Test : Suicide Squad: Kill The Justice League sur Xbox Series X|S
Rendez-vous Rocksteady !
Et puisque la situation est complexe, c’est avec une certaine appréhension que nous avons pris notre manette et lancé le tutoriel qui nous propose de prendre les commandes, tour à tour, de chacun des antihéros. Ces derniers se trouvent d’ailleurs au cœur d’une Métropolis totalement ravagée, une situation qui s’explique quelques minutes plus tard avec un petit retour en arrière de quelques jours afin de nous révéler les événements qui nous ont amené là. Pour en revenir au tutoriel, celui-ci nous permet de nous faire une bonne idée du gameplay de Suicide Squad: Kill the Justice League. Pour faire simple, chaque personnage dispose de plusieurs mouvements qui lui sont propres : esquive, double saut, capacité de grimper les murs / bâtiments, propulsion / grappin. Toute une série de capacités qui nous offrent l’opportunité de nous déplacer rapidement, mais également d’esquiver les attaques ennemies. À cela, il faut ajouter la possibilité de viser et de changer d’armes rapidement, le tir classique, la grenade et un tir de contre indispensable dans l’aventure. Beaucoup d’informations nous sont données et les premiers pas peuvent s’avérer plutôt compliqués. Le jeu se montre brouillon, tant dans son approche des affrontements que dans sa direction artistique. Un problème qui, malheureusement, va se confirmer durant toute l’aventure.
Mais avant de se pencher sur le gameplay, prenons le temps de s’intéresser à l’histoire du jeu. Après un tutoriel bancal, on se retrouve à Arkham (le signe d’un passé glorieux et une transition logique entre les deux univers) où l’on a la plaisir de faire la connaissance des quatre personnages jouables : King Shark, Harley Quinn, Deadshot et Boomerang. Leur entrée en matière est indéniablement réussie et la mise en scène fait mouche directement, grâce à un humour omniprésent et pertinent. Les blagues / vannes font mouche immédiatement et ce ne sont pas les occasions de sourire qui manquent ! Un excellent point qui nous rappelle d’ailleurs le savoir-faire en la matière de Rocksteady qui nous livre ici un scénario sympathique, drôle et savoureux, bien qu’on puisse lui reprocher un côté trop sage. Comprenez par là que les rebondissements sont bien trop rares et que l’histoire est cousue de fil blanc. Cela étant, bien que prévisible, l’ensemble tient parfaitement la route, tout en nous réservant quelques moments des plus sympathiques comme la première apparition de Batman, par exemple. On le voit et on le sait : le studio sait ménager ses effets, c’est indéniable, et dans un jeu solo, cela aurait sans doute pu être excellent.
Car finalement, le problème principal de Suicide Squad : Kill the Justice League vient tout simplement de sa structure. Il s’agit d’un petit monde ouvert qui ne propose rien de très intéressant et/ou de novateur. Pire, le fait de se présenter comme un jeu service a dû forcer les développeurs à cocher toute une série de caractéristiques propres au genre : missions banales et répétitives, récompenses à foison, contenu à venir, endgame… Toute une série de choses que l’on ne retrouvait pas dans les jeux Batman qui, eux, proposaient une expérience finie et définitive, dès leur sortie. Du coup, pour clarifier nos propos, Metropolis prend la place du terrain de jeu. Vous disposez d’une carte sur laquelle se trouvent de nombreux groupes d’ennemis, ainsi que différentes missions qui vous sont données par les personnages que vous rencontrez au fil de votre aventure (et qui sont tirés des différents univers : Batman, Superman, Green Lantern…). On passe donc son temps à passer d’un point A à un point B afin d’améliorer nos compétences ou pour débloquer de nouvelles possibilités, avant de rejoindre une mission principale. Ce concept – bien connu des joueurs maintenant – dilue évidemment le scénario dans un paquet d’objectifs annexes très fades : défendre un point, récupérer des civils, éliminer des ennemis, récupérer différents objets… le tout en respectant des conditions imposées. C’est d’autant plus ennuyant que l’histoire principale reste agréable à suivre, et ce en dépit de sa durée de vie limitée qui n’excède pas les 10 heures de jeu. Comme quoi, même en proposant un monde ouvert et une kyrielle de missions supplémentaires, on ne sait pas toujours proposer une expérience qualitative à la durée de vie intéressante.
Et pourtant, malgré ces manquements et ces problèmes inhérents à la structure du jeu, Suicide Squad: Kill the Justice League parvient à nous tenir en haleine grâce à un je-ne-sais-quoi des plus inexplicables. Il y a du fun dans le jeu et dans son gameplay qui, pourtant, manque de précision. Les affrontements nous proposent souvent d’en découdre avec de nombreux ennemis, le tout dans des environnements à la verticalité importante. La mobilité est de mise et il est nécessaire (pour ne pas dire indispensable) de voleter dans tous les coins afin d’éviter les dégâts infligés par les ennemis. Votre mission consiste donc à alterner l’esquive et l’attaque avec habileté, pour éviter une mise à terre qui peut parfois surprendre de par sa rapidité. Il est d’ailleurs bon de noter (à raison ?) que les développeurs ont choisi de vous imposer une proximité de combat inévitable. En effet, de nombreux adversaires sont imperméables aux balles et il faut donc les frapper au corps-à-corps afin de briser leur bouclier avant de leur envoyer quelques balles dans le gosier. Une mécanique bien utile pour un personnage comme Boomerang qui évolue à proximité de ses adversaires, mais qui dessert rapidement un héros comme Deadshot qui ne pourra pas pleinement profiter des capacités de son fusil à lunette. Profitons-en d’ailleurs pour expliciter une chose que l’on juge importante : bien qu’ils disposent d’un équipement de base attribué (arme lourde pour King Shark et pistolet mitrailleur pour Harley Quinn, par exemple), il est tout à fait possible d’équiper ce que l’on veut à nos personnages. Cela plaira à ceux et celles qui veulent absolument utiliser un type d’armes particulier, mais cela nuira à l’intérêt de jouer tel personnage plutôt qu’un autre.
