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Remothered: Broken Porcelain

Survival Horror | Edité par Modus Games | Développé par Stormind Games

6/10
One : 13 octobre 2020
06.11.2020 à 19h22 par - Rédacteur

Test : Remothered: Broken Porcelain sur Xbox One

Porcelaine limogée ?

Trois ans après Remothered: Tormented Fathers, survival dont les errances d’eurent d’égal que le talent avec lequel Chris Darril parvint à nous raconter une histoire captivante, l’heure est à une nouvelle plongée dans l’horreur. Avec Broken Porcelain, Remothered entend apporter des réponses aux nombreuses questions restées jusqu’ici en suspens. On apprécie fortement l’initiative, craignant toutefois que comme par le passé la disgrâce de la forme ne vienne entacher la qualité du travail de fond.

Né comme un petit jeu indépendant en hommage à Silent Hill et surtout Clock Tower, Remothered a creusé son trou des années durant pour finalement parvenir en 2017 sous une forme autrement plus ambitieuse et professionnelle. En s’alliant avec le développeur Stormind Games, le game designer Chris Darril (sous l’égide de son entreprise Darril Arts) a ainsi donné vie à son projet d’une façon relativement réussie. « Relativement » car bien qu’il ait dépeint avec une certaine réussite une histoire complexe et sordide, Remothered: Tormented Fathers est un jeu qui souffre d’une prestation technique en deçà des standards. Le gameplay de ce survival horror n’était pas non plus exempt de défauts. Mais vous l’avez compris, Tormented Fathers a suffisamment marqué son public pour l’on ait accueilli avec beaucoup de satisfaction l’annonce puis l’arrivée enfin de Remothered: Broken Porcelain sur Xbox One.

Remothered : Broken Porcelain est à la fois la suite et le préquel de Tormented Fathers. Si vous n’avez pas joué à l’épisode de 2017, un résumé vous est proposé en tout début d’aventure. Il reprend les principales scènes qui ont vu la flegmatique Rosemary Reed et ses faux airs de Jodie Foster s’infiltrer dans la demeure de Richard Felton. Enquête sur une disparition, expériences médicales qui virent au cauchemar, histoire de couvent calciné et bien d’autres atrocités innommables : Remothered nous vous épargne rien et en ce sens, il est bien difficile de comprendre de quoi il retourne avec un simple résumé. On ne saurait que trop vous conseiller de jouer au premier jeu avant d’attaquer Remothered : Broken Procelain, ou au moins de prendre quelques minutes pour lire un récapitulatif complet.

broken porcelain test 1

Savoir où l’on met les pieds est très important ici car Remothered : Broken Porcelain ne ménage pas son joueur. On ne sait pas toujours très bien – au début du reste – à quel moment de l’aventure se situe l’action que l’on observe ou à laquelle on participe. L’histoire est hachée, fait des allers et retours dans le temps pour illustrer le destin de la jeune fille que l’on incarne dans cet épisode. Par la même occasion, Remothered : Broken Porcelain entend donc apporter de précieuses réponses aux si nombreuses questions qui demeuraient ouvertes à la fin de Tormented Fathers. On vous laisse le soin de découvrir par vous-même qui est la protagoniste principale de cet épisode, même si on le devine très rapidement. 8 heures durant (plus ou moins selon votre degré d’efficacité face au danger), on suit donc cette jeune fille dans l’hôtel semi-abandonné où elle a trouvé refuge. Le genre d’endroit où l’on accepte d’employer pour le ménage ou la cuisine de jeunes âmes perdues. Le problème c’est ce qui se passe lorsque retentit un son étrange depuis des haut-parleurs… Le début de bien des horreurs pour notre héroïne.

En dépit de sa complexité et d’une façon d’être racontée qui aurait certainement mérité un plus d’ordre, l’histoire de Remothered : Broken Porcelain est prenante et ce qu’elle apporte au scénario de la saga vraiment intéressant. Les personnages sont travaillés, l’héroïne a du caractère et sait se rendre attachante. Et puis, Remothered oblige, il y a ces personnages qui n’ont de cesse de vous traquer pendant que vous cherchez désespérément un moyen d’échapper à cette folie. Comme son prédécesseur, Broken Porcelain est un survival à la troisième personne en milieu clos et dans lequel la principale arme de survie de son héroïne est sa capacité à éviter le danger. Vous pouvez vous cacher ou fuir, mais jamais vous ne parviendrez à éliminer une menace définitivement. Comme un virus bien installé, le traqueur est un danger avec lequel il faut apprendre à vivre et composer, tout en résolvant les petites énigmes qui permettent de progresser. Il ne s’agit pas de casse-têtes mais comme dans de nombreux jeux du genre d’une logique qui veut que vous alliez prendre la clé là pour ouvrir la porte là-bas et déclencher l’événement critique.

broken porcelain test 2

L’héroïne n’est certes pas tout à fait démunie. Il est recommandé de porter toujours avec soi une lame ou quelque chose du genre qui peut faire mal, histoire de se sortir des griffes d’un traqueur qui menace de nous exécuter. L’usage de l’objet est unique et l’ennemi est seulement sonné, mais heureusement on trouve de ces objets un peu partout dans l’hôtel. On peut même transporter quelques ustensiles à lancer pour ralentir l’ennemi ou, plus efficace, détourner son attention. Broken Porcelain intègre également la possibilité d’utiliser des leurres (boîte à musique, poste de radio, etc), de mixer les objets avec des agents corrosifs pour plus de dégâts voire même de placer un câble ou une corde pour verrouiller temporairement une corde. Mais tout cela s’avère assez rapidement peu recommandable. D’abord parce que l’efficacité des pièges est vraiment toute relative et provoque plus de danger que d’aide ; surtout, certains objets provoquent des bugs empêchant de bouger une fois qu’ils sont posés. A ce stade c’est soit la mort, soit le retour anticipé au dernier point de contrôle.

