Jeux

Steelrising

Action/Aventure | Edité par Nacon | Développé par Spiders

7/10
One : 08 septembre 2022
07.09.2022 à 11h59 par - Rédacteur en Chef

Test : Steelrising sur Xbox One

Un jeu de cape et d'écrous

Spiders, c'est le petit studio français qui monte depuis quelques années, bien aidé par le rachat par Nacon en 2019. Après un très bon Greedfall, c'est donc l'heure de la confirmation pour les équipes de Jehanne Rousseau avec Steelrising, un titre qui nous envoie dans un Paris méconnaissable à l'aube de la Révolution Française.

C’est le chaos total à Paris. Alors que la Révolution Française aurait du commencer à marcher dans les rues de la capitale française, une armée d’automates s’est chargée d’éliminer tout signe de vie. Ils traquent désormais les derniers puissants qui sont parvenus à échapper à leur folie meurtrière, dont Marie-Antoinette. C’est donc la panique au Château de Saint-Cloud, où la Reine décide de confier une mission de la dernière chance au seul automate qui n’a pas succombé à l’appel du sang. Le joueur incarne Aegis, une humanoïde douée de la parole, désormais chargée de retrouver Jacques de Vaucanson, la seule personne encore capable de mettre fin à ce massacre. Avant de partir à l’aventure, les développeurs nous proposent de personnaliser Aegis, de sa coupe de cheveux à la matière de son corps. Un outil de personnalisation assez limité, qu’on aurait aimé plus fourni.

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La première étape de l’aventure consiste à rejoindre Paris, par la traversée du parc du château. C’est l’occasion de se familiariser avec les mécaniques de gameplay du jeu, qui rappellent assez rapidement la franchise Dark Souls. Autrement dit une poignée d’ennemis à affronter en même temps, mais face à qui la moindre erreur peut s’avérer fatale. Car la barre de vie, symbolisée en rouge, a tendance à se vider plutôt vite, et la barre d’endurance, symbolisée en vert, oblige à gérer ses efforts. Les feux de camp sont remplacés par des vestales, des lieux de repos qui permettent d’apporter diverses améliorations à Aegis. C’est logiquement aussi l’endroit où l’on redémarrera la partie après une mort douloureuse. Attention toutefois, Steelrising n’est pas aussi exigeant qu’un Souls, et les développeurs ont même pensé à inclure un mode «assisté» pour les joueurs qui veulent profiter de l’histoire sans trop souffrir.

Pour le mode classique en revanche, la façon d’appréhender le titre de Spiders est sensiblement la même que pour la franchise de From Software. La première rencontre avec un ennemi oblige à analyser ses patterns, puis à trouver un rythme dans l’utilisation des esquives, des gardes ou des contres, puis dans l’alternance des coups rapides, forts et spéciaux. Une palette de mouvements et de techniques qui sont liées à sept types d’armes différentes, certaines empêchant d’user de la garde, quand d’autres s’utilisent avec des munitions. Si vous opter pour ce dernier type d’armes, il convient donc de switcher régulièrement avec une arme blanche pour gérer votre stock de munitions. Au delà de cet aspect, rien n’est vraiment fait pour pousser le joueur à se servir de chacune des armes, et il est clairement possible de faire l’entièreté du jeu sans jamais en changer si on opte pour la hallebarde ou les épées doubles par exemple.

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Il est toutefois possible de tirer partie des faiblesses des adversaires avec la possibilité d’utiliser des attaques élémentaires avec du feu, de la glace et de l’électricité. Il est ainsi possible d’affecter plus ou moins rapidement les ennemis pour les ralentir, les affaiblir et même les immobiliser. L’inverse est également vrai, et Aegis peut être affectée par les mêmes malus selon la nature de son adversaire. D’ailleurs, avec un nombre d’automates différents assez correct de base, le bestiaire gagne en profondeur grâce à ce système, et demande parfois d’adapter son approche. A noter que des formes améliorées des automates ennemis sont à affronter en tant que mini-boss, et chaque map se termine avec l’affrontement d’un boss. Ceux-ci sont clairement réussis autant dans leur design que dans l’évolution de leurs patterns au fil du combat. Pour faire face, notre héroïne dispose d’un inventaire assez large, avec des potions d’annulation élémentaire, des grenades de feu, de glace et d’électricité, mais aussi des potions de régénération de vie, le tout à récupérer sur les ennemis vaincus et dans des coffres disséminés un peu partout sur chaque map.

