Test : DOOM sur Xbox One
Doom, Doom, Doom, Doom, I want you in my room
Inutile de présenter DOOM. On parle quand même d’une saga qui a donné son nom à tout un genre. Mais il est tout de même important de faire un bref retour jusqu’au milieu des années 2000 pour évoquer le cas DOOM 3, dernière apparition d’un opus canonique du FPS d’ID Software. D’abord parce que cet épisode a sans nul doute marqué les joueurs Xbox par sa qualité de réalisation qui, sans atteindre le niveau affiché sur PC, faisait étalage de la toute puissance de cette chère Xbox. C’était aussi le temps de la montée en puissance du Xbox Live et jouer en coopération à DOOM 3 faisait inévitablement son petit effet. Oui, entre les joueurs Xbox et DOOM, il y a un petit quelque chose d’affectif. Mais on n’oublie pas non plus que cet épisode a marqué certains joueurs de manière moins positive par sa nature : plus posé, moins tortueux, DOOM 3 ressemblait presque plus à un survival horror qu’au shot d’adrénaline que la saga représentait jusqu’ici. Alors, visiblement à l’écoute des joueurs, ID Software revient enfin avec un nouveau DOOM et croyez-le, si dégommer tout ce qui bouge à vitesse grand V vous avait manqué, cette cuvée 2016 a largement de quoi compenser cette longue période d’abstinence.
Celui qui était connu pendant quelques temps sous le nom de DOOM 4 est avant tout un véritable retour aux sources. Pendant une douzaine d’heures, le FPS d’ID Software reprend absolument tout ce qui a fait le charme des épisodes originels dans les années 90 : nous revoilà plongés dans des niveaux labyrinthiques, la moitié du temps sur Mars et l’autre dans les flammes de l’enfer. Nul doute que les personnes étrangères à ce type de FPS pourront être un peu secoués par un level design fait de couloirs, de portes à déverrouiller avec les fameuses clés jaunes et bleus, le tout débouchant inévitablement sur de larges zones propices à des affrontements débridés. Comme «avant», le sol est jonché de munitions qui ne demandent qu’à se loger dans les vagues de chair putride qui se plaisent à nous harceler. Mais ce que l’on apprécie tout particulièrement, c’est le retour à une vitesse de jeu très élevée qui confère au joueur un immense sentiment de puissance, le tout soutenu par un framerate chaudement calé à 60 images par seconde et qui ne connait pas le moindre toussotement. Graphiquement l’ensemble tient bien la route et parvient à se renouveler malgré la succession de couloirs en s’autorisant quelques sorties sur le sol de la planète rouge. La direction artistique assure, l’univers est glauque à souhait ; seuls les enfers auraient peut-être mérité un peu plus de détails, mais c’est vraiment pour pinailler.
« Inutile d’ailleurs d’espérer de grandes révélations et autres rebondissements dans le scénario de DOOM ; on comprend tout de suite qui sont les méchants et quel traitement il convient de leur administrer »
Avec DOOM, on se sent un peu comme un enfant à qui on offrait un Super Soaker en 1993. Tout ce qui donne signe de vie dans les environs se fait allumer copieusement, sans forcément qu’il y ait besoin d’une raison valable à cela. Inutile d’ailleurs d’espérer de grandes révélations et autres rebondissements dans le scénario de DOOM ; on comprend tout de suite qui sont les méchants et quel traitement il convient de leur administrer. On est ici déjà loin d’un DOOM 3 relativement soigné mais si vous voulez vraiment vous intéresser aux lieux et personnages de cet épisode, les journaux numériques éparpillés jusqu’en enfer devraient répondre en partie à votre besoin. Le reste du temps, fouiller les environnements servira surtout à dénicher de bons vieux passages secrets, au bout desquels on trouve généralement de quoi améliorer l’équipement. DOOM est certes respectueux des traditions mais cela ne fait pas lui un jeu rétrograde.