L’ennui, c’est que ce bug des ustensiles n’est qu’un parmi tant d’autres. De nombreux autres. Alors que nous testons le jeu plusieurs semaines après sa sortie, Remothered : Broken Porcelain demeure criblé de soucis techniques plus ou moins importants. Cela ne nous a pas empêché d’aller au bout de l’aventure, mais on vous avoue que nous ne sommes pas passé loin de la crise de nerf quand le personnage s’immobilise devant un point de sauvegarde manuelle (obligation de recharger la partie), quand un script ne se déclenche pas, ou lorsque pour une raison inconnue il devient impossible d’interagir avec quoi que ce soit. Heureusement que le jeu sauvegarde souvent, car il y a de quoi s’arracher les cheveux. Il en va de même avec un certain pouvoir de l’héroïne apparaissant en milieu d’aventure et qui se recharge un peu comme il a envie, ce qui peut être crispant lors de combats de boss déjà pas facile à négocier.

broken porcelain test 3

Eh oui, Remothered : Broken Porcelain propose une poignée de rencontres fonctionnant comme des combats de boss. Une bien mauvaise idée car elle repose sur des mécaniques trop précises pour ne pas devenir frustrantes quand ça ne fonctionne pas comme il faut. On se rend compte alors des problèmes de hitboxes avec des boss qui peuvent nous atteindre à des distances complètement aléatoires. A l’inverse, l’IA de ces mêmes vilains lorsqu’ils nous traquent n’est pas des plus efficaces. On a quelques frissons au début et puis on se rend compte après quelques heures qu’il n’est pas si compliqué de les faire tourner en bourrique. En bref, comme Tormented Fathers, Broken Porcelain est un jeu qui pêche par sa forme. Différemment en l’occurrence, car c’est un problème de finition plus que de fond. On apprécie d’ailleurs ici l’ajout de points de compétence qui permettent d’améliorer les personnages en termes de résistance, de silence, d’endurance ou encore de capacité à transporter des objets. Sur la fin du jeu, ça fait sa petite différence.

Le déficit de finition dont souffre Remothered : Broken Porcelain est amère car pour le reste, l’expérience est vraiment prenante. L’ambiance est oppressante et fonctionne à merveille. Si vous avez connu des jeux comme Rule of Rose sur PS2, on s’en rapproche ici. C’est malsain, tordu et en même temps il se créé un vrai attachement pour certains personnages. Ils sont d’ailleurs plutôt bien modélisés, leurs visages sont expressifs en dépit d’une synchronisation labiale à revoir. Les doubleurs font un travail correct (le jeu est en anglais sous-titré en français), le scénario prend parfois une tournure plus émotive qui est appréciable face à tant d’horreur ; le final apporte d’ailleurs en ce qui nous concerne la satisfaction que l’on attendait. Autour de cela, Remothered : Broken Porcelain affiche une qualité graphique plus que convenable pour une direction artistique sans grande originalité mais néanmoins maitrisée. Il est d’ailleurs curieux (et amère encore une fois) de constater qu’il n’y a pas ou peu de bug visuel à déplorer, quand tant de soucis viennent plomber le gameplay. Niveau sonore les choses fonctionnent également bien, avec tout ce qu’il faut de petits sons tantôt intrigants, parfois crispants.

6/10
C’est un drôle de sentiment qui prédomine à l’issue de Remothered : Broken Porcelain. Cet univers qui avait contribué à faire de Tormented Fathers un titre reconnu en dépit de ses nombreux autres défauts est ici pleinement exploité, développé et débouche sur une conclusion pleinement satisfaisante. On a vraiment apprécié l’ambiance de bout en bout, entre horreur, violence et moments plus calmes qui sont comme des ilots de douceur bienvenus. Tout est un peu compliqué c’est vrai, on s’y perd un peu dans cette histoire par moments, mais c’est globalement prenant et porté par un gameplay à l’approche classique mais tout à fait à propos… Sur le papier. Dans les faits, face aux bugs à foison, aux combats de boss crispants et à l’IA aux abonnés absent des traqueurs, on a parfois envie de tout envoyer valser. C’est donc autre chose que de la déception qui prédomine, plutôt un grand agacement peut-être en constatant cette occasion manquée de marquer le genre avec Remothered : Broken Porcelain. Difficile de conseiller un titre en manque de finition, mais il l’est tout autant d’éloigner de cet univers fascinant… Gageons que les développeurs continueront à apporter des mises à jour au jeu pour lui permettre, au moins, de ne plus souffrir de certains bugs qui ternissent l’expérience.

+

  • « L’ambiance Remothered » retrouvée intacte
  • Intrigue complexe, glauque mais très prenante
  • Galerie de personnages soignée
  • Graphiquement plaisant
  • Rythme bien maitrisé
  • Ambiance sonore au diapason
  • Final satisfaisant

-

    • Des bugs, trop de bugs
    • Dont certains qui forcent à relancer le jeu
    • IA des traqueurs en berne
    • Combats de boss crispants
    • Gestion des objets sans grand intérêt
    • Il vaut vraiment mieux avoir joué au précédent