On y trouve également des vêtements, avec des chapeaux, des vestes, des pantalons et des chaussures capables de modifier certaines statistiques d’Aegis. On regrette en revanche que les avantages octroyés par ces habits ne suivent que rarement la progression du joueur dans l’aventure. La plupart du temps, les vêtements découverts ne présentent pas de vraie plus-value par rapport à des éléments récupérés dans des niveaux précédents. On aurait presque préféré avoir des éléments sans statistiques pour au moins profiter de l’esthétique de ces sapes selon l’humeur du jour et pas en fonction de leur capacité à augmenter notre défense. Côté améliorations et gain de puissance, Steelrising reprend le principe d’âmes qui s’accumulent à chaque ennemi vaincu, et qui tombent au sol à chaque Game Over. Il est alors impératif de les récupérer lors du run suivant, au risque de les perdre définitivement. Ces âmes s’échangent aux checkpoints pour renforcer la puissance, la robustesse ou encore l’agilité d’Aegis (20 niveaux pour 6 caractéristiques), tandis qu’il est également possible d’améliorer les armes (5 niveaux chacune) ou encore le nombre de «burettes» (jusqu’à 5), des fioles de soins qui se rechargent à chaque passage par les vestales.

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Au delà de ces mécaniques désormais assez classiques pour le genre, ce qui différencie Steelrising de ses concurrents c’est le cadre dans lequel il nous embarque. Sur fond de Révolution Française, on a le plaisir de découvrir plusieurs quartiers de Paris et quelques lieux iconiques qui vont avec. Au total, ce sont huit endroits à visiter, des Invalides aux Tuileries en passant par l’île de la Cité, avec cette volonté de nous entraîner à la fois dans les rues pavées de la capitale mais aussi dans ses nombreux jardins pour apporter un peu de variété aux décors. Le travail réalisé pour coller à la partie historique de cette période est remarquable, avec notamment la reconstitution du château de Saint-Cloud et des mines de gypse de Montmartre. Les monuments offrent un aspect majestueux à l’ensemble et on regrette presque de ne pas pouvoir plus profiter des intérieurs, visuellement très appréciables également. On ne peut pas exprimer autant d’enthousiasme sur la structure des maps. Construites de façon ouvertes, elles sont truffées de portes bloquées qui oblige le joueur à suivre un chemin très linéaire finalement. Un choix qui donne l’impression de traverser de longs couloirs pendant toute la première moitié du jeu, une sensation atténuée ensuite par l’acquisition de compétences qui permettent d’ouvrir de nouveaux passages par la suite.

Malgré une direction artistique impeccable, l’aspect graphique se situe en deça des standards actuels. Malgré quelques jolis points de vue et une visite agréable de la ville, on perd un peu de cette magie sur le plan technique. Il faut dire que le jeu nous demande de choisir entre trois modes, résolution, graphismes et performance, et la différence entre le nombre d’images par seconde obligera la plupart des joueurs à opter pour la dernière option. On perd ainsi un peu de détails sur les décors, tandis que les effets de lumière sont moins impressionnants. Certains plans montrent également de gros défauts pour des éléments affichés au loin, et des chargements plutôt longs pour passer d’un niveau à l’autre. Dernier point noir, les cinématiques sont peu emballantes, avec des modèles 3D pas franchement réussis pour les différents personnages historiques rencontrés. Malgré tout, les grands amateurs d’histoire seront ravis de croiser la route du Marquis de la Fayette, de Mirabeau, de Marat ou encore de Robespierre, et d’autant plus lors des quêtes annexes proposées, bien souvent plus intéressantes que l’intrigue principale elle-même.

7/10
A défaut d'être une révolution technique, le jeu accumulant plusieurs lacunes sur ce point précis, Steelrising est une aventure sympathique sublimée par une direction artistique très travaillée. On regrette tout de même la linéarité de la première moitié du jeu, et quelques séquences un peu redondantes, mais globalement cette uchronie imaginée par Jehanne Rousseau et son studio Spiders donne envie d'y revenir.

+

  • Direction artistique impeccable
  • Monuments parisiens splendides
  • Bestiaire diversifié
  • Boss très réussis
  • Quêtes annexes intéressantes

-

    • Aspect couloir prononcé sur la première moitié
    • Sentiment de répétitivité dans les combats
    • Devoir choisir entre framerate et graphismes
    • Cinématiques ratées et pas de voix en français