Test : Dynasty Warriors 9: Empires sur Xbox One
Lu Bu et eau de boudin
On va la faire brève car on imagine que vous situez bien l’univers dans lequel nous plonge cette nouvelle production signée Omega Force, toujours éditée par Koei-Tecmo. Dynasty Warriors, c’est le nom qui signifie que l’on voyage une fois de plus dans la Chine des Trois Royaumes. Cao Cao, Liu Bei, Sun Quan et toute l’immense clique rempilent pour un combat acharné. Empires, c’est la variante qui existe depuis Dynasty Warriors 4 et donne au beat’em all « seul contre 1000 » une dimension stratégique. C’est une formule que les vétérans apprécient généralement beaucoup. Alors on se dit qu’il y a ici matière à ce que le mal-aimé neuvième épisode se rachète une réputation. Il n’était certes pas totalement imbuvable, mais on se souvient avoir pas mal pesté contre son manque de rythme, contre la vacuité de son monde ouvert, face à sa réalisation hautement perfectible. La première bonne nouvelle avec Dynasty Warriors 9 Empires, c’est que l’on met de côté le monde ouvert. Il est certes possible d’y naviguer librement lorsqu’entre deux événements importants on part en ville pour discuter avec des soldats et tisser des liens. A ce moment-là, on peut tout à fait prendre un cheval et voguer à travers la Chine de haut en bas. Mais on n’y trouve guère que des soldats un peu paumés, quelques animaux sauvages à occire et des châteaux désespérément vides. Voilà à quoi se borne l’héritage du monde ouvert de Dynasty Warriors 9 : il est là par défaut, ne sert à rien et c’est tant mieux ! On peut maintenant revenir au cœur de l’expérience.
Dynasty Warriors 9 Empires s’appuie sur un mode principal, Conquête. Il propose divers chapitres, tous issus des grandes heures de l’histoire des Trois Royaumes, de la Révolte des Turbans Jaunes à la chute du Shu. Il ne faut toutefois pas s’attendre à une grande incidence de ce choix sur l’histoire qui vous est proposée, l’intérêt résidant plutôt dans la configuration de la carte, les personnages impliqués à cette époque et la répartition des puissances à l’œuvre sur le territoire. Dans tous les cas, votre objectif est simple : l’unification du pays. Vous pouvez vous lancer aux commandes d’une grande figure de l’époque ou bien créer votre propre personnage grâce à un éditeur très complet. Les possibilités sont véritablement nombreuses, tant au niveau physique que vestimentaire, pour un résultat inspirant potentiellement la puissance ou bien la bouffonnerie la plus totale. C’est vous qui voyez. Ce qui est intéressant dans tous les cas, c’est que Dynasty Warriors 9 Empires propose divers statuts de départ qui sont amenés à évoluer au fil du jeu et de vos réussites. Ou de vos échecs. On ne dispose donc pas des mêmes pouvoirs de décision si l’on est officier, grand général, carrément souverain ou au contraire soldat sans suzerain.
Le mode conquête se déroule au fil des mois, chaque décision prise faisant avancer le calendrier à la période suivante. Des objectifs semestriels sont proposés par le souverain (arrivé à un certain point ça peut donc être vous) et concernent de nombreux champs de compétences. Commerce, agriculture, force militaire, relations avec les autres royaumes, tout cela est décliné en de nombreuses actions qu’il convient de choisir avec précaution. Ces possibilités grandissent au fil du temps et viennent peu à peu affiner le prisme décisionnel. Libre à vous de vous servir sur le dos de vos propres concitoyens, de corrompre, voire de trahir votre propre camp ! Divers indicateurs nous permettent de savoir plus ou moins ce qu’une décision implique et au bout de plusieurs heures de jeu, un mauvais choix peut être fatal. Car cependant que vous participez à la politique de votre royaume, les autres font également leurs affaires. Ils ne tardent pas à s’intéresser à vos terres grandissantes, alors que vous avez peut-être à régler de votre côté des actes de rébellion. Il faut être prêt à parer à toutes les éventualités.