Heureusement pour nous, les développeurs ont tout de même prévu une mécanique de personnalisation qui vous offre l’opportunité de spécialiser vos personnages. Ainsi, pour chaque mission remplie, chaque ennemi vaincu, vous glanez de l’expérience qui vous permet de passer de niveau et de gagner un point de compétence qui peut être utilisé dans l’un des trois arbres de talents dont dispose chaque héros. Du coup, en fonction de vos choix, il est possible de se spécialiser dans un type d’arme particulier ou encore d’améliorer la mobilité des personnages. Encore une fois, comme pour l’utilisation des armes, on retrouve pas mal de compétences communes, ce qui nous donne une impression mitigée : Rocksteady semble ne pas avoir voulu froisser les joueurs en leur imposant quoique ce soit. Malheureusement, ce choix et cette décision entraînent une conséquence relativement désagréable : lisser l’expérience et la rendre plus classique, moins originale. C’est d’autant plus vrai que Suicide Squad: Kill the Justice League est un jeu coopératif qui propose aux joueurs d’évoluer ensemble. À eux de créer une synergie entre les différents personnages afin d’être le plus efficace en combat. Un concept qui aurait pu être pleinement exploité si chaque personnage disposait de sa propre panoplie de capacités et d’équipements.
Il n’en demeure pas moins que le titre, comme tout bon jeu service, dispose de sa série de missions quotidiennes. Ainsi, les joueurs peuvent réaliser toute une série de contrats qui, en cas de réussite, offrent leurs lots de récompenses : expériences, matériaux, loot. Il est également possible d’obtenir des boites dont le contenu dépendra de votre temps de jeu et de vos actions durant votre partie. Même constat pour les missions qui pointeront le bout de leur nez durant et à la fin de votre aventure : Suicide Squad: Kill the Justice League veut que vous reveniez le plus souvent et le plus longtemps possible au cœur de Metropolis. Et si l’ensemble s’avère classique, on ne peut négliger l’impression de vide qui se dégage du jeu, à l’heure actuelle. Alors oui, on sait que les développeurs sont partis pour nous proposer quatre saisons remplies de contenus et de personnages supplémentaires (le Joker est d’ailleurs le premier d’entre eux, curieusement), mais en l’état, on voit mal les joueurs arpenter les rues de la ville pendant des jours, et encore moins des semaines.
De cette expérience, il ne reste qu’un petit point à aborder : le loot. En plus de son fonctionnement de monde ouvert (et explicité précédemment), Suicide Squad: Kill the Justice League est un titre qui se base sur le loot. Chaque mission vous récompensera par une capsule d’objets triés par couleur en fonction de leur rareté. On retrouve ici le système classique et habituel des jeux du genre avec des modèles épiques (mauve) ou légendaires (jaune), par exemple. Evidemment, comme de coutume avec ce genre de jeu, la quantité est au rendez-vous, ce qui offre de nombreuses possibilités, mais aussi et surtout l’obligation de faire du tri dans un menu qui n’est pas des plus ergonomiques. On aurait aimé que ce soit plus simple et que la rareté des objets soit un peu mieux répartie. Sincèrement, après une ou deux heures de jeu maximum, on possédait déjà quelques exemplaires d’objets légendaires. C’est assez curieux pour une mécanique comme celle-là.
Il ne reste plus qu’à vous parler de la technique du jeu. Sur ce point, encore une fois, le bébé de Rocksteady réalise de belles choses et de moins bonnes. Les visages, par exemple, sont particulièrement réussis, avec des animations crédibles et un grain de peau d’une précision épatante. Inversement, certains plans se montrent décevants, notamment en ce qui concerne l’utilisation du feu, par exemple. On peut également pointer du doigt une direction artistique peu inspirée : Metropolis est fade au possible et ce ne sont pas les gerbes d’explosions et les ennemis à foisons qui viendront nous faire penser l’inverse. Que du contraire : même le bestiaire manque d’inspiration et de diversité. Bref, rien de transcendant ni même de mémorable. Un constat dur qui s’applique d’ailleurs à la partie musicale du titre. Les morceaux s’enchainent durant l’aventure, sans jamais briller…
+
- Scénario sympathique ;
- Humour présent et approprié ;
- Gameplay fun ;
- Animations faciales de qualité ;
- Quelques scènes franchement réussies...
-
- Structure du jeu bancale ;
- Contenu limité ;
- Répétitivité des missions ;
- Direction artistique douteuse ;
- Affrontements brouillons ;
- Absence de personnages uniques ;
- Incohérence dans la construction du jeu.