’on espère revoir pour botter des fesses nazies encore et encore »
Les quelques griefs que l’on peut avoir à l’encontre de Wolfenstein II ne sont finalement que le résultat d’attentes placées très hautes par le titre lui-même. Plus long que la moyenne des FPS, bien rythmé (même si l’on retrouve toujours ces quelques passages dans la planque qui permettent de souffler un peu, quitte à ralentir la cadence), Wolfenstein II est aussi un titre globalement bien réalisé. L’ID Tech6 en a encore sous le capot et permet au FPS de MachineGames de proposer des graphismes propres, même si parfois un peu baveux lorsque l’on colle le nez près des éléments du décors. Syndrome RAGE en quelque sorte. Dans le feu de l’action le titre ne déçoit pas et carbure à 60 images par seconde sans broncher : un véritable régal pour un FPS de ce genre. En ajoutant à tout cela des doublages en français d’excellente facture, Wolfenstein II : The New Colossus dispose vraiment de tout ce qu’il faut pour embarquer le joueur dans une aventure folle, pleine de moments complètement granguignolesques. Et même quand il est sérieux, BJ Blazkowicz se révèle être un héros attachant, que l’on espère revoir pour botter des fesses nazies encore et encore.
+
- FPS brutal et puissant
- Propre et surtout parfaitement fluide
- Très bonne durée de vie pour le genre
- Du grand n’importe quoi qui fonctionne
- Nouvelles armures pour plus d’opportunités
- Doublages français excellents
-
- Ramasser les munitions manuellement
- Phases d’infiltration bancales
- Boss sans éclat et parfois déjà connus