S’il n’y a pas de grosse surprise du côté de l’arsenal avec le fusil à pompe, à plasma, le lance-roquettes ou encore le mythique BFG-9000, on a la possibilité d’affubler chacune des armes de deux modules offrant effets divers et variés. D’une simple pression sur la gâchette gauche, le fusil à pompe balance des grenades, les roquettes peuvent être explosées à un moment précis, la gatling se transforme en tourelle de destruction massive. Le champ des possibilités se révèle tout à fait convenable, mais pas gratuit : outre la nécessité de trouver les modules dans des lieux pas toujours visibles au premier coup d’œil, il faut les acheter et les améliorer avec des points gagnés au combat. Dégommer un maximum d’ennemis dans un niveau et exécuter les quelques défis proposés sont autant de moyen de trouver de quoi payer l’amélioration de l’armement, jusqu’au dernier palier qui ne peut être achevé qu’en remplissant certaines conditions d’utilisation de l’arme. Les «complétionnistes» ont de quoi faire et ça ne s’arrête pas là puisque les niveaux de santé, d’armure et de munitions peuvent aussi être améliorés avec des objets dédiés. Enfin, la combinaison que porte notre fier combattant peut elle aussi être améliorée pour augmenter le nombre d’objets spéciaux transportés (grenades, projecteur d’hologramme), améliorer la perception de l’environnement et de ses secrets ou encore pour rendre plus efficaces les objets magiques. Ces objets sont de sérieux alliés durant le combat en rendant plus fort, plus rapide ou en activant le fameux mode Berserk. Rares sont ceux qui résistent à un bon crochet dans les dents.
« Attention tout de même à l’utiliser avec parcimonie tant son réservoir est petit et bien que les syndicats n’aient pas encore organisé le blocus de Mars, l’essence y est plutôt rare »
Armé jusqu’aux dents, grisé par le très bon feeling des armes, on parcoure la campagne avec un très grand plaisir, bien qu’il manque aux ultimes niveaux le petit quelque chose qui aurait permis de vraiment finir en beauté (le boss de fin n’est pas franchement le plus marquant de tous). Mais on ne lui en veut pas trop une fois la séquence de fin expédiée ; en nous ressortant l’intégralité du bestiaire traditionnel agrémenté de quelques nouvelles tête à faire sauter, DOOM ne ménage pas ses efforts pour offrir une expérience grisante. L’apparition des Glory Kills en atteste : cette capacité autorise le joueur à achever un ennemi titubant à mains nues et de plusieurs façons, toutes aussi brutales les unes que les autres. Au-delà du réveil des sens, le Glory Kill permet surtout de récupérer de précieuses unités de santé. Précieuses oui, car même au niveau de difficulté par défaut, DOOM offre un challenge relevé fait de vagues d’ennemis qui se comptent par dizaines et du genre très collantes. Il n’est pas rare de mourir, ce qui est l’occasion de constater avec horreur des temps de chargement assez longs et pénibles à la longue. Il faut donc bouger, varier l’arsenal et recourir à la tronçonneuse pour couper dans le lard et récupérer en bonus des munitions. Attention tout de même à l’utiliser avec parcimonie tant son réservoir est petit et bien que les syndicats n’aient pas encore organisé le blocus de Mars, l’essence y est plutôt rare.
Dans un silence assourdissant lorsque l’on traverse des couloirs vides ou sur des thèmes parfaitement dans le ton pour illustrer la brutalité des combats durant la campagne solo, on ne boude pas le plaisir de revenir faire quelque niveaux à la recherche d’objets manqués ou pour terminer quelques uns des défis laissés de côté. DOOM est en revanche un peu moins convaincant sur sa partie multijoueur. On retrouve des modes de jeu traditionnels en matchs à mort ou à objectifs (pour un total de huit modes) au cœur desquels la principale originalité réside dans la possibilité par moments de se transformer en démon et de faire de gros dégâts. Pas forcément désagréable, le multijoueur de DOOM maque quelque peu de vivacité et ne propose finalement pas grand chose qui puisse justifier de s’y plonger des heures durant. A part peut-être pour bidouiller le mode SnapMap et profiter des meilleurs créations de la communauté. Cet outil, très complet et assez bien explicité pour ne pas se perdre, permet de créer ses propres cartes, d’y placer ennemis, objets et même quelques scripts. De quoi donner de l’occupation aux plus imaginatifs d’entre nous (déjà responsables d’un clone de Farmville, «Harvest Doom». Oui, oui).
+
- Rythme effréné
- D'une fluidité sans faille
- Feeling des armes
- Brutal, gore, puissant
- Level design "à l'ancienne"
- Très bonne durée de vie
- Bande-son au poil
- Agréable à regarder
- Mode SnapMap bienvenu
-
- Ultimes niveaux un peu moins bons
- Temps de chargement trop longs
- Scénario anecdotique
- Multijoueur assez quelconque