En dépit d’une mise en forme très simple, faite d’onglets thématiques nous invitant à choisir l’action à conduire pour le mois en cours, Dynasty Warriors 9 Empires se montre assez prenant. Il se passe toujours quelque chose, on est systématiquement sous pression. On prend une terre, on en perd une autre, on imagine une politique qui va parfois faire des miracles et d’autres fois avorter lamentablement… Parler avec les membres du royaume, tisser des liens forts est important pour obtenir des bonus de production par exemple ou éviter tout bonnement qu’ils ne décident de faire sécession. Puis dans certains cas on peut aller plus loin : se marier, avoir un enfant, puis voir au fil des années cet enfant devenir suffisamment grand pour rejoindre le combat dans notre propre unité. Dynasty Warriors 9 Empires n’est certes pas un grand jeu de stratégie, mais il assure bien cette fonction compte tenu de sa nature hybride. Vous le savez bien, il vient forcément un moment où l’on passe de la politique à la mise en application des choses militaires sur le terrain. Parce que l’on s’étend ou parce que c’est l’ennemi qui a décidé de prendre ses aises, vient rapidement le moment de prendre les armes et de retrouver l’aspect beat’em all de Dynasty Warriors.
La baston pure et dure reprend les codes bien connus de la saga. Frappe légère, frappe lourde, saut et Musô à combiner à volonté pour décrocher des mâchoires à la chaine. On retrouve comme toujours pléthore d’armes pour varier les expériences et on découvre une nouveauté intéressante : au fil des actions menées sur le terrain et en dehors, la personnalité de notre héros évolue. Au fil des niveaux glanés, il obtient des titres synonymes de bonus divers et débloque des compétences spéciales. Il y en a des tonnes que l’on attribue aux quatre touches de la croix directionnelle et que l’on active sur le terrain moyennant un certain temps d’attente (plus c’est puissant, plus c’est long à charger). Gain de points de vie, augmentation des statistiques, attaques magiques, etc. On retrouve quelque chose de semblable aux compétences supplémentaires introduites en son temps par Warriors Orochi 4, mais avec un panel autrement plus large.
On arrive donc sur le terrain avec en théorie de quoi éclater tout ce qui bouge et comme toujours, on peut faire appel au cheval pour se déplacer rapidement d’un point de la carte à un autre. Mais bien malheureux sera celui qui pense que matraquer le bouton suffit à l’emporter ! La victoire dépend de bien des choses, à commencer par la répartition des forces sur le terrain. Si les officiers en face sont plus nombreux, et portent donc avec eux un plus grand nombre de troupes, leur puissance par défaut est plus grande et il est d’autant plus difficile de capturer les objectifs. Impossible d’ailleurs, pour conquérir un château ou défendre le siens, de se lancer à bride rabattue sur le chef ennemi. Il faut d’abord prendre le contrôle de points capitaux sur la carte, comme des postes d’observation, des catapultes, ou des béliers. Selon que l’on attaque ou que l’on défend, tout repose dans tous les cas sur la maitrise des armes de siège. Il convient donc de procéder avec organisation, d’ordonner le cas échéant aux alliés des indications à suivre afin d’affaiblir l’armée adverse. Jusqu’à ce que les possibilités de réapparition de ses officiers s’épuisent et que le général devienne prenable. Si les premières conquêtes sont plutôt tranquilles, celles qui nous opposent à des armées bien en place peuvent se révéler très compliquées. Ça se joue sur le fil.
Dans tous les cas, la préparation demeure la clé de la réussite ! Tout votre talent de combattant ne saurait vous permettre de contenir une armée bien plus grosse. Il faut donc veiller préalablement au combat à disposer de forces en nombre suffisant sur chaque territoire (on peut transférer des officiers d’un lieu à un autre sur la carte), avec ce qu’il faut de rations pour les déployer. Pas de chocolat, pas de bras. Puis avant de se lancer sur le terrain, des officiers avec lesquels vous entretenez de bonnes relations vous proposent de tenter la mise en œuvre d’un « plan secret ». A condition de remplir les objectifs, vous disposerez de renforts, d’effets magiques dévastateurs et bien d’autres choses qui peuvent renverser le cours de la bataille. Ce n’est pas toujours simple à achever, mais ça vaut toujours le coup de l’effort. Attention toutefois car sur le terrain, votre adversaire tente lui aussi de mener à bien une opération secrète. Vous disposez alors d’un temps limité pour mettre fin à ses agissements, tout en étant contraint malgré tout de tenir comme il faut l’attaque ou la défense. Bref, Dynasty Warriors 9 Empires aime mettre la pression.
