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Ghostwire: Tokyo

Survival Horror | Edité par Bethesda Softworks | Développé par Tango Gameworks

8/10
One : 12 avril 2023 Series X/S : 12 avril 2023
11.04.2023 à 16h01 par - Rédacteur en Chef

Test : Ghostwire: Tokyo sur Xbox Series X|S

Yokaï, yokaï masqué ohé ohé

Il aura donc fallu attendre un tout petit peu plus d'un an pour enfin mettre la main sur Ghostwire Tokyo, un titre développé par Tango Gameworks. Depuis sa sortie sur PlayStation 5, le studio japonais - qui appartient désormais à Microsoft - s'est même payé le luxe de sortir Hi-Fi Rush en exclusivité sur Xbox. Avec deux titres du même studio en trois mois, on pourrait crier à l'overdose. Au contraire, on en redemande !

Sans trahir son titre, Ghostwire Tokyo nous entraine au cœur de la capitale japonaise. On y fait rapidement la connaissance d’Akito, un jeune homme qui souhaite rendre visite à sa sœur hospitalisée au Shibuya Central, avant que son trajet ne soit interrompu par un accident de la route. Notre héros à l’agonie, un esprit errant décide alors de prendre possession de son corps en pensant que celui-ci est mort. Deux esprits se retrouvent ainsi à cohabiter dans un seul corps, tandis qu’un épais brouillard fait disparaitre les enveloppes corporelles des habitants de la ville.

Le ton est clairement donné, avec une ambiance finalement très différente de la franchise The Evil Within, la série qui a fait connaitre le studio japonais Tango Gameworks. Malgré un côté inquiétant, on ne peut pas vraiment dire que cette troisième production soit totalement portée vers une ambiance horrifique. Plutôt que de miser sur du glauque et du gore, Ghostwire Tokyo fait le choix de piocher toutes ses références dans la culture et le folklore japonais. Un choix qui s’avère convaincant avec une utilisation du lore ultra maitrisée de bout en bout, pour une aventure qui ravira à coup sûr ceux qui s’intéressent un minimum aux légendes nippones.

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Pour nous embarquer dans son univers, le titre de Tango Gameworks nous met donc dans la peau d’Akito, littéralement. Le jeu prend des airs de jeu de shoot à la première personne, mais pas de façon conventionnelle puisque l’arsenal du héros est totalement dépourvu d’armes à feu. A la place, il faut compter sur les capacités de KK, l’esprit qui a choisi de prendre possession de son corps, et capable d’utiliser des pouvoirs magiques élémentaires. Ainsi, l’utilisation du vent permet de tirer des projectiles rapides mais peu efficaces, tout le contraire des boules de feu, tandis que l’eau envoie une lame horizontale capable de toucher plusieurs ennemis d’un seul coup, mais uniquement à courte distance. On y ajoute un arc magique, absolument destructeur mais aux munitions très limitées, pour obtenir un arsenal finalement très complet pour des combats d’une grande intensité lorsque l’essentiel des compétences est débloqué.

Un constat qui contraste un peu avec les premières heures de jeu. L’apprentissage apparaît un peu douloureux pour le joueur au départ, avec une panoplie de coups très limitée et une ergonomie qui demande un petit temps d’adaptation pour être totalement maitrisée. La science du timing et la précision s’acquierent sur le tas, envoyant régulièrement le joueur vers des morts un peu frustrantes. Mais à mesure que l’on débloque de nouvelles capacités, par le biais du scénario ou via un arbre de compétences plutôt bien fourni, Akito gagne en fluidité d’exécution et devient capable de se défaire de ses ennemis avec classe et efficacité. Le bestiaire, appelé ici «Les Visiteurs», présente suffisamment de diversité pour que le joueur puisse adopter la bonne méthode d’élimination et ainsi supprimer de petites hordes pouvant aller de cinq à six ennemis. Un dash pour esquiver et un bouclier magique capable d’effectuer des parades parfaites viennent compléter les possibilités, pour des combats finalement très agréables à jouer passé le premier chapitre.

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D’autant que l’affrontement direct n’est pas la seule option à envisager. Les développeurs de Tango Gameworks ont en effet beaucoup miser sur l’infiltration. Akito peut s’accroupir et prendre ses ennemis à revers pour les éliminer d’un seul coup. Un véritable atout, surtout dans les modes de difficultés les plus élevés, Ghostwire Tokyo proposant quatre modes pour laisser un minimum de joueurs de côté. Les rues de la capitale nippones deviennent alors un lieu stratégique pour avancer, grâce à la capacité de repérer vos adversaires à distance, des munitions magiques et d’autres éléments bien utiles. Parcourir les toits est également un moyen d’éviter des attroupements ennemis, au risque de rencontrer des créatures volantes pas forcément plus faciles à vaincre. La verticalité offerte par le jeu est intéressante, avec la possibilité d’utiliser les escaliers de certains immeubles ou d’agripper un Tengu pour éviter de devoir monter douze étages à pied. Une capacité permet également à Akito de planer un court instant afin de passer de toit en toit, et ainsi assurer une continuité dans ses déplacements à plusieurs mètres au dessus du sol.

