Test : Left 4 Dead sur Xbox 360
Left « for » Dead, “laissé pour mort” en français. Voilà un titre qui en dit long dès le premier coup d’œil sur la jaquette, avec son « for/four/4 Dead» et sa main zombifiée amputée de son pouce, exposant fièrement les quatre doigts qui restent. Être uni comme les doigts de la main, voilà la métaphore à peine cachée de l’artwork, et une bien belle façon d’introduire le test du dernier rejeton de l’enfer de Valve. Dans une ville dont le sex-appeal n’aurait rien à envier à celui d’une certaine Raccoon City, quatre survivants essayent tant bien que mal d’échapper aux assauts incessants de la population locale, devenue monstres sanguinaires sans la moindre explication. La première campagne s’ouvre d’ailleurs sur une cinématique musclée qui n’explique strictement rien du scénario, du pourquoi du comment sur ce que l’on imagine être une infection capable de transformer les gens en créatures hyper-violentes. Rien non plus sur l’origine des personnages principaux. Elle se contente de montrer de façon très scénarisée (et plaisante, avouons-le) les diverses possibilités du gameplay, tout en posant l’ambiance générale.
Car autant être clair dès le début, Left 4 Dead n’est pas fait pour être joué en solo. Le scénario est inexistant, les personnages ne sont que des avatars sans personnalité (qui, lorsqu’ils sont dirigés par la machine, adorent se mettre devant notre viseur), les graphismes ne claquent pas la rétine d’Armande Altaï et la progression se fait sans rebondissement scénaristique. Plus explicite encore, les quatre campagnes du jeu sont en fait quatre scénarios différents, ou plutôt quatre manières différentes de se sortir de cet enfer, en explorant différents types de lieux (la ville pour la première campagne, la forêt pour la seconde, etc.). De quoi repousser à tout jamais ceux qui auraient voulu une aventure solo scénarisée de la tranche de celle d’un Halo 3 ou Bioshock. Left 4 Dead, qu’on se le dise, ne s’adresse pas à eux. Car derrière ce FPS horrifique qu’un Danny Boyle avec ses 28 jours plus tard n’aurait pas renié, se cache en fait une vraie pépite du jeu en coopération, qui sent bon la maturité d’un genre.
Lorsque l’on a en effet déjà accouché de Counter Strike et Team Fortress, inutile de préciser que l’on en connaît un rayon sur les gimmicks du jeu en ligne et en équipe. Dans Left 4 Dead, rusher bêtement tout seul ne sert à rien. À tout moment en effet, un zombie spécial peut immobiliser puis tuer un joueur à petit feu. Un incident qui n’aura pas de répercussions trop graves si un survivant le sauve rapidement des griffes (ou de la langue pour certaines bestioles) de l’assaillant putréfié, mais qui peut être rapidement mortel s’il est parti tout seul comme un naze droit devant pour valider le prochain checkpoint. Le soft fait la part belle à l’entraide (la moitié des succès l’y encourage). Il est possible de se soigner comme de requinquer un de ses potes avec son medikit, ou encore de remonter par la force de ses bras un survivant qui se serait trop approché du vide et qui aurait trébuché comme un filou, ou qui se serait juste pris une mandale nonchalante d’un Tank (grosse armoire à glace zombie). Une fois foutu au sol pour avoir emmagasiné trop de dégâts, il est toujours possible pour l’atterré de tirer sur tout ce qui bouge, et ainsi se protéger ou couvrir ses compagnons encore en vie, en attendant qu’il y en ait un pour le relever. Autrement, c’est la mort assurée.
Une entente fusionnelle est donc rapidement requise pour continuer d’avancer, surtout dans les modes de difficulté avancés, le douloureux tir fratricide ne pouvant être désactivé. La fine équipe de Turtle Rock s’est donc affranchie des diverses règles régissant les jeux de tir à la première personne classiques pour donner vie à son délire. Et quel délire ! Left 4 Dead utilise un procédé plutôt bien vu que les développeurs ont appelé « l’A.I Director », qui permet de générer aléatoirement l’arrivée et la place des monstres/objets dans les niveaux. Ainsi, les parties se suivent et ne se ressemblent pas, fusillant une bonne fois pour toute les événements scriptés et autres dogmes très présents dans d’autres jeux de tir connus, faisant de l’expérience Left 4 Dead une aventure que l’on ne peut jamais totalement apprivoiser. Que du bon !
Nothing 2 lose
Malgré l’A.I Director qui joue avec le hasard contrôlé et nos nerfs, le déroulement d’une partie lambda de Left 4 Dead peut se résumer simplement, ce qui fait une partie de sa force. Au début de chaque campagne, les survivants peuvent ramasser une trousse de soin ainsi qu’une deuxième arme à feu (Uzi ou fusil à pompe au début) pour accompagner le pistolet à munitions infinies. Plus loin dans le niveau, un deuxième pistolet à ramasser pour se la jouer façon Néo, ainsi que des balles pour remplir les chargeurs de l’arme choisie au début du parcours. Facile non ? Si un pote meurt au combat, pas de panique, il pourra être retrouvé quelques longues minutes plus tard enfermé dans un placard façon Solid Snake (oui, les zombies aussi aiment faire de bonnes farces). Le libérer permettra au joueur de rejouer avec son personnage. Car dans Left 4 Dead, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! Quatre joueurs au sol, et c’est le Game Over.