Vous vous demandez à ce stade ce qui peut bien clocher avec le jeu d’Omega Force, le récit ayant été jusqu’ici plutôt positif. Puisque nous sommes sur le terrain, continuons d’en parler. Dynasty Warriors 9 Empires propose des missions qui sont pour l’essentiel absolument toutes les mêmes. Un château, des points stratégiques à attaquer ou défendre : la carte est contenue, tout se concentre sur des configurations quasiment identiques à chaque fois, ce qui créé inévitablement une certaine répétitivité. Les plans secrets apportent certes un peu de piment, mais on finit par accomplir là aussi les mêmes choses pour les lancer ou les contrecarrer. L’absence de véritable scénarisation propre aux épisodes Empires fait que l’on a rapidement l’impression de toujours mener la même bataille.
La nature environnante change un petit peu selon la région où se déroule le conflit, mais il est difficile de s’en émouvoir car Dynasty Warriors 9 Empires est d’une étonnante laideur. Vraiment, c’est surprenant quand on a joué entre Dynasty Warriors 9 et cet épisode Empires à des jeux comme Samurai Warriors 5 ou Warriors Orochi 4. Ce ne sont pas des foudres de guerre, ils ne sont d’ailleurs même pas optimisés Xbox Series ou Xbox One X ; mais on ne se souvient pas avoir assisté à quelque chose d’aussi bancal. En mode dit « cinématique » (4K, 30 ips) c’est baveux, peu détaillé, grossier ; en mode « performances » (1080p, 60 ips) c’est à peine plus moche mais ça a le bon goût d’être globalement fluide. Le choix est donc vite vu mais le résultat est dans tous les cas très décevant, sauvé des limbes par des personnages principaux bien modélisés. Les rares cut-scenes n’inspirent rien de fou et le plus ennuyeux reste tout de même l’apparition des soldats en retard : comme lorsque l’on voulait faire apparaitre de nouvelles choses à l’écran dans GTA sur PS2, on retrouve ici la magie de la caméra que l’on tourne pour que la magie opère. En 2022, sur Xbox Series X, ça fait un choc.
On pourrait s’affranchir de la piètre prestation technique de Dynasty Warriors 9 Empires s’il ne nous infligeait pas deux autres choses pénibles. D’une part les coups qui manquent grandement d’impact, de punch ; d’autre part, dans un registre tout autre, ces innombrables écrans de chargement qui ponctuent chaque décision politique, chaque arrivée d’une cut-scene potentiellement immonde, chaque chose qui est faite en dehors des phases de combat. Cela ne dure qu’une poignée de secondes, mais c’est déjà trop. Deux écrans de chargement pour nous permettre seulement de cliquer sur une action politique dans un menu fixe, sur fond fixe… 2022, Xbox Series X, le choc (bis). En résumé, la formule hybride globalement valable sur le fond est largement ébranlée par une réalisation ratée. Terminons tout de même sur un point positif : les textes sont en français (voix en japonais) et la playlist est de grande qualité, comprenant entre autres quelques grands morceaux de précédents épisodes. « Crush’em all » issu de Dynasty Warriors 7 fait toujours son petit effet, quel dommage que l’on ne retrouve pas un tel entrain sur le terrain !
+
- Casting immense
- Outil de personnalisation bien fourni
- Fonctionnalités de gestion simples mais intéressantes…
- … Avec un véritable impact sur la progression
- Bande-son excellente
- Des batailles plaisantes les premiers temps…
-
- … Mais qui se ressemblent beaucoup trop !
- La répétitivité ne tarde pas
- Trop d’écrans de chargement
- Un petit manque de punch dans les combats
- Techniquement d’un autre âge