Concrètement, et de manière générale, parcourir Tokyo est un vrai plaisir. Même si elle n’adopte pas tout à fait la typologie original de la capitale japonaise, la map en reprend les lieux iconiques allant de la Tour de Tokyo au carrefour de Shibuya, sans oublier la partie plus traditionnelle avec de nombreux temples et portails torii disséminés à travers la ville. On y retrouve de grands axes routiers, mais également les toutes petites ruelles, les cimetières, les parcs et quelques appartements typiques à visiter. L’ambiance que le studio Tango Gameworks est parvenu à insuffler dans Ghostwire Tokyo est sans doute sa principale force. La nuit éternelle imposée par l’épais brouillard qui englobe la ville permet finalement d’en prendre plein les yeux quand il s’agit de contempler les jeux de lumière offerts par les enseignes des magasins et la magie utilisée par Akito. Des couleurs vives qui n’empêchent pas de ressentir un peu de tension, renforcée par l’apparition d’ennemis de plus en plus puissants à mesure que l’on progresse.

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Et pour profiter pleinement de cette atmosphère réussie, il est impératif de se tourner vers les nombreuses quêtes annexes proposées. C’est par ce biais que le jeu livre l’entièreté de ses références au folklore japonais, notamment par le biais de ses yokai, de petites créatures magiques qui font partie intégrante de la mythologie locale. D’autres histoires mystiques sont à suivre, sur les thèmes du suicide collectif ou des fleurs de cerisiers par exemple. Autant de petits scenarii intéressants, capables d’apporter une bonne profondeur à l’ensemble. On regrette toutefois que certaines tâches soient un peu répétitives, comme la nécessité de récupérer les âmes (plus de 500 !) à l’aide de katashiro, ces petites poupées de papier à vider ensuite dans une cabine téléphonique. Par moment, la structure du jeu rappelle celles des jeux Ubisoft, avec la nécessité de purifier des portails torii pour dévoiler une nouvelle partie de la carte. Une bonne idée sur le papier mais qui peut également paraître un peu répétitive après plusieurs heures de jeu.

De son côté, la quête principale est intéressante à suivre et offre quelques phases de jeu en décalage avec le reste pour apporter un peu de diversité à l’ensemble. La relation entre KK et Akito évolue également au fil du temps et évite surtout un sentiment de solitude qui aurait pu peser, les humains étant quasiment absents du tableau. Au travers des six chapitres proposés, les boss participent à apporter un peu de fraîcheur, dans des séquences parfois assez longues et qui obligent à se goinfrer de plats typiques pour faire remonter sa barre de vie. Particulièrement efficace, la connexion entre KK et Akito est une arme de destruction massive capable de multiplier les dégâts et d’infliger une lourde défaite à un ennemi particulièrement résistant. La frustration reste ainsi minime, à condition de bien gérer son inventaire et ses atouts. A noter que la sortie de Ghostwire Tokyo sur Xbox marque également l’arrivée d’un mode de jeu inédit intitulé «Le Fil de l’Araignée». A débloquer à la fin du Chapitre 2, celui-ci reprend le principe du Dungeon-RPG avec une trentaine d’étages, à la difficulté progressive, à parcourir pour détruire les intentions malveillantes de Tsuchigumo, un yokaï à huit pattes. De quoi prolonger la durée de vie du jeu de base, d’une dizaine d’heures en ligne droite, et bien plus en prenant le temps de faire toutes les quêtes annexes.

Du temps, il en faut un petit peu pour trouver le compromis idéal en termes de rendu à l’écran. Le mode Qualité propose un framerate pas franchement adapté à ce type de jeu, tandis que le mode Performance abandonne le Ray-Tracing pour des reflets pas franchement convaincant. Un mode alternatif utilisant la technologie VRR (Variable Refresh Rate) aurait pu faire figure d’alternative crédible s’il n’avait pas été plombé par un tearing omniprésent. C’est dommage, d’autant que la direction artistique est admirable, autant sur le plan sonore que sur la partie graphique, avec des décors très bien réalisés et l’envie de découvrir un Tokyo comme on ne l’a jamais vu auparavant dans un jeu vidéo.

8/10
Ghostwire: Tokyo c'est avant tout une plongée passionnante dans le folklore japonais. Même si on peut lui faire quelques reproches du côté de son gameplay, surtout sur les premières heures, et un petit côté répétitif, l'aventure proposée par Tango Gameworks est à dérouler avec plaisir, d'autant plus pour ceux qui ont quelques accointances avec la culture nippone. Le duo emmené par Akito et KK fonctionne plutôt bien, tandis que l'atmosphère générale parvient à créer quelques moments de tension sans tomber dans des ficelles horrifiques faciles.

+

  • Ville très agréable à parcourir
  • Mythe des yokaïs traité avec justesse
  • Phases d'infiltration très réussies
  • Gameplay qui gagne en profondeur
  • Verticalité appréciable
  • Relation entre KK et Akito intéressante
  • Direction artistique de qualité
  • Beaucoup de contenu annexe

-

    • Combats un peu poussifs au début
    • Joli sans être réellement éblouissant
    • Quelques activités répétitives
    • Pas de 4K / 60fps sans un tearing abominable