Plus loin dans la campagne, de nouvelles armes à ramasser, comme le fusil d’assaut, le fusil à pompe bien upgradé ou même un fusil sniper, histoire d’être plus efficace au combat. La fin d’un chapitre, et donc l’arrivée dans un checkpoint, se fait en s’enfermant dans ce que l’on appelle un abri. Sans cela, la mort de l’équipe sera synonyme de frustration, puisqu’il faudra tout recommencer depuis le début ! De quoi bien foutre la pression lorsque l’on se trouve à quelques mètres d’un abri final, que la vie commence à manquer, que l’envie fait battre les cœurs, et que la vue d’un Tank accompagné d’une dizaine de zombies risque bien d’être la dernière chose que l’on puisse admirer. Surtout que les monstres du soft de Valve sont bien vicieux, comme les zombies de base qu’il faudra savamment apprendre à repousser à coups de crosse bien placés. Entre le Boomer qui vomit ses tripes et qui nous transforme en aimant à créatures, le Smoker capable d’étouffer un survivant à des distances folles grâce à sa langue bien pendue, le Hunter et son agilité impossible capable de nous foutre au tapis en quelques coups de griffes, et surtout le Tank, ce monstre presque imbattable qui surgit toujours au pire des moments, les parties n’ont rien d’un parcours de santé. Et pour pimenter le tout, une Witch peut tuer en une seule gifle le pauvre malheureux qui a eu la maladresse de la tirer de ses sanglots éternels.
De ce gameplay simplissime à assimiler se dégage une nervosité et une efficacité à tomber. Peu de choses à se rappeler, pas de nouveaux ennemis au fil des niveaux : L’A.I Director suffit à rendre l’expérience inlassable et flippante. Peu de touches à se souvenir, une rapidité de déplacement remarquable : La jouabilité a été finement étudiée et pesée, pour ne garder que l’essentiel, et le plaisir. Plaisir qui ne s’efface pas dans la recherche de parties en ligne, faciles à trouver, même si elles ne sont pas toutes des plus intéressantes à jouer (hop, un kick parce qu’on est français, hop, un mec qui rushe sans nous réanimer). Le plus sympa reste tout de même l’hébergement d’une session réservée aux amis, jouer entre français étant bien plus sympa dans un jeu comme Left 4 Dead, autour d’un verre de vin et d’un morceau de camembert. On regrette d’ailleurs que le soft ne dispose pas de filtre de nationalité pour la recherche de parties, rendant la tache plus facile aux créatures infernales face à une équipe incapable de communiquer.
Les zombies spéciaux du jeu peuvent d’ailleurs être incarnés dans le mode versus du soft. Même s’il est tout de suite plus facile de se faire exploser par les humains d’en face, les pouvoirs spéciaux ainsi que les respawn à foison en font une expérience délicieusement diabolique, malgré certaines facultés difficiles à dompter parfaitement. Et si l’on dirige les survivants, la flippe n’en devient que plus intense. Déjà bien vicieux quand ils sont dirigés par le CPU, les zombies contrôlés par d’autres joueurs humains sont plus effrayants, et mieux organisés. Les connaisseurs du premier Alien versus Predator (Electronic Arts) apprécieront. Voilà finalement ce qu’il est important de retenir de ce Left 4 Dead : un jeu simple et addictif, capable de faire stresser les pauvres malheureux qui s’y aventurent grâce à une mise en scène générée selon le bon vouloir de la machine, qui certes ne comporte aucun élément scénaristique qui aurait pu lui faire prétendre à un quelconque mode solo enviable, mais qui est tellement nerveux et bien rendu qu’il en devient un must dans le genre qu’il vise, à savoir le jeu en coopération, online comme offline avec un ami. Les petits gars de chez Turtle Rock ont ouvert la valve du plaisir ludique, et, en se détachant des nombreux modèles du genre tout en ayant une profonde réflexion sur ce que la technologie en terme de jeux vidéo permet désormais, ont balancé une sacrée sauce bolo. Un hit, tout simplement.
+
- Le mode Versus
- Jouable à deux en écran splitté
- Super rapide pour trouver une partie sur le Live
- Gameplay simple, nerveux et ultra efficace
- Le must du jeu en coopération
-
- Vraiment pas fait pour être joué en solo
- On aurait aimé plus de niveaux et de personnages…
- … car il y a de gros doutes sur les futurs téléchargements sur console
- Pas de filtre de nationalité
- Les zombies apparaissent parfois dans des endroits impossibles